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Alors que le Maroc déploie des efforts significatifs pour embrasser la transition énergétique, le spectre du changement climatique plane, menaçant l’économie et la vie de millions de Marocains, notamment les plus vulnérables. Avec des enjeux qui touchent jusqu’à 30 % de la population dépendant de l’agriculture, le Royaume doit conjuguer ses efforts d’adaptation avec une gouvernance efficace et inclusive.
Un récent rapport de la Fondation Carnegie pour la Paix Internationale (Carnegie Endowment for International Peace) a mis en lumière les défis climatiques que le Maroc doit relever sur son chemin vers une transition verte ambitieuse.
Selon le document, le Royaume a su se positionner comme un pionnier dans le soutien des énergies renouvelables, profitant de ses ressources naturelles, notamment des vitesses de vent compétitives et d’un ensoleillement abondant. Cependant, cette promesse verte s’accompagne de défis économiques exacerbés par une dépendance persistante aux combustibles fossiles, aggravée par le conflit russo-ukrainien.
En dépit d’un bon classement dans certains indices de préparation climatique, les lacunes en matière de politique agricole et de gestion des ressources en eau menacent la résilience du pays, a indiqué la même source. Environ 93% de ses terres sont considérées comme arides ou semi-arides, et les sécheresses récurrentes compromettent sérieusement la sécurité alimentaire, en particulier pour les populations rurales.
Avec un stress hydrique parmi les plus élevés au monde, le Maroc utilise entre 40% et 80% de son eau disponible, dont 80% provient de réservoirs de surface. Ce recours à l’eau, couplé à des pratiques agricoles non durables, souligne l’absence d’une gouvernance efficace, ont précisé les chercheurs de la Fondation. De plus, les réformes nécessaires se heurtent au poids d’un héritage colonial qui a longtemps favorisé des pratiques intensives en eau, orientant l’irrigation vers de grandes cultures telles que les agrumes et les pastèques. Ces cultures, bien qu’économiquement rentables, nécessitent jusqu’à cinq fois plus d’eau que ce que les pluies peuvent fournir.
Par ailleurs, les témoignages d’agriculteurs recueillis par les auteurs du rapport révèlent l’urgence de cette situation. De nombreux producteurs du sud, confrontés à des conditions climatiques de plus en plus hostiles, ont dû détruire leurs vergers d’agrumes. Parallèlement, les exploitations laitières, qui demandent d’énormes quantités d’eau, sentent la pression s’accentuer au fil des crises. Aucun secteur ne peut ignorer le fait que même si l’agriculture représente 10% du PIB, elle englobe environ 30% de la main-d’œuvre, souvent dans des exploitations familiales de petite taille.
D’un autre côté, le rapport a fait savoir que les disparités d’accès à l’eau se sont aggravées au fil des années, renforcées par des politiques à court terme favorisant les élites proches du pouvoir. Malgré la construction de plus de 100 barrages depuis l’indépendance, l’accès à l’eau reste inégal et les grands exploitants continuent de bénéficier des ressources à des dépens des communautés vulnérables. Avec un accès à l’eau potable légèrement amélioré, la disponibilité d’eau par habitant a chuté, passant de 2.560 mètres cubes dans les années 1960 à seulement 606 mètres cubes aujourd’hui.
Il a également noté que les mesures de conservation mises en place restent inefficaces face aux inégalités enracinées, et l’on observe une augmentation du nombre de puits non autorisés, estimés à environ 90%. Cette surexploitation des aquifères a conduit à une situation alarmante, où le manque de solutions viables compromet l’avenir de l’agriculture au Maroc.
En outre, les réformes récentes, telles que la loi 83.21 sur la privatisation de l’eau adoptée en 2023, suscitent des critiques quant à leur transparence, a poursuivi la même source. La transformation de l’eau, un bien commun, en produit marchand pose un risque majeur pour des communautés déjà fragilisées par des inégalités persistantes. La résistance populaire se manifeste à travers des mouvements de protestation, illustrant le mécontentement face à une gestion jugée opaque et inadéquate.
De surcroît, le climat ne fait pas que fragiliser l’économie, il impacte également le tissu social. Les sécheresses prolongées ont contraint de nombreuses familles à abandonner leur mode de vie traditionnel. L’éducation des enfants est compromise, et la pression psychologique sur les agriculteurs se traduit par des taux de divorce en hausse, exacerbés par la crise économique. Les implications environnementales entraînent également des problèmes de santé, rendant ces communautés plus vulnérables aux épidémies.
Face à cette multitude de défis, des solutions émergent, mais nécessitent une coopération renforcée et une gouvernance inclusive dans la gestion de l’eau et de l’agriculture. Les initiateurs de changements positifs commencent à s’organiser. Dans plusieurs régions, des agriculteurs adoptent des pratiques agricoles plus durables, intégrant des méthodes qui respectent l’équilibre écologique. En même temps, des mouvements de la société civile réclament une plus grande participation des communautés locales dans les processus de décision liés à la gestion des ressources naturelles.
Pour les chercheurs de la Fondation, un aspect fondamental de cette transition consiste à redéfinir les priorités agricoles. Les experts indiquent la nécessité de diversifier les cultures, en s’éloignant des exploitations intensives d’eau pour privilégier des cultures moins consommatrices en eau, adaptées aux conditions climatiques du pays. Une revalorisation de la gestion des ressources hydriques est également cruciale. L’implémentation d’une régulation solide sur l’irrigation et des pratiques de conservation de l’eau est impérative pour garantir un accès équitable aux ressources. Il est essentiel aussi de relier ces efforts à un cadre de financement durable.
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