Posted by - Senbookpro KAAYXOL -
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Alors que le Maroc multiplie les préparatifs pour accueillir de grands événements sportifs internationaux et que la transition numérique bat son plein à l’échelle mondiale, de nombreux professionnels continuent de faire de la résistance. Dans divers secteurs commerciaux et de services, le paiement électronique reste un mirage. Résultat : Les clients se voient systématiquement contraint de régler leurs achats en espèces, au mépris des efforts officiels visant à encourager l’utilisation des cartes bancaires.
Dans les commerces, les cafés et les restaurants, les terminaux de paiement électronique brillent souvent par leur absence. Les justifications avancées sont désormais bien connues : « système non compatible », « absence de préparation », ou encore « contraintes techniques ». Des arguments qui ne convainquent plus, d’autant qu’ils vont à l’encontre des ambitions nationales en matière d’inclusion financière. Bank Al-Maghrib, dans ses derniers chiffres, constate même un retour en force du paiement en liquide, avec une hausse de 8% en 2023.
Dernière cette résistance, des considérations fiscales semblent peser lourd. Plusieurs professionnels l’admettent à demi-mot. Recourir au cash, c’est aussi rester à l’abri de certaines obligations fiscales. Ce que confirme l’analyse de Jaouad El Asri, professeur de finances à l’Université Hassan II de Casablanca. Selon lui,
« Le paiement en espèces permet aux entreprises et professionnels de contourner les obligations fiscales, puisqu’il ne laisse aucune trace, ce qui affecte directement la comptabilité du chiffre d’affaires mensuel, annuel ou trimestriel », explique-t-il.
Dans une déclaration à Hespress, ce professeur en finances explique que les services de la Direction générale des impôts (DGI), dans le cadre de leur droit de regard prévu par l’article 5 du Code général des impôts, peuvent corriger les chiffres d’affaires déclarés. Ce droit leur permet notamment de récupérer certaines taxes, telles que la taxe sur les boissons appliquée aux cafés.
Mais selon El Asri, les collectivités territoriales, pourtant habilitées à comparer les données issues des paiements bancaires et électroniques avec les chiffres d’affaires déclarés, n’activent pas ce levier fiscal. Un manque d’application qui contribue à l’immobilisme ambiant. « Beaucoup d’acteurs économiques préfèrent conserver des liquidités hors circuit comptable, ce qui leur permet de réduire leur charge fiscale à tous les niveaux », déplore-t-il.
Le gouverneur de Bank Al-Maghrib, de son côté, n’a pas caché ses inquiétudes. Selon lui, le recours excessif au cash menace l’équilibre du système économique national. Un encadrement s’impose donc, afin que chaque citoyen puisse avoir la possibilité, et le droit, de payer ses factures par voie numérique.
Du côté des usagers, l’agacement grandit. Les associations de protection du consommateur reçoivent des plaintes en cascade concernant le refus d’utiliser les cartes bancaires dans les cafés, restaurants et autres commerces. Un comportement qui s’inscrit en porte-à-faux avec les orientations nationales.
« Ce refus constitue une atteinte au droit fondamental du consommateur », déclare à Hespress Noureddine Hamanou, président de l’Association marocaine de protection du consommateur et de défense de ses droits, notant que « cela contredit clairement la volonté du Royaume de généraliser les paiements numériques dans le cadre de la digitalisation des transactions et de la réduction de la circulation des espèces ».
Il rappelle que toute structure proposant un service rémunéré se doit d’offrir au client plusieurs modalités de paiement, y compris l’électronique, surtout si elle est équipée pour cela, ou en capacité de l’être. Et d’en appeler à une prise de conscience collective des professionnels : « Il est temps que les acteurs économiques s’engagent pleinement dans cette transition numérique, avec responsabilité citoyenne, et dans le respect des droits des consommateurs, dont la liberté de choisir leur mode de paiement ».
Hamouni invite également les autorités compétentes à renforcer les initiatives en faveur de la généralisation du paiement électronique et à prendre les mesures nécessaires pour garantir les droits des clients.
Pour les professionnels du secteur de la restauration, la problématique est bien connue. Le président de la Fédération nationale des propriétaires de cafés et restaurants du Maroc, Noureddine El Harraq, reconnaît que la question de la fiscalité freine considérablement l’adoption des paiements électroniques.
« Le problème est directement lié au calcul des impôts sur la base du chiffre d’affaires que les autorités fiscales peuvent vérifier à travers les transactions effectuées par carte bancaire », explique-t-il à Hespress.
Il affirme que lors d’une rencontre tenue il y a quelques mois avec la ministre de l’Économie et des Finances, Nadia Fettah, cette question avait été clairement posée. « Nous avons alerté la ministre sur le fait que l’activation du paiement électronique expose automatiquement les professionnels à des obligations fiscales difficiles à assumer, car ils ne peuvent pas déclarer l’intégralité de leur chiffre d’affaires », précise-t-il.
Selon lui, les terminaux de paiement (TPE) ne conviennent pas aux établissements qui vendent des produits à petits prix. « Dans les cafés où les consommations vont de 8 à 14 dirhams, le TPE n’est pas adapté. Il l’est davantage pour les établissements où les prix dépassent 25 dirhams », estime-t-il.
Cependant, El Harraq se montre optimiste. Il compte sur les discussions en cours avec le ministère de l’Intérieur au sujet de la loi-cadre sur la fiscalité locale. Ce texte, une fois finalisé, pourrait permettre de lever plusieurs obstacles fiscaux qui freinent aujourd’hui la numérisation du paiement dans ce secteur.
Mais il souligne clairement que « la digitalisation ne pourra réussir que si l’ensemble des barrières fiscales et techniques est levé. Sans cela, l’adhésion des professionnels restera partielle, voire symbolique ».
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