Le paysage économique du Maroc se redresse, porté par une reprise significative de la consommation de ciment, prévue à 7% annuels entre 2024 et 2026. Ce revirement marque un tournant décisif après une décennie de contraction de 1,7%, selon le dernier rapport d’Attijari Global Research (AGR). 

L’étude « Research Report Equity » met en exergue les motifs de cette croissance optimiste, notamment l’engagement gouvernemental dans le lancement de projets d’infrastructures d’envergure qui devraient catalyser l’activité sectorielle.

« Au-delà du démarrage de grands projets d’infrastructures, notre scénario est soutenu par la reprise du segment de l’autoconstruction après plusieurs années d’atonie dues à la succession d’années de sécheresse », explique le centre de recherche d’Attijari.

En effet, la consommation de ciment, baromètre de la santé du secteur du bâtiment et des travaux publics, a déjà enregistré une hausse de 8,2% sur les dix premiers mois de 2024, contrastant avec des performances mitigées de 1,1% et 0,2% lors des deux semestres précédents.

Cette dynamique positive est également reflétée dans les recommandations du centre de recherche aux investisseurs qui, désireux de capitaliser sur ce regain d’activité, se voient incités à acquérir des actions de la société « CIMAR » (Ciment du Maroc) à 2.200 dirhams, en hausse significative par rapport aux 1.800 dirhams recommandés précédemment. Cette stratégie d’investissement repose sur une prévision d’augmentation de 21% de la valeur de l’action d’ici le 12 novembre 2024.

Parallèlement, CIMAR a annoncé un tournant stratégique avec l’acquisition de 62,62% du capital de « Asment Témara », une opération jugée d’une portée économique majeure pour les investisseurs et la consolidation du marché.

« Sur le plan opérationnel, cette acquisition offre à CIMAR des opportunités intéressantes en termes d’optimisation des coûts, notamment au niveau organisationnel, logistique et de la stratégie de décarbonation. Ainsi, nous prévoyons un gain d’au moins +2 pts sur la marge d’EBITDA du Groupe à horizon 2026 », estime la même source.

Cependant, il convient de nuancer cette expansion par les défis que rencontre le secteur des exportations. Une chute significative des exportations de clinker a été enregistré selon les indicateurs de l’Office des Changes, les exportations de ce constituant du ciment du Maroc auraient diminué de 63% au premier semestre 2024 en raison de l’abondante offre en provenance de la Turquie et de l’Egypte.

Sur un autre front, on remarque une mélioration notable des marges grâce à la réduction des coûts énergétiques. Au cours du premier semestre 2024, l’EBITDA de CIMAR a atteint 816 millions de dirhams, enregistrant un déclin moins marqué que celui du chiffre d’affaires, fixé à -2,2%. Dans ce contexte, la marge EBITDA a progressé de 2,2 points, s’élevant à 40,8%, contre 38,6% l’année précédente.

Cette évolution favorable est principalement attribuable à la baisse significative des prix internationaux du « coke de ciment », qui ont chuté de près de 31%, passant de 162 dollars le tonne au premier semestre 2023 à 111 dollars le tonne au premier semestre 2024. Il est important de souligner que le « coke de ciment » demeure l’intrant principal dans le processus de production de ciment.

Selon le rapport, CIMAR a réalisé au premier semestre 2024 un résultat net global de 433 millions de dirhams, légèrement en baisse par rapport aux 438 millions de dirhams enregistrés durant la même période l’année précédente, représentant ainsi une diminution de 1,2%. Cette baisse est principalement due à une augmentation du fardeau fiscal, qui a grimpé de 180 millions de dirhams en 2023 à 204 millions de dirhams en 2024, soit une hausse de 13%.

Malgré cela, les perspectives pour l’exercice 2024 restent optimistes, avec des attentes d’augmentation des résultats de l’entreprise. Cette confiance repose sur deux facteurs clés, notamment le démarrage de plusieurs projets d’infrastructure en préparation de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) 2025 et de la Coupe du Monde 2030, ainsi que la relance du secteur immobilier, soutenue par le programme d’aide au logement.

De plus, les récentes précipitations laissent entrevoir une année agricole favorable, ce qui devrait stimuler le segment de l’autoconstruction après plusieurs années de ralentissement liées à la sécheresse.

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