Les Etats-Unis devraient consolider davantage leur partenariat avec le Maroc en vue de relever les défis de sécurité grandissants en Afrique et dans la région MENA, compte tenu de l’influence significative de Rabat sur le continent, indique une récente analyse publiée par la plateforme européenne « Modern Diplomacy ».

Dans une analyse intitulée « Revoir le partenariat entre les Etats-Unis et le Maroc : approche sécuritaire et développement dans la région du Sahel », l’auteur Lhoucine Rhazoui, diplomate de carrière et directeur du Département des Affaires Culturelles au Secrétariat Général de l’Organisation de la Coopération Islamique (OCI), souligne la nécessité pour les États-Unis de rester impliqués dans la quête de solutions durables face aux défis persistants posés par le déficit chronique de sécurité au Sahel.

Il fait savoir que l’administration Trump, bien que focalisée sur les conflits en Ukraine et à Gaza, néglige l’Afrique, souvent vue comme une priorité secondaire. Cependant, la dynamique croissante de ce continent, riche en ressources, impose une réévaluation des stratégies américaines face à la concurrence de la Chine et de la Russie.

La dégradation des relations entre les Etats-Unis et le Sahel, notamment avec le retrait des forces américaines du Niger, souligne cette nécessité. Ce vide a permis à des groupes comme Wagner de renforcer leur présence. Parallèlement, l’Iran cherche à influer sur la situation pour étendre son influence et contourner les sanctions américaines.

Par conséquent, les Etats-Unis doivent impérativement développer des solutions durables et réviser leur approche face à l’instabilité croissante dans la région, en vue de protéger leurs intérêts nationaux, affirme l’auteur, notant qu’une approche pragmatique pour aborder ces nouvelles réalités sur le terrain nécessite d’associer des partenaires fiables, compétents et crédibles, dotés d’une expérience prouvée dans la mise en œuvre de solutions durables aux défis persistants de l’Afrique.

« Le Maroc se distingue comme l’un des plus anciens et des plus fiables alliés des Etats-Unis en Afrique, avec un bilan prouvé en tant que fervent promoteur de sa propre version de la coopération Sud-Sud et fort partisan de l’approche favorisant des solutions africaines aux problèmes africains, fondée sur la conviction que l’Afrique doit avoir confiance en son potentiel pour faire face aux multiples défis entravant son développement, tels que le terrorisme endogène, la traite des êtres humains, les impacts du changement climatique, le déclin de la démocratie, la mauvaise gestion des ressources, la corruption endémique et les tentatives récurrentes d’utiliser la violence pour provoquer un changement politique« , soutient Rhazoui.

Il explique que les récentes discussions entre les responsables marocains et américains lors des réunions de l’Assemblée générale de l’ONU en septembre ont mis en évidence la nécessité de promouvoir la paix à la fois au niveau régional et international, tout en s’attaquant aux causes profondes de l’insécurité et de l’instabilité dans la région du Sahel et sur le continent africain.

Et de poursuivre: « La politique africaine du Maroc capitalise sur un certain nombre d’atouts, dont sa diplomatie publique constamment renouvelée et entreprenante, notamment sa diplomatie religieuse réinventée, visant à approfondir ses liens avec son continent d’appartenance tout en maintenant intactes ses relations stratégiques avec des partenaires clés« .

Par ailleurs, la projection du soft power du Maroc en Afrique prend diverses formes. En plus de ses efforts en matière de développement économique, Rabat offre chaque année des milliers de bourses à des étudiants originaires de plusieurs pays africains et propose des formations militaires et de sécurité à des officiers de nombreuses nations du continent. De plus, des incitations sont accordées au secteur privé pour investir dans des secteurs stratégiques tels que la banque, l’assurance et les télécommunications. Grâce à ces initiatives, le Maroc est devenu le deuxième investisseur sur le continent et le premier en Afrique de l’Ouest.

D’un autre côté, le déploiement de ce soft power vise à promouvoir un islam modéré et une diplomatie religieuse progressive, concentrée sur la lutte contre l’extrémisme et des groupes radicaux tels qu’Al-Qaïda, l’Etat islamique, Boko Haram et Al-Shabaab. Cette initiative ambitionne de délégitimer les mouvements extrémistes exploitant l’islam pour des objectifs politiques, particulièrement au Sahel et dans le Sahara.

Face à ces défis, les stratégies de diplomatie publique du Maroc, notamment économique et religieuse, se révèlent cruciales pour adresser les incertitudes des jeunes africains en période d’instabilité politique et de ralentissement économique. L’augmentation des flux migratoires vers l’Eldorado européen souligne le risque que ces jeunes rejoignent des groupes radicaux en quête de stabilité. Pour les dissuader, il est essentiel de renforcer leurs capacités et de développer des stratégies génératrices de revenus, afin de restaurer leur confiance en un avenir au sein de leurs communautés.

Ainsi, l’administration Trump est encouragée à soutenir l’initiative atlantique du Maroc, qui repose sur des partenariats solides pour la stabilité et la sécurité dans le Sahel. Le Maroc peut offrir son développement des infrastructures et ses liens historiques avec la région. Les Etats-Unis devraient également collaborer pour faciliter le financement et promouvoir l’intégration économique en Afrique, notamment à travers l’Agenda 2063 de l’Union africaine.

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