Selon une récente étude fondée sur la transition démographique, le Maroc pourrait devenir, d’ici 2055, un pays à solde migratoire positif, recevant plus de migrants qu’il n’en émet. Une transformation portée par l’évolution de la structure d’âge de sa population.
Alors que le Maroc est traditionnellement considéré comme un pays d’émigration, notamment vers l’Europe, les dynamiques démographiques pourraient prochainement inverser cette tendance. C’est ce que montre une étude menée par Richard Cincotta, ancien expert du Wilson Center. L’auteur y développe un modèle statistique selon lequel le vieillissement progressif des populations entraîne une probabilité croissante de devenir un pays récepteur net de migrants internationaux.
L’analyse repose sur un principe central : la relation entre l’âge médian d’un pays et son taux net de migration. En se basant sur les données des Nations Unies (révision 2024), l’étude démontre qu’à partir d’un âge médian de 34 ans, la probabilité qu’un pays maintienne un taux de migration positif devient majoritaire. Elle atteint même 76 % à 45 ans. Autrement dit, plus une population vieillit, plus elle est susceptible d’attirer durablement des migrants, en réponse à des besoins économiques, sociaux ou démographiques.
Le Maroc dans la trajectoire des pays récepteurs
Le Maroc, dont l’âge médian augmente régulièrement et qui devrait dépasser les 34 ans avant 2055 selon les projections onusiennes, fait partie des pays d’Afrique du Nord cités dans l’étude comme candidats potentiels à un renversement durable de leur solde migratoire. Aux côtés de l’Algérie et de la Tunisie, le Royaume pourrait voir les arrivées dépasser les départs dans les prochaines décennies, devenant ainsi une destination pérenne pour les flux migratoires en provenance d’Afrique subsaharienne et d’autres régions arabes.
L’étude souligne que cette évolution ne serait pas seulement conjoncturelle. Il s’agirait d’une transition structurelle, liée à la maturité démographique. Elle s’observerait dans plusieurs régions du monde : Amérique latine, Asie du Sud, Asie du Sud-Est, mais aussi en Afrique du Nord, où les pays côtiers, plus développés et plus stables politiquement, joueraient un rôle croissant de zones tampons ou d’installation durable pour les migrants.
Une redistribution attendue des flux migratoires mondiaux
Ce glissement du Maroc vers un statut de pays récepteur s’inscrirait dans une redistribution plus large des flux migratoires, à mesure que les pays traditionnels d’accueil (Europe de l’Ouest, Amérique du Nord) restreignent davantage l’accès à leur territoire. Le Maroc, de par sa stabilité, ses perspectives économiques et sa position géographique, pourrait alors capter une partie croissante de ces flux.
Dans ce contexte, l’évolution démographique du Royaume pourrait devenir un atout supplémentaire dans la mise en œuvre de politiques migratoires équilibrées, orientées à la fois vers l’intégration et la valorisation des compétences. En s’appuyant sur les tendances décrites par le modèle, le Royaume disposerait d’une base prévisible pour mieux anticiper les besoins futurs en matière de main-d’œuvre, d’infrastructures et de services sociaux.
En intégrant ce paramètre démographique dans ses projections à long terme, le Maroc pourrait mieux anticiper les enjeux de cette transition : politiques migratoires, intégration, urbanisme, emploi, ou encore coopération avec les pays d’origine.
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