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En pleine réforme, la couverture médicale au Maroc suscite des inquiétudes, surtout dans le secteur privé où plusieurs professionnels réclament une “stagnation” et une “injustice flagrante”. Dans une réaction émise par El Houssine El Yamani, membre du conseil national de la confédération démocratique du travail (CDT), fait part de l’indignation des salariés et annonce les actions à venir.
Coup dur pour les efforts gouvernementaux qui scande à chaque reprise “l’état social”. Dans une réaction exclusive envoyée à Hespress FR, El Houssine El Yamani s’interroge : pourquoi les salariés du secteur privé sont-ils exclus de l’amélioration des services de couverture médicale obligatoire et de la fin des indemnisations dérisoires ?
Face à des remboursements jugés “insuffisants” des frais de soins de santé (inférieurs à 30 % des dépenses engagées) et à l’augmentation des réserves du Fonds de garantie sociale, chargé de la couverture médicale obligatoire des salariés du secteur privé, qui avoisinent 50 milliards de dirhams, et après un plaidoyer acharné des représentants des salariés ainsi que l’approbation des représentants des employeurs et des autorités gouvernementales, le conseil d’administration de la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) a adopté, lors de sa session du 17 juillet 2019, la décision 2019/21 visant à améliorer la couverture santé des salariés du secteur privé. Cependant, la réalité est loin d’assouvir les demandes.
La révision du tarif national de référence (TNR) des actes médicaux, en vigueur depuis l’entrée en application de la couverture santé obligatoire en 2005 n’a pas pu attiser le feu des revendications. Ce tarif est rejeté par l’ensemble des professionnels du secteur privé, qui imposent aux patients de payer des suppléments en dehors des factures officielles, alimentant ainsi le marché noir.
De plus, l’indemnisation à hauteur de 100 % des dispositifs médicaux et prothèses, ainsi que des équipements médicaux divers, le remboursement des médicaments génériques à hauteur de 90 %, l’augmentation du remboursement des soins ambulatoires et hospitaliers à 80 %, ainsi que l’amélioration des remboursements pour les lunettes et les soins dentaires. Cette réforme devait entrer en vigueur dès le 1er janvier 2020, financée par l’excédent financier du fonds, sans augmentation des cotisations.
Pourtant, cette décision essentielle pour l’amélioration de la couverture santé obligatoire est restée en suspens et n’a jamais été mise en œuvre, bien que cette suspension soit contraire à la loi régissant la sécurité sociale. Le blocage est dû au refus du gouvernement d’appliquer cette réforme, et ce malgré le transfert de la tutelle du ministère du Travail au ministère des Finances et de l’Économie sous le gouvernement actuel.
Dans sa réaction, El Yamani soulève d’autres dysfonctionnements : parmi les justifications avancées par la ministre des Finances et de l’Économie pour ne pas appliquer cette décision figure l’incapacité de la Caisse nationale des organismes de prévoyance sociale (CNOPS) à revaloriser le tarif national de référence des actes médicaux, en raison de déséquilibres financiers qui, selon elle, s’aggraveraient avec cette mesure.
Avec la généralisation de la couverture médicale obligatoire à l’ensemble des citoyens, salariés et non salariés, la décision de fusionner la CNOPS avec la CNSS, et les promesses de maintien des droits acquis, une inquiétude demeure : la CNOPS est connue pour sa générosité en matière de remboursement, contrairement à la CNSS.
cette situation soulève plusieurs questions dont El Yamani fait état: les principaux bénéficiaires de la généralisation de la couverture médicale obligatoire ne sont-ils pas avant tout les acteurs du secteur de la santé, notamment les laboratoires pharmaceutiques, les cliniques privées et les sociétés de distribution de médicaments, qui prolifèrent dans chaque ville et quartier, et qui reçoivent plus de 90 % des remboursements des caisses d’assurance maladie ?
Pourquoi le gouvernement bloque-t-il depuis mi-2019 la décision du conseil d’administration de la CNSS visant à améliorer les indemnisations des soins médicaux, alors même que le pouvoir d’achat des travailleurs est déjà écrasé par l’inflation et la flambée des prix ? Pourquoi cette persistance des inégalités entre le secteur public et le secteur privé, alors que le gouvernement a promis d’unifier les régimes et de garantir les droits acquis pour tous ?
Comment peut-on harmoniser le panier de soins et les taux de remboursement entre les différents régimes intégrés à la CNSS, alors que le fonds dédié aux salariés du secteur privé est excédentaire, tandis que ceux des fonctionnaires et des non-salariés sont déficitaires ? De plus, l’État finance également le fonds d’aide aux personnes démunies (ex-RAMED).
Y a-t-il un projet ou une volonté de ponctionner les 50 milliards de dirhams d’excédents du fonds des salariés du secteur privé, comme cela a été fait avec 1,4 milliard de dirhams pour financer les coûts de vaccination contre le Covid-19 ? Ce serait une manière déguisée de faire des salariés du secteur privé la principale source de financement de la politique sociale du gouvernement, au détriment de leurs droits acquis après des années de contribution à la création de richesse au Maroc.
Pour El Yamani, ces questions profondes et urgentes exigent des réponses claires et crédibles de la part des autorités. Il est impératif de garantir un accès équitable aux soins de santé pour tous, conformément aux principes de la Constitution, sans transformer la santé des citoyens en un secteur lucratif pour les entreprises privées, à l’image du marché des carburants. Cela est d’autant plus crucial que le gouvernement peine à améliorer la qualité des services médicaux dans les hôpitaux publics et à assurer aux citoyens une part équitable des remboursements du système national de couverture médicale.
The post Laissés pour compte, les salariés du secteur privé rouvrent le débat sur a couverture médicale appeared first on Hespress Français - Actualités du Maroc.