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La crise syrienne a impacté de plein fouet la scène politique française. La chute de Bachar el Assad a permis de mettre en lumière les partis et les responsables politiques qui ont exprimé leur soutien au régime syrien alors qu’il était au summum de sa sanglante dictature.
Il est apparu que les deux extrêmes de la politique française, l’icône de l’extrême droite Marine Le Pen et le chef de la France insoumise Jean-Luc Mélenchon, se livraient non seulement à un panégyrique du régime syrien, mais introduisaient leurs audiences dans une forme de déni total de la dangerosité de ce régime à l’égard de sa population.
Ainsi, pour l’opposition à ces extrêmes qui pèsent lourdement sur la scène politique française, l’occasion était opportune pour dénoncer leur complaisance avec les dictatures et leur cécité politique et diplomatique. Et pendant que la dynamique était à l’œuvre pour former un nouveau gouvernement, ces deux personnalités ont été sous le feu des critiques quant à leurs coupables amitiés syriennes.
De l’autre côté, cette brutale chute de Bachar el-Assad a remis au centre des préoccupations françaises et européennes la question migratoire, sur deux niveaux d’analyse. Le premier est la tentation générale d’arrêter de traiter les dossiers d’asile réservés aux citoyens syriens, puisque la raison principale de leur présence sur le territoire européen, la dictature sanguinaire de Bachar el-Assad, est tombée. D’ailleurs, à l’occasion de cette chute, le dossier migratoire, déjà inflammable en temps normal, est devenu un enjeu politique extrêmement radioactif.
Le second est l’obsession, jamais éteinte, de la résurgence du terrorisme, à partir du moment où les prisons syriennes ont été libérées et que des groupes radicaux ont actuellement pignon sur rue en Syrie. Les souffrances dues au terrorisme proche-oriental sont encore vives dans les mémoires françaises et européennes.
Cette double préoccupation impose aux Européens une nouvelle attitude à l’égard de la Syrie, qui soit à la fois homogène et déterminée. La réflexion commune de lever le statut de groupe terroriste de Hayat Tahrir al-Cham (HTC), le groupe de Joulani, le nouvel homme fort de Damas, fait partie de ces nombreuses cartes de pression que les pays de l’UE peuvent utiliser pour faire pression sur la nouvelle gouvernance syrienne. D’ailleurs, dans la majorité de leurs réactions, les Européens mettent une conditionnalité ferme, sans laquelle aucune normalisation ne pourrait être envisagée. Ce qui s’apparente évidemment à la carotte tendue vers les nouveaux maîtres de Damas.
Aujourd’hui, la chute de Bachar el-Assad semble avoir pris de court toutes les capitales européennes. Paris, Berlin et Bruxelles ont été surpris par la rapidité des événements. L’un des défis majeurs qui s’impose à l’Europe aujourd’hui est de produire une vision commune de ce qu’il faut faire pour accompagner ce tournant syrien. Une réunion des ministres des Affaires étrangères de l’UE, dédiée exclusivement à la Syrie, est programmée lundi prochain à Bruxelles.
Il s’agit de penser une position diplomatique commune à l’égard du nouveau pouvoir à Damas, de produire une politique commune de traitement de la crise migratoire, avec des enjeux présents et à venir, et de réactualiser la politique européenne de lutte contre le terrorisme à la lumière de la possible résurgence des organisations comme Daesh ou Al-Qaïda.
À l’image de nombreux pays, l’Europe est dans l’obligation de repenser sa politique à l’égard des crises du Proche-Orient, en prenant en considération que des groupes islamistes connus pour leur radicalité sont sur le point d’accéder au pouvoir à Damas.
C’est cette crainte qui empêche de nombreuses capitales d’exprimer leur totale satisfaction de la chute du régime de Bachar el-Assad. Certes, l’Union européenne est dans un état d’esprit de soulagement qu’un dictateur sanguinaire ait pu quitter le pouvoir en fuyant son pays et en demandant protection et asile en Russie.
Mais il n’en demeure pas moins l’existence de cette grande angoisse de voir la transition syrienne prendre le chemin de l’Irak, qui avait enfanté Daesh, l’expérience de l’Afghanistan, qui avait vu le triomphe des talibans, ou le récent modèle libyen, qui s’est transformé en théâtre d’opérations et de bras de fer entre de multiples États aux agendas politiques totalement antagonistes.
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