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En une rare intervention humanitaire sur fond de tensions diplomatiques, la Croix-Rouge internationale s’est mobilisée pour venir en aide aux Marocains retenus dans les prisons en Algérie. Ce lundi, Alger a annoncé, de manière lacunaire, la libération d’un groupe de détenus marocains, une initiative longtemps attendue par leurs familles et soutenue par l’Association marocaine d’aide aux migrants en situation difficile.
Selon des sources présentes à la frontière marocco-algérienne, la libération de ces détenus intervient dans un contexte marqué par une absence totale de transparence. L’Algérie n’a pas précisé le nombre exact de personnes concernées, se contentant d’annoncer qu’il s’agit de Marocains ayant purgé leur peine. Cette opacité alimente les inquiétudes des familles et des organisations humanitaires, qui réclament depuis longtemps un traitement digne et respectueux des droits humains pour ces prisonniers.
Les autorités algériennes procèdent régulièrement à l’expulsion d’anciens détenus, notamment originaires de Tlemcen, en les conduisant jusqu’à la frontière avec Oujda. Toutefois, ces réouvertures temporaires de la frontière restent rares, la plus récente ayant eu lieu en mai dernier.
Cependant, une question intrigue : pourquoi la Croix-Rouge internationale et non le Croissant-Rouge algérien n’a-t-elle été appelée à jouer un rôle clé dans ce dossier ? Ce choix souligne, peut-être involontairement, le manque de confiance des parties concernées dans les mécanismes locaux et met en lumière un problème plus large de crédibilité institutionnelle.
L’Association marocaine d’aide aux migrants, très impliquée dans ce dossier, a indiqué que ces détenus, pour la plupart des travailleurs manuels, ont été condamnés pour des accusations graves telles que la traite des êtres humains, le blanchiment d’argent, et l’immigration clandestine. Cependant, elle pointe du doigt des procès inéquitables, où les droits de la défense sont systématiquement bafoués. L’intervention de la Croix-Rouge semble ainsi être une reconnaissance implicite de l’ampleur des violations commises.
Les témoignages recueillis par l’association mettent en lumière des conditions de détention qu’elle qualifie d’inhumaines. Les détenus marocains souffrent d’un manque cruel de soins médicaux, d’une privation de communication avec leurs familles et d’un traitement souvent humiliant. Ces violations des droits fondamentaux s’accompagnent d’un climat de méfiance généralisée envers ces migrants, présentés comme des « criminels » plutôt que des victimes de réseaux de trafic.
Hassan Amari, président de l’association, a dénoncé les refus récurrents des autorités algériennes d’accorder des amnisties, y compris lors d’occasions symboliques telles que la commémoration de l’indépendance algérienne. Pire encore, des peines sévères ont été récemment infligées à plusieurs jeunes Marocains, allant jusqu’à quatre ans de prison pour des délits mineurs, dans des procès qualifiés d’injustes.
Ces condamnations posent la question de leur pertinence : si ces détenus ont véritablement purgé leurs peines comme l’affirment les autorités algériennes, pourquoi attendre pour les libérer et pourquoi maintenir un flou sur leurs conditions de détention jusqu’au dernier moment ? Ces ambiguïtés jettent une ombre sur les intentions réelles de ce geste.
La récente intervention de la Croix-Rouge internationale marque un tournant. En réponse aux demandes insistantes de l’association marocaine, l’organisation humanitaire a annoncé une visite imminente dans plusieurs centres de détention en Algérie. Cette mission vise à évaluer les conditions de détention et à s’assurer que les droits des prisonniers soient respectés.
Pour les familles des détenus, cette intervention est porteuse d’un mince espoir. Aussi, insiste-t-on sur l’importance de maintenir une pression internationale pour garantir la libération des Marocains encore emprisonnés. Il est rappelé que 450 dossiers restent ouverts, incluant des cas de disparitions inquiétantes et même de décès en détention, pour lesquels l’Algérie refuse de restituer les dépouilles.
Le rôle de la Croix-Rouge, bien que salutaire, soulève une autre interrogation : son intervention est-elle simplement symbolique, ou peut-elle réellement influencer les pratiques des autorités algériennes dans un pays où les droits humains sont souvent relégués au second plan ?
Depuis des années, les familles des détenus vivent un calvaire émotionnel. Elles dénoncent non seulement l’absence d’informations fiables, mais également le mépris des autorités algériennes pour les démarches entreprises. Malgré tout, elles gardent espoir qu’un jour, leurs proches soient libérés.
La Croix Rouge rappelle que la plupart de ces détenus ne cherchaient qu’à subvenir aux besoins de leurs familles, avant de tomber dans les griffes de réseaux criminels transnationaux. L’Organisation appelle à une coopération sincère entre les deux pays pour résoudre cette crise humanitaire, soulignant les liens historiques et culturels qui unissent les peuples marocain et algérien.
Face à l’inertie des autorités algériennes, l’Association marocaine d’aide aux migrants envisage de porter l’affaire devant des institutions internationales en 2024. Plusieurs organisations de défense des droits humains se sont d’ores et déjà engagées à soutenir cette démarche. Cette mobilisation vise à mettre fin à la souffrance des détenus et à garantir que de telles injustices ne se reproduisent plus.
L’intervention de la Croix-Rouge pourrait marquer un premier pas vers une résolution de cette crise humanitaire. Cependant, pour qu’elle aboutisse pleinement, il faudra une volonté politique forte et un engagement continu de la communauté internationale. Et, surtout, un changement fondamental de la part des autorités algériennes pour dépasser la logique du déni et embrasser celle de la transparence et de la justice.
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