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Le ciel du nord du Maroc se pare de gris ce week-end, une teinte annonciatrice de précipitations faibles et sporadiques. Les montagnes du Haut et Moyen Atlas s’apprêtent à recevoir quelques flocons, à plus de 1800 mètres d’altitude. Pourtant, ce spectacle hivernal, aussi poétique soit-il, ne suffira guère à renverser la tendance d’une sécheresse persistante qui, année après année, continue de rogner les espoirs agricoles du Royaume.
Selon les prévisions de la direction générale de la météorologie, un « Cut-Off Low », système atmosphérique froid et instable, apportera des pluies légères dans le nord-ouest, accompagnées d’un froid mordant dans les hauteurs et l’intérieur des terres. Les températures chuteront considérablement, laissant place à des paysages gelés, mais à des sols toujours assoiffés. Les amateurs de neige trouveront leur bonheur dans les montagnes, tandis que les agriculteurs, eux, devront encore compter sur les importations pour compenser des récoltes céréalières largement sacrifiées.
La situation des barrages, indicateur clé de la santé hydrique nationale, demeure préoccupante malgré quelques améliorations ponctuelles. Selon les derniers chiffres publiés par le ministère de l’Équipement et de l’Eau, le taux global de remplissage des barrages atteint péniblement 28,66 %, une légère progression par rapport aux 23,53 % de l’année précédente, mais un recul notable par rapport aux niveaux enregistrés il y a quelques mois.
Les barrages du bassin de Guir-Ziz-Ghris affichent un taux honorable de 56 %, tandis que ceux du Tensift témoignent d’une amélioration timide, avec 45 %. Cependant, des bassins stratégiques tels que Bouregreg-Chaouia ou le Loukkos oscillent de 36 à 46 %, bien en deçà des besoins structurels pour répondre à la demande agricole et domestique.
Ces données traduisent un paradoxe inquiétant : alors que les épisodes de précipitations se multiplient, leur impact sur les ressources en eau semble s’essouffler, pris en étau entre des infrastructures limitées et une exploitation accrue des ressources souterraines.
Les répercussions de cette crise hydrique dépassent largement le cadre agricole. Le spectre de l’inflation alimentaire se profile déjà, alimenté par des récoltes locales en berne et une dépendance accrue aux importations, notamment de céréales. Par ailleurs, le développement rural se trouve entravé par des ressources en eau insuffisantes, compliquant l’accès à des besoins essentiels dans des régions déjà vulnérables.
La pluie se fait timide et que la neige blanchit les sommets avec parcimonie, la sécheresse qui sévit au Maroc depuis plusieurs années soulève des questions bien plus complexes qu’une simple carence de précipitations. La réponse des autorités marocaines reste axée sur des mesures structurelles, comme la construction de nouveaux barrages et le recours au dessalement de l’eau de mer. Pourtant, ces initiatives tardent à produire des effets tangibles, laissant la population face à une crise chronique.
Les pressions climatiques, exacerbées par le réchauffement global, transforment peu à peu les régions fertiles du Royaume en zones semi-arides. Or, cette mutation dépasse largement les prévisions. Là où des épisodes de sécheresse ponctuelle pouvaient jadis être amortis par des infrastructures hydrauliques adaptées, la persistance de ces phénomènes met désormais en lumière l’obsolescence de ces dispositifs, initialement conçus pour un Maroc où la pluie abondait encore.
Cependant, il serait réducteur de limiter cette crise à un simple problème d’infrastructure. La gestion des ressources en eau, souvent critiquée pour son manque de cohérence, souffre d’une vision éclatée entre les besoins urbains, industriels et agricoles. Des priorités parfois divergentes aggravent une situation déjà tendue, tandis que les exploitants agricoles se retrouvent pris entre des choix stratégiques de monoculture intensive et des exigences de transition écologique de plus en plus pressantes.
La sécheresse ne se contente pas de grignoter les marges des exploitants agricoles. Au-delà de ses effets immédiats sur les récoltes, elle s’inscrit dans une dynamique bien plus large d’impact économique et social. La dépendance croissante du Maroc à l’importation de produits céréaliers fragilise non seulement sa balance commerciale, mais renchérit également les prix sur les marchés locaux.
Dans les campagnes, la rareté de l’eau met à rude épreuve les petits exploitants, qui peinent à maintenir leurs activités. Ces communautés rurales se retrouvent aujourd’hui marginalisées par une crise climatique qu’elles subissent de plein fouet. Le spectre de l’exode rural s’intensifie, accentue les inégalités sociales et alimentant les bidonvilles urbains que l’État n’a de cesse de combattre.
De son côté, l’État semble pris dans une course contre-la-montre. S’il affiche des ambitions pour améliorer la résilience hydrique à travers des projets structurants, tels que les usines de dessalement et la gestion intégrée des ressources, ces efforts peinent encore à rattraper l’urgence.
L’heure est peut-être venue de repenser les politiques hydriques, non plus comme un exercice de réaction à court terme, mais comme une stratégie nationale de transformation. Ce qui pourrait transformer cette crise en opportunité de bâtir un avenir plus durable. Mais, le temps presse, et les nuages, même porteurs d’espoir, ne suffisent pas à effacer les “ombres“ d’une sécheresse qui persiste, implacable.
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