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La viande rouge, pilier de la cuisine marocaine, se retrouve aujourd’hui au cœur d’un débat houleux, alimenté par des scandales de vente de viandes non conformes, parfois aussi choquants que celui de la vente présumée de viande canine dans certains commerces.
À Marrakech, l’interpellation récente d’un boucher suspecté de vendre de la viande de chien comme viande comestible a provoqué une onde de choc parmi les consommateurs, relançant la question de la sécurité alimentaire et de la vigilance des autorités.
Les Marocains, friands de viande rouge, se retrouvent face à un dilemme inquiétant : la qualité et l’authenticité de ce qu’ils consomment. Des incidents récents ont mis en lumière une chaîne de contrôle visiblement défaillante. Bouazza Kharrati, président de l’Union marocaine des droits des consommateurs, pointe du doigt un problème structurel : « Avant, les services vétérinaires effectuaient des contrôles sur la viande rouge dans les points de vente et les abattoirs. Aujourd’hui, la responsabilité de la surveillance des boucheries revient aux bureaux d’hygiène des collectivités locales, qui manquent cruellement de compétences dans ce domaine ».
Ce transfert de responsabilité selon Kharrati, sollicité par Hespress.fr, a réduit la capacité d’intervention des vétérinaires, qui ne participent aux contrôles de viandes rouges qu’à travers des commissions mixtes annoncées à l’avance, laissant ainsi le temps aux fraudeurs de masquer leurs activités illicites.
Bien que des lois puissent exister, leur application reste faible, et les contrôles de viandes rouges sont sporadiques, laissant le consommateur sans protection réelle. L’expert va jusqu’à accuser certaines organisations professionnelles, comme les syndicats ou les coordinations, de minimiser l’ampleur des infractions, préférant protéger les intérêts de leurs membres au détriment de la santé publique.
Les scandales successifs montrent que le Maroc doit revoir en profondeur sa politique de contrôle alimentaire en référence au discours royal d’août 2009 sur le Code de consommation. Kharrati appelle à la création d’une institution nationale spécialisée dans la protection des consommateurs, capable de centraliser et de professionnaliser les contrôles. Une telle structure permettrait de pallier les lacunes des bureaux d’hygiène locaux, actuellement dépassés par leurs missions.
Parallèlement, la société civile, qui milite depuis des années pour une surveillance accrue, réclame une meilleure coopération entre les différents acteurs : administration, vétérinaires, consommateurs et producteurs. Mais, pour cela, il faut une volonté politique claire et des moyens financiers conséquents, des éléments qui font cruellement défaut aujourd’hui.
Alors que les Marocains voient leur confiance vaciller face à des scandales alimentaires de plus en plus fréquents, une question demeure : comment rétablir la sérénité autour d’un aliment aussi essentiel que la viande rouge ? Les consommateurs, déjà affectés par la hausse des prix, se retrouvent contraints de se méfier de ce qu’ils achètent. La réponse des autorités devra être à la hauteur de cette crise, autant pour protéger la santé publique que pour restaurer une relation de confiance entre les citoyens et les institutions responsables.
Le temps n’est plus aux demi-mesures. La sécurité alimentaire au Maroc est aujourd’hui un enjeu de santé publique majeur, mais également un défi d’éthique et de gouvernance. Dans ce contexte, chaque faux pas, chaque scandale supplémentaire, risque de creuser un fossé irréversible entre les attentes des consommateurs et les réalités du contrôle alimentaire.
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