Le Maroc poursuit sa montée en puissance sur le marché européen du maïs doux. Pour la deuxième année consécutive, les exportations marocaines vers l’Allemagne progressent fortement, confirmant un mouvement de fond qui rebat les cartes dans un segment longtemps dominé par l’Espagne.
Le Maroc continue de pousser ses pions sur la scène agroalimentaire européenne. Selon les données du Global Trade Tracker et de l’Office fédéral de la statistique allemand, relayées par la plateforme spécialisée EastFruit, les exportations marocaines de maïs doux vers l’Allemagne ont dépassé les 2.000 tonnes sur les neuf premiers mois de 2025, générant 3,83 millions de dollars de recettes. Ce résultat, déjà supérieur de 18% au record de l’an dernier, confirme l’ascension spectaculaire du Royaume sur un marché particulièrement concurrentiel.
Il s’agit d’une trajectoire à contre-courant. Après une première percée en 2012 (267 tonnes), les ventes se sont progressivement amplifiées pour franchir le cap des 1.500 tonnes en 2020, puis ont reculé entre 2021 et 2023. Le redressement amorcé l’an dernier s’est transformé en accélération en 2025. Les volumes exportés sont désormais quasiment multipliés par deux en deux ans, signe d’un repositionnement réussi de l’offre marocaine.
Longtemps reléguée au rang de quatrième marché d’exportation derrière le Royaume-Uni, l’Espagne et les Pays-Bas, l’Allemagne semble sur le point de changer de catégorie. Sur les neuf premiers mois de 2025, le pays dépasse désormais les Pays-Bas de près de 500 tonnes et pourrait intégralement se hisser dans le top 3 des destinations mondiales du maïs doux marocain.
En outre, la part de marché du maïs marocain en Allemagne explose. Alors qu’il représentait 12% des importations du pays en 2023, il en concentre 22% en 2024, puis dépasse désormais le seuil des 30%. A titre de comparaison, l’Espagne, historiquement premier fournisseur, recule fortement, de 65% du marché en 2020, sa part est tombée à 43%. Les Pays-Bas et la France restent des acteurs importants, mais la dynamique marocaine devient de plus en plus visible.
La montée en puissance du Maroc ne tient pas qu’aux volumes. Elle repose également sur la fenêtre commerciale offerte par la saisonnalité. Les exportations atteignent leur pic en avril-mai, période où elles captent jusqu’à 60% des importations allemandes. L’année dernière a été marquée par des expéditions provenant d’une deuxième récolte automnale, en octobre et décembre. Si le scénario se répète en 2025, le Royaume pourrait signer un nouveau record de fin d’année, selon EastFruit.
Cette flexibilité, permise par la diversification des zones de production et l’amélioration des chaînes logistiques agro-export, est l’un des arguments qui séduisent les importateurs allemands. En franchissant pour la première fois en 2024 le cap des 20.000 tonnes de maïs doux exportées, le Maroc montre qu’il ne s’agit plus d’un marché de niche mais bien d’une filière à forte valeur ajoutée, portée par des gains de productivité, des investissements privés et une meilleure synchronisation avec la demande européenne.
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