Posted by - Senbookpro KAAYXOL -
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Un géant vacillant? Autrefois vitrine flamboyante de la scène musicale internationale au Maroc, le festival Mawazine semble aujourd’hui perdre de sa superbe. Une line-up moins impressionnante, une organisation de plus en plus chaotique, et un traitement inéquitable entre les artistes marocains et étrangers : le désintérêt croissant du public est perceptible dans les campagnes de promotion massives sur les billets, autrefois pris d’assaut, aujourd’hui soldés. Est-ce la fin de ce qui était l’événement musical le plus attendu de l’année?
Alors que s’est ouverte ce vendredi la 20e édition du festival « Mawazine – Rythmes du Monde”, le rythme n’est plus au rendez-vous. Il fut un temps où Mawazine était un symbole de grandeur culturelle, une vitrine du Maroc ouvert sur le monde, attirant les plus grandes stars de la planète et une foule venue des quatre coins du royaume.
Aujourd’hui, l’événement semble rongé par ses propres excès : organisation chaotique, communication bancale, manque de considération envers les artistes du pays et désintérêt du public. Le festival n’est plus ce qu’il était, et le malaise se fait de plus en plus sentir, y compris dans les coulisses.
Files interminables, absence de communication claire, gestion confuse des flux de spectateurs : les critiques pleuvent. Plusieurs festivaliers ont souvent dénoncé une logistique défaillante, allant de la distribution des bracelets jusqu’à l’accès aux scènes, sans parler des retards.
Le sentiment général ? Celui d’un événement qui peine à retrouver son souffle, débordé par son propre gigantisme.
Mais le symptôme le plus révélateur de cette perte d’élan reste sans doute la politique tarifaire. Cette année, pour la première fois, les tickets sont proposés avec des réductions de -30 %. Une opération marketing qui trahit un malaise plus profond : le public ne suit plus.
L’effet de rareté, qui faisait autrefois de chaque billet une convoitise, a laissé place à une indifférence palpable. En cause, une programmation qui peine à se renouveler, des tarifs, pour le côté payant, sont jugés excessifs dans un contexte socio-économique tendu, et un décalage grandissant entre le festival et son public.
Côté public, la sécurité n’est pas toujours au rendez-vous. Sur les scènes gratuites ouvertes à tous, le sentiment d’abandon est le plus flagrant. Dans plusieurs cas, un dispositif de sécurité bafoué a parfois laissé place à des mouvements de foule incontrôlés, des agressions, des attouchements et des scènes de panique. Certaines familles ont même préféré quitter les lieux avant la fin des concerts, inquiètes pour leur sécurité.
Ce manque d’encadrement jette une ombre inquiétante sur un festival qui se veut familial et accessible, mais qui semble aujourd’hui dépassé par sa propre foule.
Quant aux journalistes, censés relayer et valoriser le festival, le constat est amer. Accréditations reçues à la dernière minute (ou pas!), absence de consignes claires, confusion dans les points d’accès et files d’attente interminables pour obtenir un simple badge : la presse a elle aussi subi les errements organisationnels lors des dernières éditions.
Résultat : une couverture médiatique affaiblie, parfois frustrée, alors même que le festival aurait tout intérêt à soigner son image.
L’un des facteurs qui pousse le festival à sa perte : la place accordée aux artistes marocains dans la programmation officielle. De nombreuses voix dénoncent un déséquilibre persistant en faveur des têtes d’affiche internationales, reléguant les talents nationaux à un rôle secondaire, voire invisible, sur les scènes principales.
Malgré l’importance symbolique et artistique du festival, l’apparition des artistes marocains sur les grandes scènes reste limitée, souvent cantonnée à la scène de Salé, perçue comme une vitrine périphérique par rapport aux scènes de Rabat.
Ce découpage spatial, bien qu’adossé à une proximité géographique, est interprété par certains comme une forme de « hiérarchisation culturelle », où le prestige scénique semble réservé aux artistes venus d’ailleurs.
Le seul artiste qui a obtenu gain de cause, ayant précédemment dénoncé cette inégalité, est El Grande Toto, le rappeur dont la reconnaissance internationale a poussé les organisateurs à l’inviter à se produire, cette année, sur la scène de l’OLM Souissi, mais en première partie.
Cette disparité, longtemps dénoncée mais toujours ignorée, a provoqué une vague d’indignation sur les réseaux sociaux, où des hashtags comme #FinAlFannanAlMaghribi (« Où est l’artiste marocain ? ») ou #MawazinePourQui, sont largement relayés. De nombreux artistes et professionnels du secteur ont exprimé leur frustration face à ce qu’ils qualifient de « mise à l’écart systématique » des talents locaux, accusant certains cercles d’influence de verrouiller la programmation.
La presse locale s’est également saisie du sujet, pointant du doigt le retard dans l’annonce des artistes marocains, perçu comme un manque de considération et de clarté. Plusieurs médias rappellent que Mawazine, en tant que manifestation culturelle financée en partie par de l’argent public, devrait s’astreindre à une représentation plus équilibrée et inclusive.
Mawazine a longtemps incarné la grandeur culturelle du Maroc, mais son modèle semble désormais dépassé : trop grand, trop coûteux, trop déconnecté des réalités locales. À vouloir attirer les stars à tout prix, le festival semble avoir perdu le lien avec les artistes marocains émergents et avec le public fidèle qui faisait autrefois sa force.
Le défi aujourd’hui n’est plus de remplir les scènes, mais de redonner du sens à l’événement. Faute de quoi, Mawazine pourrait bien devenir un souvenir doré d’une époque révolue.
À l’aube de cette nouvelle édition, la question de la place de la culture nationale dans son propre pays revient donc sur le devant de la scène, posant un défi de taille aux organisateurs du festival : comment concilier prestige international et reconnaissance équitable du patrimoine artistique marocain ?
The post Mawazine : entre chaos organisationnel, marginalisation des artistes marocains et perte d’attrait appeared first on Hespress Français - Actualités du Maroc.
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