Traditionnellement synonyme de dynamisme économique grâce à l’afflux des Marocains Résidant à l’Étranger (MRE), la saison estivale révèle cette année une réalité plus nuancée. Alors que les arrivées de MRE affichent une hausse apparente, les derniers chiffres de l’Office des Changes concernant les transferts de fonds sonnent l’alarme, marquant un recul significatif après plusieurs années de croissance. Cette situation, analysée par l’expert en tourisme Zoubir Bohout, appelle à une vigilance accrue et à des mesures proactives pour préserver un pilier essentiel de l’économie nationale.
Dans une analyse pour Hespress FR, Zoubir Bohout relève que la saison estivale 2025 a vu le Royaume accueillir 2 789 197 MRE entre le 10 juin et le 4 août, soit une augmentation de 10,37 % par rapport à la même période en 2024. Si ce chiffre semble positif, il masque une décélération préoccupante du rythme de croissance. Le début de la saison, du 10 juin au 10 juillet, avait été prometteur avec une progression de 13,3 %, mais cette dynamique s’est essoufflée par la suite, avec une croissance ramenée à seulement 7,05 % entre le 11 juillet et le 4 août.
Cette tendance à la baisse du taux de progression soulève des interrogations quant à l’attractivité et aux conditions d’accueil durant la haute saison. Bohout met en garde contre un bilan global de l’opération Marhaba 2025 potentiellement en deçà des attentes si cette tendance se confirme. Il souligne l’urgence pour les acteurs du secteur d’identifier et de lever les freins potentiels, tels que les coûts de transport, la congestion aux points d’entrée, la qualité des services et la communication ciblée.
Le signal d’alerte est renforcé par les dernières statistiques de l’Office des Changes, qui révèlent un recul de 2,6 % des transferts de fonds des MRE à fin juin 2025. Le montant total s’établit à 55,864 milliards de dirhams (MMDH), contre 57,347 MMDH à la même période en 2024, soit une diminution de 1,483 MMDH. Ce repli marque une inflexion notable après trois années consécutives de croissance soutenue, où les transferts étaient passés de 43,364 MMDH en 2021 à un pic en 2024.
Le diagramme fourni par l’Office des Changes illustre clairement cette évolution : En 2021, les transferts s’élevaient à 45,364 MMDH. Ils ont ensuite progressé à 48,601 MMDH en 2022, puis à 55,711 MMDH en 2023. En 2024, un pic a été atteint avec 57,347 MMDH. Cependant, en 2025, un recul est observé, avec des transferts s’établissant à 55,864 MMDH.
Le graphique montre une croissance constante et robuste des transferts de 2021 à 2024, atteignant un sommet en 2024. Cependant, la courbe s’inverse en 2025, indiquant une baisse par rapport à l’année précédente. Cette diminution de 2,6 % représente une perte de 1,483 MMDH, un montant non négligeable pour l’économie marocaine.
Ce fléchissement pourrait être attribué à plusieurs facteurs, notamment la pression sur le pouvoir d’achat des MRE, l’inflation persistante dans les pays d’accueil, ou un recentrage de leurs priorités financières. Si cette tendance se maintient, elle pourrait impacter durablement l’un des principaux leviers de financement extérieur du pays.
La situation actuelle exige une analyse approfondie et des actions ciblées. La communauté MRE représente non seulement une source cruciale de devises, mais aussi un lien socio-culturel et économique vital pour le Maroc. Il est impératif de restaurer la confiance et de renforcer l’engagement économique de cette diaspora.
Il s’avère donc que les chiffres de l’été 2025 sont un avertissement. Le Maroc doit réagir rapidement et efficacement pour transformer ces défis en opportunités, assurant ainsi la pérennité de la contribution inestimable des MRE à son développement économique et social.
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