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on - Apr 4 -
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A compter du 1er avril 2025, une baisse “timide” du prix du gasoil de 16 centimes par litre a été remarquée sur les panneaux des stations-service. Une réduction qui, bien que présentée comme un ajustement en faveur des consommateurs, reste loin de répondre aux attentes, notamment celles des défenseurs d’un retour à une régulation stricte du marché des hydrocarbures.
Après une première réduction d’environ 12 centimes en mars, le gasoil enregistre ainsi un deuxième recul consécutif. Toutefois, ces baisses restent marginales au regard des marges bénéficiaires considérables engrangées par les distributeurs. Le prix du gasoil se maintient autour de 11,14 dirhams le litre, tandis que celui de l’essence demeure stable à 13,10 dirhams. Or, selon les calculs appliqués avant la libéralisation du secteur en 2015, le prix du litre de gasoil ne devrait pas dépasser 9,73 dirhams et celui de l’essence 11,12 dirhams.
Malgré la baisse annoncée, les prix pratiqués restent donc bien au-dessus des niveaux théoriques, renforçant les soupçons d’une concentration abusive des bénéfices entre les mains des distributeurs et des importateurs, au détriment des consommateurs.
Une baisse en trompe-l’œil ? Dans une réaction à Hespress FR, El Houssine El Yamani, secrétaire général du Syndicat national du pétrole et du gaz et président du Front national pour la sauvegarde de la raffinerie marocaine de pétrole, ne mâche pas ses mots : cette baisse « timide » ne constitue en aucun cas une avancée significative. Selon lui, la structure du marché des carburants est profondément déséquilibrée, avec une poignée d’acteurs qui monopolisent à la fois l’importation, le stockage et la distribution, faussant ainsi le jeu de la concurrence.
« Le marché marocain des hydrocarbures n’est pas un marché libre, mais une arène où quelques entreprises imposent leur loi au détriment des consommateurs. Tant que le raffinage national reste à l’arrêt et que l’État ne régule pas les prix, ces ajustements sporadiques ne feront que masquer la réalité d’un secteur en situation de rente », martèle-t-il.
Le débat sur la régulation des carburants s’intensifie. Loin d’être un espace où l’offre et la demande s’équilibrent naturellement, le marché des hydrocarbures au Maroc est “dominé par une minorité qui contrôle non seulement la distribution, mais également les infrastructures stratégiques de stockage et d’importation dans les ports”, attaque El Yamani. Ce déséquilibre structurel empêche toute répercussion fidèle des baisses des cours internationaux sur les prix à la pompe.
Selon lui : les interventions du Conseil de la concurrence n’ont, jusqu’à présent, pas permis de corriger ces dérives, et l’absence de sanctions dissuasives laisse place à une hausse des marges profitant aux grands groupes pétroliers. Face à cette situation, plusieurs voix s’élèvent pour réclamer une révision en profondeur du cadre législatif en vigueur.
De plus en plus d’acteurs appellent à un retour à une régulation étatique des prix des carburants, afin de limiter les abus et de garantir une tarification plus juste pour les consommateurs. La relance des activités de raffinage au sein de la raffinerie nationale, en sommeil depuis 2015, est également présentée comme une solution incontournable pour renforcer l’indépendance énergétique du pays et réduire les coûts d’importation.
Par ailleurs, la fiscalité appliquée aux carburants fait l’objet d’un débat croissant. Certains experts estiment qu’une “révision des taxes et une optimisation des coûts logistiques liés au transport et à l’importation pourraient permettre une baisse significative des prix à la pompe”.
Cette légère baisse récemment annoncée est un signal positif, certes, cependant, elle reste largement insuffisante pour corriger les déséquilibres profonds du secteur.
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