Le Maroc s’apprête à accueillir, en 2025, trois compétitions internationales majeures : la CAN U17 dès le 30 mars, la CAN féminine à partir du 5 juillet et le Mondial féminin U17 dès le 17 octobre.
Ces événements sportifs, bien que différents dans leur nature et leurs publics cibles, représentent une opportunité historique pour le Royaume de démontrer non seulement ses capacités organisationnelles, mais également l’efficacité et la modernité de ses canaux médiatiques.
La médiatisation de ces compétitions joue un rôle central non seulement pour assurer leur succès local et international, mais aussi pour préparer le terrain à la CAN masculine prévue du 21 décembre 2025 au 18 janvier 2026, un événement d’une envergure encore plus importante qui attirera une audience mondiale.
Dans ce contexte, l’enjeu pour les médias marocains est triple : assurer une couverture professionnelle et immersive, diversifier les plateformes de diffusion pour toucher un public large et multigénérationnel, et renforcer le rayonnement du Maroc comme hub sportif et médiatique en Afrique.
La première priorité réside dans la qualité de la couverture médiatique traditionnelle, principalement assurée par la Société Nationale de Radiodiffusion et de Télévision (SNRT). En tant que diffuseur public de référence, la SNRT porte la responsabilité majeure de proposer une expérience visuelle et narrative optimale. Cela passe par des retransmissions en haute définition, une réalisation dynamique avec des caméras positionnées stratégiquement pour offrir une immersion totale aux téléspectateurs, et une diversification des contenus proposés.
Des reportages réguliers sur la préparation des équipes nationales U17 et féminines, des interviews croisées avec les joueuses, joueurs, entraîneurs et staffs techniques, ainsi que des émissions spéciales autour des enjeux de chaque match, permettraient d’élargir l’audience et d’approfondir l’engagement du public marocain. De plus, la création de contenus en amont des compétitions, tels que des mini-documentaires sur les parcours de jeunes talents ou les défis spécifiques rencontrés par le football féminin, renforcerait l’intérêt et l’attachement des supporters à ces compétitions.
En parallèle, la diversification des canaux de diffusion est une nécessité incontournable pour s’adapter aux nouvelles habitudes de consommation médiatique. Les plateformes numériques telles que YouTube et TikTok jouent aujourd’hui un rôle central, en particulier auprès des jeunes générations. Ces outils permettent une diffusion rapide, interactive et virale des moments clés des compétitions : résumés de matchs, meilleurs buts, interviews exclusives, ou encore coulisses des préparations et des rencontres.
Une stratégie numérique bien pensée permettrait ainsi d’étendre l’audience au-delà des frontières marocaines et de capter l’attention d’un public global, tout en renforçant l’image moderne et dynamique du football marocain. Par ailleurs, ces plateformes offrent une flexibilité précieuse pour le partage de contenus courts et engageants, parfaitement adaptés aux attentes des jeunes utilisateurs marocains et internationaux.
Yassine El Yattioui
L’implication active des médias sociaux permet également de créer un lien émotionnel avec les supporters. Par exemple, des initiatives comme les votes interactifs pour le joueur du match, les sessions de questions-réponses en direct avec les joueuses et les joueurs, ou encore les défis TikTok autour des moments forts des matchs, contribuent à construire une communauté engagée autour de ces compétitions. Ce modèle a déjà prouvé son efficacité dans d’autres événements sportifs internationaux, et son application aux compétitions marocaines pourrait générer un véritable engouement populaire.
La CAN U17, la CAN féminine et le Mondial féminin U17 représentent ainsi une excellente opportunité pour les professionnels marocains des médias d’acquérir une expérience précieuse et de tester leurs capacités avant la grande échéance de la CAN masculine en 2025.
D’un point de vue stratégique, ces compétitions ne sont pas seulement des événements sportifs ; elles constituent également des leviers puissants de diplomatie sportive et de nation branding. En offrant une couverture médiatique exemplaire, le Maroc peut consolider son image de nation capable d’organiser des événements sportifs de classe mondiale et d’en assurer une diffusion médiatique professionnelle. Cette image positive contribue directement à attirer des investisseurs étrangers, à renforcer les partenariats internationaux et à promouvoir le tourisme sportif, un secteur en pleine expansion.
La médiatisation réussie de ces trois compétitions permettrait également au Maroc de se positionner comme un leader africain en matière de gestion des grands événements sportifs, avec des retombées économiques et diplomatiques significatives.
Un autre enjeu majeur est la nécessité de mobiliser l’ensemble de la société marocaine autour de ces événements. La médiatisation ne doit pas se limiter aux aspects purement sportifs, mais inclure des dimensions culturelles, sociales et économiques. Par exemple, des reportages mettant en avant les retombées économiques locales, les histoires inspirantes des jeunes joueuses et joueurs, ou encore les initiatives sociales liées à ces compétitions, peuvent contribuer à sensibiliser le public marocain à l’importance de ces événements au-delà du cadre sportif.
Enfin, l’héritage médiatique de ces compétitions ne doit pas être négligé. Une fois les événements terminés, les archives audiovisuelles, les contenus produits et les expériences accumulées par les professionnels des médias marocains doivent être capitalisés pour servir de référence lors de futurs événements.
Une plateforme numérique dédiée regroupant les meilleurs moments, les analyses et les contenus exclusifs des compétitions pourrait non seulement servir d’outil promotionnel pour le Maroc, mais aussi d’inspiration pour les générations futures de journalistes et techniciens.
La médiatisation de la CAN U17, de la CAN féminine et du Mondial féminin U17 au Maroc en 2025 est bien plus qu’une simple couverture sportive. Elle constitue un véritable projet stratégique qui touche à des enjeux économiques, diplomatiques, culturels et sociaux. Pour réussir ce pari, les médias marocains, et particulièrement la SNRT, doivent relever plusieurs défis : garantir une couverture immersive et qualitative, diversifier les canaux de diffusion pour toucher toutes les générations, valoriser les dimensions humaines et culturelles de ces compétitions, et préparer efficacement leurs équipes aux standards internationaux.
Ces efforts conjoints permettront non seulement de maximiser l’impact médiatique de ces événements, mais aussi de positionner le Maroc comme une référence incontournable dans le domaine du sport et de la communication en Afrique.
*Secrétaire général et chercheur associé à NejMaroc : Centre Marocain de Recherche sur la Globalisation
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