Le Maroc se classe désormais au neuvième rang africain des pays comptant le plus de citoyens non religieux. Bien que l’athéisme reste marginal, plus de 35% des Marocains s’éloignent des « affiliations religieuses officielles », un phénomène qui s’observe surtout parmi la jeunesse urbaine, selon un récent rapport publié par The African Exponent.
Selon la plateforme The African Exponent, plus d’un tiers des Marocains, soit 35,8%, se définissent aujourd’hui comme « non religieux », un chiffre qui propulse le royaume au neuvième rang continental. Une singularité qui, selon l’étude, fait du Maroc « un cas exceptionnel » dans un continent où la religion demeure souvent au cœur du tissu social.
Ainsi, l’étude a révélé une fracture grandissante entre pratiques sociales et croyances individuelles. « Le fait que plus d’un Marocain sur trois se définisse comme non religieux reflète un fossé croissant entre croyance privée et identité religieuse publique. Nombre de Marocains continuent de pratiquer certains rituels culturels liés à l’islam tout en s’éloignant, en privé, de la foi active », a révélé le rapport.
L’athéisme déclaré y reste marginal, mais la montée du non-religieux est notable. Cette tendance est particulièrement marquée chez les jeunes générations des grandes villes comme Casablanca, Rabat et Marrakech, où l’accès à l’enseignement supérieur et l’exposition aux médias internationaux ouvrent de nouvelles perspectives, a précisé la même source.
Et d’ajouter : « Les espaces numériques, notamment au sein de la diaspora marocaine, offrent des tribunes où les discours non religieux et athées circulent plus librement, influençant à leur tour les discussions à l’intérieur du pays ».
Le Maroc n’est pas seul à connaître cette évolution. La Tunisie, en tête du classement, affiche près de 35% de non religieux et 2,2% d’athées, héritage d’une histoire politique singulière allant des réformes de Bourguiba à la révolution de 2011. Plus largement, l’Afrique du Nord concentre plusieurs pays présents dans ce top 10, notamment l’Egypte classée 7e et la Libye 4e, affichant elles aussi des taux significatifs de non-religieux, traduisant une mutation sociétale plus large au Maghreb.
Selon The African Exponent, la religion s’est enracinée, au fil des siècles, au cœur du tissu social africain. Cependant, les dernières données révèlent que les identités non religieuses occupent une place croissante. L’athéisme assumé reste marginal sur le continent, mais la part de citoyens qui se déclarent « non religieux » progresse nettement, signalant de subtiles transformations dans la manière d’exprimer la foi et l’identité.
Il convient de préciser que ce rapport se base sur les données de l’Enquête mondiale sur les valeurs (World Values Survey – WVS) qui apporte l’un des éclairages les plus précis sur ce phénomène. En distinguant clairement entre l’athéisme et le simple fait de se dire non religieux, elle montre comment les normes culturelles, les mutations générationnelles et les contextes politiques façonnent cette recomposition.
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