Pour la première fois dans la région MENA et en Afrique, un prêt indexé sur la durabilité est accordé à un opérateur public de l’énergie. L’Office national de l’électricité et de l’eau potable (ONEE) en est le bénéficiaire, grâce à un financement de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement.
Dans une avancée majeure en faveur de la transition énergétique, la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD) vient d’accorder un prêt de 300 millions d’euros à l’Office national de l’électricité et de l’eau potable (ONEE). Un financement qui marque une première dans le secteur de l’énergie en Afrique et au Moyen-Orient : il s’agit d’un prêt indexé sur la durabilité (« sustainability-linked loan »), un mécanisme qui lie directement les conditions du crédit à l’atteinte d’objectifs environnementaux. Il est assorti d’une subvention additionnelle de 4 millions d’euros, destinée à refinancer une partie de la dette à court terme de l’ONEE – Branche Électricité.
Le Maroc, résolument engagé vers une économie décarbonée, ambitionne de porter la part des énergies renouvelables à 52 % de sa capacité installée d’ici 2030. Cette enveloppe permettra à l’ONEE de renforcer sa résilience financière, face aux tensions induites par la crise énergétique mondiale, tout en accélérant sa transition écologique.
Ce prêt innovant repose sur deux indicateurs de performance clés : la réduction de l’intensité carbone de l’électricité produite et l’augmentation de la part des énergies renouvelables dans le mix énergétique national. Ces objectifs, appelés Sustainable Performance Targets (SPTs), s’inscrivent dans la droite ligne des engagements du Royaume dans le cadre de sa Contribution déterminée au niveau national (CDN), récemment révisée. Une évaluation indépendante a d’ailleurs qualifié le projet d’« ambitieux », et confirmé sa conformité avec les principes internationaux en matière de prêts liés au développement durable.
À moyen terme, l’ONEE s’engage également à retirer certaines capacités thermiques à fortes émissions, contribuant ainsi à l’objectif national de neutralité carbone à l’horizon 2050, tel que réaffirmé lors de la COP28.
Outre le soutien financier, la BERD accompagnera l’ONEE dans l’élaboration d’une stratégie de décarbonation, le renforcement de sa gouvernance climatique, ainsi que dans la digitalisation de ses activités à travers une feuille de route dédiée. L’objectif : optimiser la gestion du réseau, faciliter l’intégration des énergies renouvelables et prendre en compte l’intensité carbone du dispatch électrique.
Ce partenariat vient confirmer le rôle pionnier du Maroc en matière d’action climatique. Depuis plus d’une décennie, la BERD s’illustre comme l’un des principaux bailleurs de fonds des technologies vertes dans le pays, en particulier dans le secteur privé.
Pour le vice-président de la BERD chargé des politiques et des partenariats, Mark Bowman, ce prêt historique est « la preuve que la finance innovante peut produire un impact réel ». Il ajoute : « l’appui de la BERD, en étroite coordination avec le gouvernement marocain, permet à l’ONEE d’accélérer sa trajectoire de décarbonation et de digitalisation, tout en renforçant sa résilience face aux chocs énergétiques ».
Le directeur général de l’ONEE, Tarik Hamane, salue quant à lui un partenariat stratégique. « Sous l’impulsion de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, le Maroc est reconnu comme l’un des pays les plus ambitieux de la région en matière d’énergies renouvelables. Nous sommes fiers que l’ONEE joue un rôle central dans cette dynamique. Ce nouveau financement renforce notre mission de bâtir un système électrique durable, résilient et bas carbone », a-t-il affirmé.
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