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La Tunisie aurait décidé de rouvrir le dossier de la délimitation des frontières avec la Libye, un sujet qui empoisonne les relations entre les deux pays. Cette révélation intervient alors que quelques mois auparavant la Tunisie et la Libye s’affichaient aux côtés de l’Algérie dans le projet algérien d’un Maghreb sans le Maroc.
Des déclarations imputées au ministre tunisien de la Défense, Khaled Sehili, lors d’une séance d’audition au sein du parlement, citées par des médias tunisiens, ont suscité l’inquiétude en Libye en raison de la sensibilité du sujet des frontières.
Le ministre aurait affirmé l’engagement de la Tunisie à « protéger sa souveraineté et à ne céder aucun centimètre de son territoire », et a annoncé la formation d’une commission pour délimiter les frontières entre les deux pays.
Le ministère des Affaires étrangères du gouvernement libyen de l’Ouest, dirigé par Abdelhamid Dbeibah, a aussitôt réagi en soutenant que le dossier de la délimitation des frontières tuniso-libyennes a été totalement clos depuis plus d’une décennie et qu’il n’est pas sujet à discussion ni à révision.
Le Conseil des députés de l’Est libyen a également rejeté l’idée de rouvrir ce dossier. Talal Al Mihoub, président de la Commission de la sécurité nationale au sein du Conseil, a qualifié les propos du ministre tunisien de « irresponsables », tout en précisant que le Conseil des députés allait aborder ce sujet lors de sa prochaine session.
La diplomatie tunisienne a rapidement cherché à désamorcer la situation en affirmant, par le biais de son ambassadeur en Libye, Al Asad Al Ajili, en soulignant que les déclarations imputées au ministre n’étaient pas correctes.
Cette crise réveille de vieux démons et des dossiers en suspens entre les deux voisins. Certains observateurs voient, en cette démonstration tunisienne, un reflet de la réalité de la fragilité des relations entre les différents pays du Maghreb et une tentative de profiter de l’instabilité politique en Libye.
Pourtant, quelques mois auparavant, la Tunisie, la Libye et l’Algérie s’affichaient côte à côte dans cette idée de « nouveau bloc maghrébin » qui devait réunir les pays du Maghreb, mais sans le principal « Maghreb », à savoir le Maroc.
La tentative signée par l’Algérie qui se voulait comme un contrepied à l’Union du Maghreb Uni (UMA), comme pour bâtir une nouvelle alliance (dont le but final aurait été d’inclure la prétendue « rasd » au sein des réunions, NDLR) en excluant le Maroc, a été un projet mort-né.
Le président algérien, Abdelmadjid Tebboune avait vite tenté de désamorcer la situation en affirmant qu’il n’avait pas le projet d’aller contre l’UMA. Mais force est de constater que la Libye a aussitôt envoyé une lettre au Roi Mohammed VI pour lui signifier la solidité des relations bilatérales.
La Mauritanie qui a compris le jeu algérien et le lien clair avec le conflit du Sahara a simplement refusé de prendre part à cette initiative. Seule la Tunisie, devenue un Etat vassal, au service de l’agenda algérien, a suivi la lubie d’Abdelmadjid Tebboune sans sourciller.
Le différend tuniso-libyen au sujet de la question frontalière révèle l’existence d’une réelle crise sous-jacente entre les deux pays, et des dossiers qui n’ont pas encore été résolus. Soulever la question de la frontière avec la Libye en ce moment semble être une tentative d’exploiter la situation politique interne pour créer des tensions et s’enfoncer vers l’appropriation des terres ou ressources.
Le président tunisien avait déjà soulevé la question de la délimitation des frontières, en particulier maritimes, avec la Libye, mais il se heurte un refus catégorique de la part du pays voisin. La Tunisie qui a été amputée d’une partie de son territoire pour construire l’Algérie française (comme l’a été le Maroc) n’a pas réclamé ses droits sur ses territoires spoliés comme elle l’a fait pour la Libye.
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