Rabat, capitale du Royaume et désormais capitale du livre, accueille ce week-end la 30e édition du Salon International de l’Édition et du Livre (SIEL), sous le Haut Patronage du Roi Mohammed VI. Organisé par le ministère de la Jeunesse, de la Culture et de la Communication du 18 au 27 avril, ce rendez-vous majeur du paysage littéraire maghrébin et africain promet, une fois encore, d’être une vitrine rayonnante de la création culturelle contemporaine.

Avec pour invité d’honneur l’Émirat de Sharjah, reconnu pour sa politique dynamique en faveur du livre, le SIEL renforce sa vocation internationale et son engagement pour la mondialisation du dialogue culturel par les lettres. Le choix de cet émirat, symbole de passerelles entre les cultures arabe et mondiale, illustre la volonté de faire de la culture un terrain de rencontres fécondes.

Mais le cœur battant de cette 30e édition est sans conteste l’hommage vibrant rendu aux Marocaines et Marocains du monde. Le salon leur consacre une série d’événements valorisant leur contribution littéraire, intellectuelle et artistique à l’échelle internationale. Des figures comme Nesrine Slaoui, Abdellatif Laâbi, Slimane Touhami ou encore Najat Vallaud-Belkacem dialoguent avec leurs homologues du Maroc pour explorer les thématiques de l’exil, des identités multiples, de la transmission et de l’écriture transfrontalière.

Parmi les temps forts de cette programmation, la présentation de l’Anthologie de la poésie gazaouie d’aujourd’hui, fruit d’un travail collectif entre Laâbi et Yassin Adnan, vient rappeler l’urgence de faire entendre les voix poétiques du monde en crise. Le stand du Conseil de la Communauté Marocaine à l’Étranger (CCME) est d’ailleurs devenu une agora d’échanges où les idées circulent librement, entre débats sur la traduction, récits de migration et regards critiques sur le féminisme en contexte hostile.

Le salon ne se limite pas à la littérature écrite : il donne aussi une large place à la diversité des expressions culturelles marocaines, à travers des tables rondes sur le théâtre hassani, la musique amazighe en migration, ou encore les performances scéniques interrogeant la place du corps dans l’espace public. Le thème du multilinguisme, cher au Maroc pluriel, a été exploré dès l’ouverture par une rencontre avec les auteurs Jalal El Hakmaoui et Kaoutar Ghilani autour de la justice linguistique.

L’édition 2025 du SIEL se distingue aussi par une forte présence des institutions. Qu’il s’agisse de discussions sur la protection des données personnelles, du rôle de la Cour des Comptes dans le suivi des Objectifs de Développement Durable, ou encore de la promotion des bourses de l’Académie Hassan II des Sciences et Techniques, le livre devient ici un levier de réflexion sur les politiques publiques et les défis contemporains.

Côté jeunesse et nouvelles écritures, la poésie, la fiction, les récits autobiographiques et les expérimentations narratives sont à l’honneur, avec une programmation foisonnante qui va des lectures musicales aux projections de films documentaires sur l’émigration. La soirée dédiée à Fatema Mernissi, à l’occasion des dix ans de sa disparition, a donné lieu à des échanges poignants sur l’héritage de cette grande figure du féminisme et de la pensée arabe.

Enfin, le SIEL confirme son statut de plateforme éditoriale panafricaine, avec des rencontres entre écrivains du Maroc et d’Afrique subsaharienne comme Hemley Boum ou Mamadou Diouf. Ensemble, ils interrogent les rôles de l’art et de la littérature face aux défis du XXIe siècle, dans un continent en mutation.

Durant ce week-end, le Salon du Livre à Rabat n’est pas seulement une célébration du livre, mais une célébration du monde, dans sa diversité, ses fractures, ses espoirs. Plus qu’un salon, un carrefour de sens, d’identités et d’imaginaires.

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