Une large majorité de Marocains se déclarent favorables à un commerce ouvert avec le reste du monde, selon un récent sondage du réseau panafricain Afrobarometer. Ce soutien populaire conforte l’orientation économique du Royaume, qui a fait de l’ouverture commerciale un levier de croissance et d’attractivité.
L’économie marocaine s’appuie depuis deux décennies sur une stratégie combinant diversification des partenariats, intégration dans les chaînes de valeur mondiales et développement d’industries tournées vers l’exportation. Le dernier sondage Afrobarometer, réalisé en février 2024 auprès de 1.200 citoyens adultes par Global for Survey and Consulting (GSC), montre que cette orientation bénéficie d’un large assentiment dans l’opinion publique.
Près des deux tiers des sondés, soit 65%, considèrent le libre-échange plus avantageux que la protection des producteurs nationaux. En outre, 72% se disent favorables à un commerce ouvert avec l’ensemble des pays, contre 11% qui privilégieraient des échanges limités à l’Afrique et seulement 5% au Maghreb. En revanche, la Zone de Libre-Echange Continentale Africaine (ZLECAf) reste méconnue, seuls 6% des Marocains en ont entendu parler.
Les résultats de l’enquête reflètent les dynamiques commerciales actuelles. L’Union européenne demeure le premier partenaire du Maroc. en 2024, elle concentre 68% des exportations marocaines et fournit 54% des importations, rappelle l’Afrobarometer.
Les Etats-Unis occupent également une place stratégique grâce à l’accord de libre-échange en vigueur depuis 2006. Le Royaume bénéficie ainsi d’un tarif douanier moyen de 10%, contre près de 30% pour ses voisins algérien et tunisien, poursuit la même source. Durant la pandémie de COVID-19, Washington est d’ailleurs cité par 31% des sondés comme le pays ayant le plus soutenu le Maroc, devant la Chine (23%) et l’Europe (20%).
Pour sa part, la Chine s’affirme comme un partenaire de plus en plus incontournable. Ses investissements au Maroc sont estimés à près de 10 milliards de dollars, notamment dans l’automobile et les batteries. Bien que la perception de son influence comme « substantielle » ait diminué de 80% en 2022 à 68% en 2024, la part des Marocains qui en ont une opinion positive est passée de 50% à 60% sur la même période.
Le Maroc, cinquième économie du continent en termes de PIB, intensifie également ses liens avec l’Afrique. Depuis son retour à l’Union africaine en 2017, ses exportations vers le continent ont été multipliées par dix, atteignant plus de 3 milliards de dollars en 2024, tandis que ses investissements y ont généré plus de 2,5 milliards de revenus. Dans ce cadre, 67% des citoyens estiment que l’UA prend en compte les intérêts du Maroc, contre 55% pour l’Union du Maghreb arabe. Par ailleurs, 77% souhaitent que les pays africains disposent d’un poids accru dans les grandes instances internationales, notamment à l’ONU.
Avec l’« Initiative Atlantique » lancée par le Roi Mohammed VI, Rabat cherche désormais à positionner ses ports comme porte d’accès stratégique pour les pays sahéliens, notamment le Mali, le Niger, le Tchad et le Burkina Faso.
L’enquête met également en lumière des appréciations nuancées quant à l’influence des partenaires étrangers. L’Union européenne (69%), l’Union africaine (61%), la Chine (60%), les Etats-Unis (59%) et l’Union du Maghreb arabe (53%) recueillent globalement une image positive auprès des citoyens. En revanche, la France apparaît comme un cas particulier, 45% des Marocains estiment que son influence est négative, contre seulement 32% qui en ont une perception favorable. Par ailleurs, face au conflit en Ukraine, une large majorité, soit 74%, se prononce pour une position de neutralité du Royaume sur la scène internationale.
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