Face à la hausse continue des tentatives de migration irrégulière vers l’Europe, la Ligue marocaine pour la défense des droits de l’homme (LMDDH) propose d’instaurer un « programme de migration sûre » par l’octroi de visas saisonniers aux jeunes. Une mesure qui viserait à ouvrir des voies légales tout en réduisant les drames humains liés à l’irrégularité.
A l’occasion de la Journée internationale de la jeunesse, la LMDDH a rendu public un rapport consacré à la situation des jeunes au Maroc. Dans son cinquième chapitre, intitulé « La migration irrégulière entre le droit de quitter son pays et le droit à la vie », le document a affirmé que le phénomène de la migration irrégulière s’amplifie, poussé par la précarité économique, l’exclusion sociale et un profond sentiment d’impasse.
Selon la Ligue, la multiplication des tentatives de départ illustre un désespoir grandissant chez les jeunes Marocains, qui n’hésitent plus à risquer leur vie pour un avenir incertain. Le rapport a ainsi fait savoir qu’en 2023, plus de 75.000 tentatives de migration irrégulière ont été déjouées. L’année suivante, le chiffre a atteint 78.685, soit une hausse de 4,6%, d’après le ministère de l’Intérieur.
De plus, le rapport a rappelé les drames humaines survenus. L’Organisation internationale pour les migrations (OIM) a recensé, en 2024, près de 2.000 décès ou disparitions dans le détroit de Gibraltar et l’Atlantique, dont 78% concernaient des jeunes de moins de 30 ans. Chacune de ces disparitions, a souligné le document, révèle l’ampleur d’une détresse sociale où la migration devient une ultime échappatoire.
Pour répondre à ce défi, la LMDDH propose la création d’un programme de migration légale, reposant sur l’attribution de visas saisonniers, qui permettra d’encadrer les flux, de réduire les risques et d’offrir aux jeunes un horizon concret sans passer par les réseaux irréguliers.
En outre, elle recommande la mise en place d’un indice annuel de la migration irrégulière, publié par le Parlement, afin de suivre l’évolution du phénomène et d’évaluer l’efficacité des politiques publiques. Elle préconise aussi le renforcement des financements pour les projets entrepreneuriaux dans les régions à forte émigration, avec un budget conséquent dès la loi de finances 2026.
Par ailleurs, le rapport a mis l’accent sur la nécessité d’élargir les dispositifs d’intégration sociale et psychologique. Il suggère la création de centres d’écoute et d’orientation dans les zones les plus touchées, ainsi que le développement de formations professionnelles adaptées aux besoins des marchés européens et africains. L’idée est d’ouvrir des perspectives d’emploi légales et adaptées aux compétences des jeunes Marocains.
La LMDDH insiste également sur l’importance de l’investissement dans les territoires fragiles, à travers des projets liés à l’agriculture, à l’économie verte ou encore à l’économie bleue. Ces initiatives, selon elle, constituent des alternatives tangibles à la migration clandestine.
Bien que les efforts sécuritaires du Maroc pour contenir les flux soient salués, le rapport a jugé qu’ils demeurent insuffisants car ils ne s’attaquent pas aux racines du problème. La Ligue plaide ainsi pour une approche globale, intégrant la dimension sécuritaire mais aussi les volets économique, social et éducatif. Elle propose d’ailleurs d’intégrer la question migratoire et les droits humains dans les programmes scolaires et les médias publics, afin de sensibiliser dès le plus jeune âge.
La Ligue appelle notamment à renforcer les accords bilatéraux avec les pays d’accueil, notamment dans les secteurs en manque de main-d’œuvre. Elle recommande aussi de donner à la société civile locale des financements flexibles pour développer des projets favorisant l’emploi et l’insertion des jeunes dans les régions les plus touchées par l’exode.
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