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Les ministres du nouveau gouvernement français ont pris leurs fonctions mardi, mais déjà le parti socialiste n’exclut pas de le censurer rapidement au nom d’une trop grande « dépendance » à l’extrême droite.
« Je suis persuadé que l’action que je défini devant vous et l’équipe gouvernementale fera que nous ne serons pas censurés », a déclaré lundi soir le Premier ministre centriste de 73 ans, François Bayrou, quelques heures après l’annonce de la composition de son gouvernement.
Il est le quatrième Premier ministre en 2024. Son précédent a tenu trois mois, une instabilité inédite en France depuis des décennies.
« Aucune des conditions du pacte de non censure n’a été respectée » dans la composition du nouveau gouvernement, a néanmoins répliqué mardi le chef du Parti socialiste (gauche), Olivier Faure, qui a précisé que son groupe pourrait voter la censure dès la déclaration de politique générale du Premier ministre le 14 janvier.
Les deux ex-Premiers ministres Elisabeth Borne, nommée à l’Éducation, et Manuel Valls, aux Outre-mer, sont particulièrement scrutés tout comme un autre revenant, Gérald Darmanin, qui occupera le portefeuille de la Justice.
Darmanin a promis de travailler « main dans la main » avec le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau, l’un des 19 ministres du gouvernement Barnier reconduit. Il s’est engagé à faire du narco-banditisme et du trafic de drogue sa « priorité absolue ».
De son côté, Borne, qui a quitté le poste de Premier ministre en début d’année, s’est dite « lucide ». « Je suis la sixième ministre à être nommée en un peu plus de deux ans et demi (à l’Education) et je mesure les difficultés et les attentes de la communauté éducative », a-t-elle souligné, insistant sur l’importance de « donner un coup d’arrêt à la montée des incivilités, des insultes, voire des violences » et aux « atteintes à la laïcité dans nos écoles ».
Le nouveau ministre de l’Economie, Eric Lombard, ancien directeur de l’institution financière publique Caisse des dépôts et consignations, a pour sa part immédiatement appelé à « traiter notre mal endémique, le déficit ».
Ce sera le premier défi de l’équipe Bayrou : faire passer un budget pour 2025 à l’Assemblée nationale, où les députés de gauche et d’extrême droite ont renversé le 4 décembre son prédécesseur Michel Barnier.
Bayrou s’est dit sensible au « signal d’alerte » inédit lancé d’une même voix, la semaine dernière, par les trois organisations patronales et quatre des cinq syndicats représentatifs sur les risques économiques et sociaux que l’« instabilité a générés ».
Parmi les « Himalayas » auxquels il dit devoir se confronter, figurent la dette, qui a atteint fin septembre 113,7% du PIB soit 3,303 milliards d’euros, et le déficit public.
Celui-ci a plongé à 6,1% du PIB cette année. Michel Barnier espérait le ramener à 5% fin 2025.
François Bayrou estime que la présence de poids lourds dans son équipe le protège, faute d’avoir ouvert davantage son gouvernement vers la gauche.
Il s’attend, après sa déclaration de politique générale, à ce qu’une motion de censure soit déposée, comme le parti de gauche radicale La France insoumise (LFI) en a l’intention.
Le parti d’extrême droite Rassemblement national (RN), groupe le plus nombreux à l’Assemblée, a fait savoir qu’il ne censurerait pas, a priori, le nouvel exécutif.
La rumeur, démentie par Bayrou, bruisse d’un échange téléphonique entre le Premier ministre et la cheffe de file de l’extrême droite française Marine Le Pen dans les derniers réglages de la composition du gouvernement.
De fait, le patron du parti socialiste a condamné lundi un gouvernement de « droite extrême » en forme de « provocation ».
Le Pen a de son côté assuré mardi que les Français amèneraient « bientôt, très bientôt, au pire dans quelques mois » à choisir « une nouvelle voie ».
Et le président de son parti Jordan Bardella n’a pas mâché ses mots contre la liste gouvernementale : « Heureusement que le ridicule ne tue pas » car « François Bayrou a réuni la coalition de l’échec ».
Du côté du parti de droite Les Républicains (LR), qui demeure au gouvernement, Laurent Wauquiez a évoqué un soutien « très exigeant » à François Bayrou qui pourrait être « retraité » en fonction du cap affiché.
L’équipe gouvernementale compte 35 membres, moins que celle de Michel Barnier (42), avec une quasi-parité (18 femmes, 17 hommes). Le premier conseil des ministres est prévu le 3 janvier.
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