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Neuf ans après la liquidation judiciaire de la Société marocaine de raffinage (SAMIR), le sort de l’unique raffinerie du pays demeure incertain. Le 21 mars 2016, le tribunal de commerce de Casablanca prononçait la mise en liquidation de cette entreprise stratégique, scellant ainsi son arrêt de production et marquant le début d’une crise aux répercussions économiques et sociales majeures.
El Houssine El Yamani, secrétaire général du Front National pour la Sauvegarde de la SAMIR, a dénoncé dans une réaction dont Hespress FR détient une copie, la gestion du dossier et alerté sur les pertes colossales engendrées par l’inaction des gouvernements successifs. Entre flambée des prix des carburants, dépendance accrue aux importations et destruction d’emplois, le Maroc continue de subir les conséquences de la fermeture de sa seule infrastructure de raffinage.
La SAMIR est née dans le contexte du Maroc post-indépendance, son installation en 1961 sous le gouvernement Abdallah Ibrahim répondait à une nécessité impérieuse : garantir la souveraineté énergétique du pays. Cette raffinerie, située à Mohammedia, a ainsi accompagné le développement économique du Maroc pendant plusieurs décennies, jusqu’à ce que les choix politiques et économiques viennent progressivement fragiliser sa viabilité.
En 1997, sous le gouvernement Abdellatif Filali, la SAMIR est privatisée et cédée au groupe Corral Holdings, appartenant à l’homme d’affaires saoudien Mohammed Al Amoudi. Cette privatisation, censée insuffler une nouvelle dynamique à l’entreprise, a, au contraire, ouvert la voie à une gestion opaque et à un endettement massif.
La situation s’aggrave à partir des années 2010, avec un manque d’investissement et une accumulation de dettes auprès des fournisseurs et de l’État. En 2015, la société est déclarée insolvable, incapable de régler une ardoise fiscale et douanière estimée à 13 milliards de dirhams. Le 21 mars 2016, la justice marocaine prononce la liquidation judiciaire de la SAMIR, mettant un terme à ses activités et laissant plus de 800 employés directs et plusieurs milliers d’emplois indirects dans l’incertitude.
Depuis la fermeture de la raffinerie, le Maroc a basculé dans une dépendance totale aux importations de produits raffinés, principalement en provenance d’Europe et du Moyen-Orient. Cette dépendance s’est aggravée avec la libéralisation des prix des hydrocarbures en 2015, initiée par le gouvernement Abdelilah Benkirane. Si cette mesure visait à supprimer les subventions publiques et à encourager la concurrence, elle a, dans les faits, entraîné une hausse continue des prix des carburants, favorisant les marges des grands distributeurs au détriment du pouvoir d’achat des citoyens.
« Pendant ces neuf années, le Maroc a perdu en souveraineté énergétique, en emplois, en devises et en stabilité des prix« , déplore El Houssine El Yamani. « Les Marocains subissent directement les conséquences de cette situation, avec un coût de la vie qui ne cesse d’augmenter, notamment à cause du renchérissement des prix des carburants. »
Aujourd’hui, le gouvernement d’Aziz Akhannouch se retrouve face à un choix crucial : relancer la SAMIR ou enterrer définitivement l’espoir d’une reprise du raffinage national.
Les partisans de la relance, regroupés au sein du Front National pour la Sauvegarde de la SAMIR, plaident pour une solution permettant à l’État ou à un investisseur stratégique de reprendre la raffinerie afin de réduire la dépendance énergétique du pays et de stabiliser le marché des hydrocarbures. Pour eux, les obstacles juridiques qui empêchaient toute intervention publique ont été levés, rendant possible une action politique forte.
El Yamani appelle ainsi le gouvernement à choisir entre l’intérêt général du pays et celui des grands distributeurs de carburants.”Si la volonté politique est là, il est encore possible de sauver la SAMIR et de lui redonner son rôle dans l’économie nationale”, conclut-il.
En décembre dernier, un épisode a enrichi le litige complexe entre le Maroc et le groupe suédois Corral. Le Centre international pour le règlement des différends relatifs aux investissements (CIRDI), basé à Washington, a décidé de suspendre temporairement l’exécution de la sentence arbitrale qui condamnait le Royaume à verser 150 millions de dollars à l’actionnaire majoritaire de la SAMIR, soit moins de 6% du montant initialement réclamé.
Cette décision a été perçue comme une semi-victoire pour le Maroc, qui a échappé à une indemnisation beaucoup plus lourde. Le groupe accusait l’État marocain de multiples violations du traité bilatéral d’investissement, incluant des actions présumées d’entrave et d’expropriation de la raffinerie de Mohammedia. À la suite de la sentence, les deux parties avaient la possibilité de demander des ajustements techniques ou des décisions supplémentaires dans un délai de 45 jours.
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