Les services de contrôle de l’Office des changes ont intensifié leurs investigations concernant des opérations massives de trafic de capitaux vers l’étranger, notamment en direction de pays européens. Cette affaire impliquerait des présidents de collectivités locales et des élus, dont certains détiennent une double nationalité, selon des informations exclusives de sources bien informées.
Les investigations en cours se concentrent sur le traçage de transferts de sommes colossales, effectués sous le couvert du financement de biens immobiliers pour des enfants étudiant à l’étranger. Les suspects auraient exploité les facilités offertes par la réglementation des changes.
Des sources de Hespress ont indiqué que la cellule de veille et d’analyse des risques a fourni aux contrôleurs d’Office des changes des Changes — surnommés les « gendarmes du change » — des informations précises impliquant des élus dans des filières de « changeurs » non réglementés et de trafiquants de capitaux. Il a été établi que les suspects avaient blanchi d’importantes sommes d’argent après avoir cédé des propriétés résidentielles et commerciales qu’ils détenaient.
Les recherches mettent en lumière le cas d’un président de collectivité territoriale dans une préfecture de la région Casablanca-Settat, détenteur d’une nationalité européenne. L’intéressé a vendu des dizaines d’entrepôts (« hankarates ») et d’appartements, avant que les produits de ces ventes ne disparaissent de ses comptes bancaires et de ceux de son épouse.
L’échange électronique de données avec l’Agence Nationale de la Conservation Foncière, la Direction Générale des Impôts, Bank Al-Maghrib et les centres d’enregistrement a permis aux contrôleurs fiscaux de retracer le parcours des fonds issus de ces transactions via les canaux bancaires, avant leur disparition soudaine.
La majorité de ces opérations ont été réalisées entre la fin de l’année dernière et le début de l’année en cours, coïncidant avec des vagues de suspension de présidents de collectivités et l’intensification des visites de commissions d’inspection de l’Inspection Générale de l’Administration du Territoire.
Les investigations se sont étendues à des transferts suspects effectués par des élus de collectivités relevant des préfectures de Nouaceur et Mohammédia. Ces transferts, justifiés comme couvrant des frais de scolarité et de vie pour des enfants ou des voyages de soins et de tourisme pour des conjoints et proches, font l’objet d’un examen approfondi concernant les déclarations douanières associées.
Les sources confirment que certains élus visés par l’enquête ont déjà été suspendus par la justice administrative, tandis que d’autres attendent la visite de commissions d’inspection du Ministère de l’Intérieur, suite à leur implication dans des dysfonctionnements — certains faisant actuellement l’objet de plaintes examinées par le Parquet.
Selon ces mêmes sources, plusieurs suspects — principalement des binationaux résidant de manière irrégulière à l’étranger — n’ont pas déclaré leurs avoirs durant la période de régularisation exceptionnelle pour les « biens et actifs détenus à l’étranger », qui a pris fin le 31 décembre dernier.
Cette situation intervient alors que l’Office des changes des Changes a mis en œuvre une nouvelle circulaire (1/2025) en janvier dernier, visant à simplifier et encadrer les procédures de change pour les dépenses liées aux études à l’étranger des étudiants marocains, des Marocains Résidant à l’Étranger (MRE) et des étrangers d’origine marocaine. Cette circulaire fixe des plafonds de dépenses et impose une déclaration systématique via les canaux officiels.
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