Posted by - support -
on - 4 hours ago -
Filed in - Society -
-
4 Views - 0 Comments - 0 Likes - 0 Reviews
Majorque, ou « Mallorca » pour les initiés et les locaux, est la perle incontestée de l’archipel espagnol des îles Baléares. Cette destination phare de la Méditerranée séduit par son littoral spectaculaire.
On y trouve des criques secrètes, des montagnes calcaires majestueuses, des plages paradisiaques, un soleil éternel et… un vaste réseau d’exploitation de travailleurs marocains.
Et, pendant que les touristes se prélassent sur les plages idylliques de Majorque, à l’abri de ces réalités dérangeantes, dans les coulisses des champs agricoles, des hommes et des femmes sont exploités, réduits au silence par la peur, et manipulés par ceux qui détiennent le pouvoir.
Une triste ironie pour une île qui, vue de loin, respire la liberté et le soleil. Mais, comme on dit, tout ce qui brille n’est pas or, et sous le ciel bleu de Majorque, c’est bien l’ombre de l’exploitation humaine qui plane.
Cette “carte postale espagnole“ qui laisse un goût amer, surtout pour les dizaines de victimes piégées dans cette tragédie moderne, était orchestrée par deux hommes d’affaires espagnols aussi avides que cyniques.
Un scandale, un de plus, qui nous rappelle que, derrière les serres verdoyantes des champs agricoles, se cache une véritable mine d’or bâtie sur le dos de la misère humaine. Un épisode sordide une fois de plus qui nous vient donc de Majorque, où ces deux brillants esprits de l’entrepreneuriat espagnol ont été arrêtés.
Ils sont soupçonnés de trafic d’êtres humains, d’exploitation et d’immigration irrégulière. Rien que ça. Leur modèle économique ? Faire miroiter à des travailleurs marocains des contrats de travail « officiels » pour une “modique somme“ oscillant de 15 000 à 22 000 euros. Bien sûr, une fois la somme payée, ce n’est pas l’Eldorado qui les attendait à l’arrivée, mais un enfer fait d’esclavage moderne et de dettes incommensurables.
Une fois en Espagne, ces travailleurs se retrouvaient pris dans un cycle infernal d’endettement et de travail sous-payé. Toute une stratégie. Les victimes, n’ayant d’autre choix que d’accepter des conditions de travail dégradantes, se retrouvaient piégées.
Ils ne pouvaient même pas se plaindre, car perdre leur emploi signifiait perdre leur permis de séjour, et donc se retrouver dans l’illégalité. Une recette qui aurait même pu séduire Machiavel.
Pendant trois mois, l’unité de police de l’immigration et des frontières des Baléares a remonté le fil de cette affaire, découvrant que les bénéfices de ce juteux business étaient savamment partagés entre les deux hommes d’affaires et un troisième complice, chargé de la « récolte » des travailleurs directement au Maroc. La générosité à l’état pur.
La ruse ne s’arrêtait pas là. En plus d’exploiter leurs ouvriers, ces magnats de l’agriculture proposaient également des contrats de travail fictifs à d’autres migrants, leur promettant une régularisation en Espagne pour la modique somme de 6 000 à 8 000 euros.
Un peu comme une loterie dans laquelle le gagnant obtient… encore plus d’esclavage. Au final, 26 « heureux » migrants ont réussi à obtenir des papiers grâce à cette méthode, mais à quel prix ? Un prix si élevé qu’il les enchaînait à des conditions de travail dignes d’un autre siècle.
Ce scandale n’est pas une simple goutte dans l’océan de la maltraitance des travailleurs agricoles en Espagne. En fait, l’affaire de Majorque n’est qu’une illustration des pratiques largement répandues dans le secteur.
En août dernier, le média el Diario publiait une enquête accablante sur un groupe d’entreprises liées à un certain secrétaire général du parti Vox aux Baléares. Les témoignages décrivaient des journées de travail hallucinantes allant jusqu’à 17 heures, avec des logements insalubres et surpeuplés, où chaque travailleur payait son « loyer » à hauteur de 80 euros par mois.
Un vrai coup de maître pour qui cherche à maximiser les profits en réduisant l’humain à l’état d’outil. Ce qui choque dans cette histoire de Majorque, ce n’est pas seulement l’exploitation en elle-même – bien qu’elle soit révoltante – mais l’organisation méticuleuse de ce réseau, quasi-professionnelle, pour s’assurer que tout tourne rond.
Ce qui aurait pu être une entreprise agricole classique s’est transformée en machine à broyer les vies, avec pour carburant l’avidité et pour moteur l’exploitation sans limite. Alors que les enquêtes continuent et que les autorités promettent (comme toujours) de rendre justice, on se demande combien d’autres réseaux comme celui-ci, à Majorque, existent encore dans l’ombre.
Combien de travailleurs, notamment marocains, continueront de croire au rêve européen, avant de voir leurs espoirs écrasés sous le poids d’un système qui prospère sur leur vulnérabilité ?
The post Majorque : l'exploitation agricole, une industrie fertile en abus appeared first on Hespress Français - Actualités du Maroc.