Après plus d’une décennie d’interruption, les ports d’Agadir et de Cadix s’apprêtent à renouer leurs liens commerciaux. Les négociations avancent rapidement, avec une mise en service prévue pour novembre, offrant une alternative stratégique au port d’Algésiras.
La liaison maritime entre le Maroc et Cadix pourrait reprendre d’ici la fin de l’année. Les discussions entre l’Autorité portuaire de la baie de Cadix (APBC), les autorités d’Agadir et leurs représentants économiques semblent avoir franchi une novelle étape, visant à rétablir une route commerciale interrompue depuis onze ans, mais qui, durant plus de deux décennies, avait constitué un axe stratégique pour les échanges entre les deux rives.
Cette ligne, exploitée à l’origine par la compagnie Comanav, reliait Cadix à Casablanca et assurait un trafic régulier de conteneurs et de navires ro-ro transportant textiles, fruits et légumes. Sa suppression, en 2014, faisait suite à la faillite de l’armateur, mettant fin à l’une des connexions les plus prospères du port andalou.
Il convient de préciser que c’est lors d’un sommet tenu à Cadix en avril dernier que le projet a connu un tournant. Des représentants des chambres de commerce, des opérateurs portuaires et maritimes marocains, ainsi que des entrepreneurs des deux pays, se sont rencontrés pour évaluer le potentiel d’une nouvelle ligne. Cinq mois plus tard, les discussions se sont intensifiées et les travaux préparatoires se multiplient, laissant entrevoir une reprise en novembre.
Contrairement à l’ancienne liaison avec Casablanca, le projet actuel vise à relier directement Cadix à Agadir, dans la région marocaine de Souss Massa. Un choix stratégique qui devrait permettre de réduire la pression sur le port d’Algésiras, aujourd’hui saturé, et de limiter le trafic routier sur les axes de la province de Cadix.
L’APBC mise sur cette nouvelle liaison pour consolider le rôle du port comme plateforme logistique majeure au sud de l’Europe. D’ici 2026, Cadix disposera d’un nouveau terminal à conteneurs et de deux lignes ferroviaires dédiées au fret, l’une reliant directement le nouveau terminal, l’autre connectant le site du Bajo de la Cabezuela à la ligne Cadix-Séville.
Ces investissements renforcent l’attractivité du port, notamment pour les exportateurs marocains qui cherchent à diversifier leurs points d’accès vers l’Europe centrale. Actuellement, la majorité des flux transite par le terminal Tanger Med et le port d’Algésiras, mais l’ouverture d’une alternative via Cadix pourrait fluidifier les échanges et réduire les coûts logistiques.
Depuis l’arrêt de la ligne en 2014, l’APBC n’a jamais abandonné l’idée de relancer le trafic avec le Maroc. Une première tentative avait eu lieu en 2017, sans succès. Historiquement, cette liaison avait connu un pic en 2007 avec plus de 400.000 tonnes de marchandises transportées. En 2013, les navires Fes et Meknes assuraient encore deux rotations hebdomadaires entre Cadix et Casablanca, avant que la faillite de Comanav ne mette un terme définitif au service.
Cette fois, tout indique qu’Atlas Marine pourrait être l’opérateur choisi pour exploiter la ligne. Son PDG, Ben Sharp, a proposé d’intégrer cette connexion Agadir-Cadix à une « autoroute maritime » reliant Abidjan (Côte d’Ivoire) à Portsmouth (Royaume-Uni), créant ainsi un maillon supplémentaire dans un réseau logistique africano-européen en plein développement.
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