Entre le Maroc et la Mauritanie une alliance de longue date. Les deux pays entretiennent des liens sécuritaires, économiques et politiques, tels que la coopération dans le commerce frontalier et les accords bilatéraux. Et sur l’autre rive, Nouakchott maintient de bonnes relations avec l’Algérie afin de garder un équilibre diplomatique dans la région. Une récente rencontre entre le Roi Mohammed VI et le président mauritanien Mohamed Ould Ghazouani a marqué une amélioration des relations entre les deux pays, selon des experts nord-africains. 

Réagissant à cet effet, Jamal Ait Adam, spécialiste des affaires nord-africaines, mentionne dans un rapport publié par Modern Policy que les relations entre le Maroc et la Mauritanie incarnent un concept crucial de l’intégration régionale en raison de leur histoire et de leur coopération mutuelle.

L’un des points clés de ce partenariat est la proximité géographique entre la région sahélo-saharienne et l’Afrique du nord, qui les place en première ligne face aux menaces sécuritaires telles que le terrorisme, le crime organisé, le trafic d’êtres humains et la migration illégale. 

Partagée entre deux camps, la Mauritanie se trouve donc dans une situation géopolitique critique. Malgré les tensions, Nouakchott maintient une position neutre dans ce conflit et participe à des initiatives qui contribuent à créer un nouveau climat politique et économique dans la région, comme sa participation au gazoduc reliant le Nigeria aux pays d’Afrique de l’ouest et à l’Europe.  

Vers une position politique plus claire et tranchante ? Hespress FR a approché  Abdelhamid Benkhattab, professeur de sciences politiques à la faculté de droit Agdal-Rabat qui confirme que “les liens bilatéraux entre le Maroc et l’Algérie s’inscrivent dans la durée, puisque nous sommes un pays qui respecte le bon voisinage, et qui accepte de se soumettre au droit international en matière d’ingérence dans les affaires internes des pays”. 

En ce qui concerne la Mauritanie, insiste notre intervenant, « nous avons toujours eu des relations respectueuses et des liens qui respectent la souveraineté et les orientations politiques du Maroc ». Dans le détail, indique le politologue, « la Mauritanie, un petit pays entre deux géants, le Maroc et l’Algérie, ne peut pas trancher définitivement dans l’affaire du Sahara. Du fait que sa position reste plus ou moins médiane ». 

Consciente de l’importance des liens avec le Maroc, la Mauritanie ne s’inscrit pas dans une conflictualité avec le pays, selon les propos de l’expert. Pour lui, la Mauritanie garde une position médiane dans la mesure où il n’y a pas de reconnaissance directe d’un état fantoche, la RASD, et en même temps, la Mauritanie ne reconnaît pas vraiment, de manière explicite, sur le plan international, la marocanité du Sahara. Nous sommes, donc, devant une position qui essaie de ménager en même temps les deux grandes puissances régionales de l’Afrique du Nord. 

“De son côté, le Maroc espère que la Mauritanie ne s’affiche pas directement avec les positions algériennes”, précise Benkhateb.

A cet effet, la neutralité positive de la Mauritanie envers le Maroc, est une position bien accueillie par le Maroc, étant donné qu’il ne s’inscrit pas dans cette logique de conflictualité avec l’Algérie, juge notre intervenant avant de mentionner qu’il y a aussi des intérêts économiques très importants entre le Maroc et la Mauritanie qui ne doivent pas être sacrifiés à l’angle des intérêts politiques stricts. “Il y a aussi un certain nombre de projets d’avenir, notamment en matière du projet du gazoduc maroco-nigérien qui doit passer par la Mauritanie”, ajoute-t-il. 

Et de souligner que les Mauritaniens savent très bien qu’ils n’ont pas intérêt à s’aligner ouvertement sur la position marocaine parce qu’ils perdront l’Algérie. « Et ils savent aussi que s’ils s’alignent sur la position algérienne, ils perdront justement le soutien marocain et ils n’ont pas intérêt à le faire, bien sûr, et n’ont pas l’intention de le faire dans un temps moyen », dit-il.

Selon lui, il n’y aura pas de reconnaissance directe de la souveraineté du Maroc sur le Sahara, mais tout de même, il y a une certaine acceptation politique du fait accompli qui est celui de la marocanité du Sahara. “Donc les Mauritaniens ne protestent pas contre la marocanité du Sahara, mais en même temps, ils ne la reconnaissent pas. Finalement, nous sommes dans une position qui essaie de ménager aussi bien le Maroc que l’Algérie”, conclut-il.

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