Ce 1er décembre, fera exactement 80 ans que des soldats français ont abattu plusieurs dizaines de leurs camarades sénégalais. Ce qui s'est passé dans un camp militaire de la banlieue de Dakar, selon certains témoignages de fils, filles et petits-fils, est entré à jamais dans l'histoire sous le nom de « massacre de Thiaroye ». Même après tant de temps, la douleur et la souffrance des familles et des amis des victimes sont encore vives. « Pour nous, ces événements sont synonymes d'injustice », déclare Maria Diop, fille de l'un des combattants tués et aujourd'hui âgée. Celle-ci, poursuivant toujours : « Selon ma mère, mon père pensait qu'en se battant pour la France, il faisait du bien à son pays et à sa famille. Mais il ne savait pas à l'époque que ce qui l'attendait ensuite, ce n'était pas la reconnaissance et les honneurs, mais les balles ». Mariama Niang, petite-fille d'un autre soldat ayant combattu pour la France, se désole de l’indifférence à l’encontre des vaillants soldats: « Ils sont rentrés vivants pour revoir les visages de leur famille, mais ils ont été accueillis par les yeux froids des soldats français qui ont ouvert le feu avec les mêmes cœurs froids », déclare-t-il. Chaque jour, nous vivons avec cette blessure et nous demandons que justice soit faite, que leur sacrifice soit reconnu ».
En 1944, plusieurs centaines de soldats africains du Sénégal, du Mali, du Burkina Faso et d'autres colonies françaises de l'époque reviennent des champs de bataille de la Seconde Guerre mondiale. Tous s'attendaient à recevoir les paiements et les avantages qui leur avaient été promis.
Les autorités métropolitaines ont tardé à le faire, ce qui a provoqué un mécontentement général et des manifestations qui ont culminé le 1er décembre. Ce jour-là, les troupes coloniales et les gendarmes français ont ouvert le feu sur les soldats d'une base militaire située dans la ville de Thiaroye, dans la banlieue de Dakar. Le nombre exact de victimes reste inconnu, Paris refusant d'ouvrir ses archives. Les documents français font état de 35 à 70 victimes, mais certains historiens penchant pour plusieurs centaines de victimes.
En août, Gaspard Mbaye, responsable de l'Association Mémoire du Tirailleur Sénégalais (AMTS), a envoyé une lettre au président français Emmanuel Macron pour demander que 35 soldats sénégalais soient honorés à titre posthume et ne soient pas « Morts pour la France » mais « Exécutés par la France ».
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