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En 2024, la France a effectué un changement de position historique concernant le Sahara marocain. Elle a reconnu que le sérieux, la crédibilité et le pragmatisme de la position marocaine, à savoir le plan d’autonomie proposé par le Roi en 2007, est la seule et unique solution crédible à la fois d’un point de vue historique mais également juridique et géopolitique, pour sortir définitivement du conflit artificiel concernant les Provinces du Sud. Si cette position nouvelle et la visite effectuée par le président Macron ont marqué l’année diplomatique, attardons-nous néanmoins sur les succès obtenus par le Royaume, tout au long de l’année qui s’achève, en Amérique latine.
Le développement et des relations bilatérales et multilatérales et le processus de consolidation des relations avec les parlements d’Amérique latine est un choix stratégique pour le Maroc, dans le cadre de la coopération Sud-Sud. Le Royaume a deux objectifs en Amérique latine:
– une diversification de ses partenaires économiques, afin de renforcer sa position de porte d’entrée pour le marché africain
– des soutiens supplémentaires au plan d’autonomie des Provinces du Sud.
Le port de Dakhla est l’un des projets structurants permettant de conjuguer ces deux objectifs et de donner au Maroc un statut géopolitique et un rôle géoéconomique. Dans le cadre l’Initiative Royale visant à faciliter l’accès des pays du Sahel à l’Océan Atlantique, le port de Dakhla permettra d’ériger cette façade du Royaume en plateforme de connexion logistique entre le Maroc, l’Afrique et l’Amérique latine, afin de développer les échanges commerciaux et de consolider les mécanismes d’investissements, dans le cadre d’une coopération Sud-Sud ambitieuse et fondée sur des projets concrets comme l’a toujours promu le Roi.
Une analyse fine, en ayant une approche spécifique par ensemble sous régionaux latino-américains et par pays, oblige donc de sortir de cette vision de l’Amérique Latine comme étant un ensemble cohérent. Chaque pays latino-américain élabore sa propre politique étrangère en fonction de ses intérêts nationaux, que ce soit par rapport au Royaume ou par rapport aux adversaires de l’intégrité territoriale marocaine. Cette diversité rend difficile l’élaboration d’une vision globale cohérente pour l’ensemble de la région.
Le ministre des Relations Extérieures chilien, Alberto Van Klaveren Stork, a affirmé le soutien constant de son pays « au processus mené par les Nations Unies dans le cadre de l’initiative présentée par le Maroc aux Nations Unies en avril 2007 ». Au Paraguay, les deux Chambres du Congrès National ont exprimé, fin 2024, un soutien clair au plan d’autonomie marocain comme seule base de règlement et d’autre part en demandant à leur gouvernement d’adopter une position similaire.
Le changement de position de l’Équateur est très positif, car sa position de soutien aux séparatistes remontait à 1983. Ce revirement témoigne donc d’une volonté forte du président Noboa d’ouvrir une nouvelle page avec le Royaume et de lancer une nouvelle dynamique et de se détacher des considérations idéologiques, liées à un contexte de Guerre froide. Même chose concernant le Panama, qui soutenait les séparatistes depuis 1978, et qui cette année a décidé de retirer sa reconnaissance de la pseudo « RASD ».
Continuons à parler de l’Amérique centrale. Le passage du Parlement marocain du statut de « membre observateur permanent », octroyé en 2014, à celui de « partenaire avancé », voté à l’unanimité par les membres du FOPREL, est une avancée significative pour le Royaume, qui est tout sauf symbolique. Elle assure aux élus du Royaume une présence permanente au sein du Forum afin de faire avancer la question du Sahara, en s’appuyant sur les élus panaméens et salvadoriens, et les projets de co-développement économique et commercial Sud-Sud par le biais de la diplomatie parlementaire. Ce nouveau statut pourrait bien entendu renforcer la position du Maroc au sein des instances internationales concernant le Sahara car il lui donne une opportunité supplémentaire pour faire avancer ses arguments historiques, politiques et juridiques dans une région qui connaît peu et mal ce conflit artificiel et dans laquelle une certaine idéologie a cherché à lui nuire depuis bientôt 50 ans.
Enfin, analysons l’approfondissement des relations entre Rabat et Brasilia. La coopération entre le Maroc et le Brésil en matière de défense remonte à 2019, mais la coopération s’est accélérée en 2024, notamment avec la volonté du Maroc de créer des zones dédiées à l’industrie de la défense et d’aller vers une sorte d’autonomie dans ce domaine. Ce projet stratégique très ambitieux est porté par le Souverain. Le Brésil est l’un des pays partenaires qui peut apporter au Maroc sa contribution à la réalisation de cette stratégie de marche vers l’autonomie en matière d’industrie de défense, notamment en ce qui concerne le transfert de technologies. En effet, ce pays est le leader régional car il accapare à lui seul 40 % de total des investissements dans le domaine de la défense en Amérique latine.
Le Brésil est également un partenaire économique de plus en plus important au regard de la stratégie atlantique du Royaume, véritable levier additionnel pour les relations entre les deux pays dans les décennies à venir. Tanger-Med et Dakhla-Atlantique sont deux plateformes logistiques incontournables pour la stratégie brésilienne en matière de commerce international. Les deux pays peuvent jouer un rôle clé en s’alliant sur la question centrale pour le Monde de la sécurité alimentaire (fertilisants marocains et productivité agricole brésilienne). Sans oublier, le projet de traité de libre-échange entre le Royaume et le MERCOSUR, dont le Brésil est le leader. Les États-Unis au nord de l’Atlantique, sont le grand partenaire du Maroc, et au sud, il y a évidemment le Brésil, qui n’a jamais reconnu la pseudo RASD.
En prenant en compte ces différents éléments, le Royaume a un intérêt certain à continuer à approfonfir ses relations avec les pays latino-américains. De plus, le Maroc, depuis 2024, est un candidat de premier ordre pour un siège permanent, au nom de l’Afrique, au sein du Conseil de sécurité de l’Onu. Le Royaume chérifien, sous le leadership du Roi, réunit les critères de par sa stabilité, sa politique étrangère ambitieuse et son rôle historique de pont entre l’Afrique et l’Europe, et de plus en plus entre l’Afrique et l’Amérique latine. Il est le seul à réunir ses avantages stratégiques, fruit de son Histoire, sa géographie et sa politique étrangère originale et ambitieuse.
*Professeur d’Études Stratégiques au National Defence College des Émirats Arabes Unis
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