Le World Citizenship Report 2025 redéfinit les critères qui guident les choix des citoyens fortunés à travers le monde. Si le Maroc ne figure pas encore dans le peloton de tête, il possède plusieurs leviers pour répondre aux nouvelles aspirations: stabilité, durabilité, ouverture économique et connectivité régionale.
Le World Citizenship Report 2025, publié par CS Global Partners, propose une grille de lecture renouvelée de la citoyenneté à l’échelle planétaire. S’éloignant du seul critère de la mobilité, le rapport classe 188 pays selon cinq grands « motivators » : la sécurité, la qualité de vie, les opportunités économiques, la liberté financière et la mobilité internationale.
Les résultats s’appuient notamment sur un sondage réalisé auprès de plus de 500 HNWIs (High-Net-Worth Individuals), ces individus à hauts revenus qui orientent désormais leur choix de résidence et d’investissement en fonction de valeurs plus profondes que le seul confort fiscal. Si les grandes puissances européennes et asiatiques dominent encore les classements, le Maroc, sans figurer dans le top 20, dispose de plusieurs leviers pour répondre à ces nouvelles attentes internationales.
Une stabilité à conforter dans un monde incertain
Dans un contexte de volatilité géopolitique croissante, la stabilité politique devient un facteur différenciateur. Le rapport classe l’Islande, la Suisse et le Danemark en tête pour la sécurité, soulignant leur neutralité, leur cohésion sociale et leur gouvernance fiable. Le Maroc, bien que confronté à des défis sécuritaires régionaux, bénéficie d’une image de pays stable et sûr en Afrique du Nord. Cette perception peut être renforcée par des réformes judiciaires, une transparence accrue et un dialogue institutionnel constant, autant de facteurs scrutés par les familles en quête d’un deuxième ancrage dans le monde.
Qualité de vie et durabilité : un virage amorcé
Le rapport montre que la qualité de vie est devenue le critère numéro un pour 36,9 % des personnes interrogées, bien devant la seule question de sécurité physique. Cela inclut l’accès aux soins, à une éducation de qualité, mais aussi un engagement écologique fort. Si le Maroc a déjà entrepris des efforts remarqués dans les énergies renouvelables et la décarbonation, il reste attendu sur la transformation verte de ses villes. L’intégration d’indicateurs de durabilité dans les politiques urbaines et l’accélération du digital dans les services publics peuvent ainsi devenir des éléments décisifs dans l’attractivité du pays.
Économie compétitive et mobilité en construction
Troisième pilier du rapport : les opportunités économiques. La Chine, les États-Unis et l’Inde y dominent, mais les BRICS+ dans leur ensemble gagnent en influence. Pour le Maroc, qui entretient des relations économiques croissantes avec plusieurs membres du groupe (Chine, Brésil, Russie), l’enjeu est de continuer à offrir un environnement propice aux affaires tout en garantissant la liberté de circulation des capitaux et la protection des investissements. La réforme des CRI, le climat pro-entreprises, et la montée en puissance de Casablanca Finance City peuvent servir cet objectif.
Enfin, la mobilité internationale — mesurée non seulement à l’aune du nombre de pays accessibles sans visa, mais aussi de la connectivité globale et des infrastructures — reste un défi pour le Royaume. L’ouverture de nouvelles routes aériennes, les accords bilatéraux de facilitation de visas et l’investissement dans les hubs éducatifs régionaux sont autant de leviers à activer pour hisser le Maroc dans le radar des citoyens mondiaux.
Vers une diplomatie d’attractivité citoyenne
Le rapport montre que les choix de citoyenneté deviennent des choix de société. Le Maroc, en consolidant ses engagements en matière de sécurité, d’environnement, d’éducation et de croissance inclusive, peut s’inscrire comme un pays de destination pour les élites africaines et moyen-orientales en quête de stabilité, de cadre de vie sain et d’opportunités transgénérationnelles. La diplomatie du Royaume pourrait, à l’avenir, intégrer cette lecture plus fine de la citoyenneté dans ses stratégies de rayonnement.
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