En trois saisons, les importations marocaines de dattes en provenance d’Egypte ont triplé, faisant du Royaume la principale destination des exportateurs égyptiens et redéfinissant les équilibres régionaux du commerce des dattes, dévoile la plateforme spécialisée EastFruit.
Le Maroc s’impose désormais comme un marché stratégique pour la filière des dattes égyptienne. Selon les dernières données du Global Trade Tracker analysées par EastFruit, le Royaume a importé près de 39.100 tonnes de dattes égyptiennes entre octobre 2024 et août 2025, pour une valeur de 47,6 millions de dollars. Un record historique qui place cette saison parmi les plus dynamiques de la décennie.
Ces volumes traduisent une dépendance croissante du Maroc à l’offre égyptienne, qui représente désormais 31% des importations nationales, contre 25% un an plus tôt et à peine 12% en 2021/22. Autrement dit, près d’une datte sur trois consommée au Maroc provient aujourd’hui d’Egypte.
Cette évolution s’explique par plusieurs facteurs. D’abord, une forte saisonnalité des échanges, les ventes égyptiennes débutent en octobre et culminent entre novembre et mars, période cruciale pour les importations marocaines en amont du Ramadan. En février 2025, les arrivages ont atteint un pic de 8.300 tonnes, répondant à une demande intérieure soutenue par la consommation familiale et la grande distribution, explique EastFruit.
Ensuite, la compétitivité prix joue un rôle central. L’Egypte bénéficie d’un coût logistique avantageux et d’une récolte plus précoce que celle de ses concurrents régionaux, ce qui lui permet de dominer le marché entre octobre et décembre avant l’arrivée des dattes algériennes, libyennes et saoudiennes.
Les producteurs marocains locaux, notamment dans les oasis du Sud, peinent à rivaliser avec les volumes importés à bas prix, rappelle la plateforme. Les professionnels craignent que cette forte exposition aux dattes étrangères ne fragilise la filière nationale et n’accentue les déséquilibres du marché.
Pour l’heure, le Maroc est devenu le premier débouché des dattes égyptiennes, captant plus de 40% de leurs exportations mondiales. Une situation qui conforte le Royaume dans son rôle de pôle d’attraction régional pour les produits agricoles, mais qui met aussi en lumière les défis d’une souveraineté alimentaire encore fragile face à des partenaires commerciaux de plus en plus performants.
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