C’est devenu une habitude systématique lors de nos manifestations culturelles : chaque fois qu’un artiste étranger, quelle que soit sa nationalité, vient se produire dans un festival au Maroc, on lui tend le drapeau national à la fin de son concert.

Certains le prennent avec plaisir, d’autres ne comprennent pas pourquoi on leur a offert ce symbole national. Pourtant, cette pratique semble être propre au Maroc. Jamais en Europe, aux États-Unis ou ailleurs, on ne voit un artiste arborer le drapeau du pays qui l’accueille. C’est très rare.

Il est temps de se demander pourquoi cette « mauvaise » habitude persiste chez les organisateurs d’événements artistiques et culturels, au point de gêner les artistes eux-mêmes.

Le débat sur cette pratique a été relancé lors du concert, le 28 juin, du chanteur d’origine palestinienne, Saint Levant, à Essaouira, dans le cadre du Festival Gnaoua et Musiques du Monde. À la fin de sa prestation très appréciée et longuement acclamée par le public qui a chanté en chœur ses grands succès, dont « Galbi », « From Gaza with Love » et « Deira », ponctués par des cris de « Free Palestine », un incident a éclipsé la performance.

En effet, après avoir reçu des salves ininterrompues d’applaudissements de la foule, un drapeau marocain lui a été remis. Le chanteur l’a pris, l’a gardé quelques instants, puis l’a pratiquement « jeté » sur scène. Ce geste, qu’on pourrait attribuer à la fatigue ou à l’inattention, a choqué l’assistance, provoquant incompréhension et indignation.

Les critiques et insultes ont alors fusé sur les réseaux sociaux. Mais la véritable question est : pourquoi nous, Marocains, nous mettons-nous dans cette situation où quelqu’un pourrait, par maladresse ou toute autre raison, malmener notre drapeau national? N’est-il pas du devoir des organisateurs de préserver ce symbole de la Nation en évitant de le donner à n’importe quel artiste venant performer chez nous ?

Même les artistes qui le gardent sur leurs épaules et l’embrassent, quelle garantie avons nous de ce qu’ils en font une fois le concert terminé ? Ce n’est pas comme s’ils allaient l’emporter dans leurs bagages en rentrant chez eux.

Après la polémique qui a enflé sur la toile, l’artiste Saint Levant a réagi sur son compte Instagram en exprimant ses excuses au peuple marocain, évoquant un « malentendu que certains ont considéré comme une insulte au pays« .

L’artiste a affirmé que son « respect pour le pays et sa considération pour son peuple, feront que ce geste ne pourrait en aucun cas être intentionnel », avant de finir son post par : « Kanbghikoum Bzaaf » (Je vous aime beaucoup).

En somme, nous devons, en tant que Marocains, préserver notre drapeau et arrêter de le donner à n’importe. Ce n’est pas parce qu’un artiste ou une chanteuse n’a pas pris le drapeau ou ne l’a pas mis sur ses épaules qu’il ou elle déteste notre pays. Le Maroc est un pays de paix et de tolérance et le restera toujours.

L’amour pour notre pays ne se résume pas à des slogans nationalistes ou au simple fait de poser avec le drapeau devant les caméras, pour ensuite le jeter dans les coulisses.

L’amour de notre pays se manifeste dans les actes et les paroles des artistes qui viennent avec plaisir et joie animer des événements chez nous, savourent nos plats traditionnels, visitent notre pays et racontent ici et ailleurs sa beauté et sa générosité, mais aussi et surtout ses valeurs.

Enfin, les organisateurs d’événements doivent urgemment cesser cette pratique gênante pour les artistes et valoriser notre drapeau en évitant de le distribuer à droite et à gauche. Nous devrions être les premiers à le rester et le valoriser.

The post Nous devrions être les premiers à respecter notre drapeau national! appeared first on Hespress Français - Actualités du Maroc.