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Le poulet qui semblait autrefois être le refuge économique des consommateurs marocains devient progressivement un article de luxe. Malgré une timide accalmie des prix de la viande de volaille après les flambées estivales, le secteur semble toujours coincé dans une impasse économique.
Les éleveurs, visiblement désabusés, crient au scandale et appellent le Conseil de la concurrence à intervenir pour dénouer ce qu’ils appellent des « problèmes structurels majeurs » qui asphyxient la filière. À leurs yeux, des acteurs de la chaîne d’approvisionnement jouent une partition orchestrée de concert.
Les chagrins ne manquent pas : d’une part, des aliments d’une qualité souvent décriée sont proposés à des prix exorbitants, d’autre part, les couvoirs semblent s’accorder sur un tarif uniforme pour les poussins, laissant peu de marge de manœuvre, vendant des poussins et des aliments à des prix exagérés – une situation que beaucoup jugent insoutenable.
Aujourd’hui, le prix de la viande de poulet en sortie de ferme oscille de 16,5 à 19 dirhams le kilogramme, une fourchette qui s’élève à plus de 20 dirhams pour les consommateurs. Quant aux poussins, véritable épine dans le pied des éleveurs, le prix reste figé à 12,5 dirhams. Un montant bien supérieur aux tarifs d’antan, qui laisse perplexe les vétérans de la filière, où un poussin coûtait à peine six dirhams.
En réponse, le Conseil de la concurrence assure qu’il se penche sur les prix des aliments pour bétail, un premier pas en vue de creuser dans la filière avicole. « Ce dossier est crucial et touche directement au pouvoir d’achat des citoyens », affirme-t-on du côté du Conseil. Mais, les éleveurs, fatigués par tant de promesses, restent sceptiques : le Conseil sera-t-il enfin l’arbitre d’une concurrence plus loyale ou se contentera-t-il de formuler quelques vœux pieux pour calmer les esprits ?
Le prix du poulet, autrefois allié des ménages, est devenu l’illustration des contradictions économiques du Maroc. La question reste entière : le Conseil de la concurrence réussira-t-il à ramener le poulet sur la table des familles ? Ou bien faudra-t-il s’habituer à voir cette volaille s’envoler des budgets modestes, tout en alimentant les profits de quelques-uns ?
Dans le secteur avicole, la situation est décrite comme une jauge : entre le véritable coût des poussins, qui a doublé en quelques années, et celui des aliments, tout aussi élevé, les marges se réduisent dangereusement pour les éleveurs. Ces derniers estiment qu’un kilogramme de viande de poulet devrait être accessible au consommateur pour environ 15 dirhams, un prix réaliste selon eux, surtout dans un contexte de baisse internationale des prix des matières premières pour l’alimentation animale.
Pourtant, cette baisse semble avoir peu d’effet en local, les éleveurs payant leurs aliments à des tarifs encore bien élevés. Les calculs sont implacables : chaque poussin consomme approximativement quatre kilos d’aliments, avec un coût moyen de quatre dirhams par kilo. Une « équation économique impossible » qui, selon les producteurs, rend la production de poulets de chair de moins en moins viable. Dans ce contexte, la production risque de ralentir, voire de s’effondrer, si rien n’est fait pour redonner de l’oxygène à la filière.
Le secteur dénonce un marché marqué par un manque flagrant de régulation. Les soupçons d’accords entre couvoirs pour fixer les prix des poussins, principale matière première, alimentent la frustration des éleveurs. Ces derniers rappellent qu’en l’absence d’une concurrence réelle et d’une régulation adéquate, ils se retrouvent piégés dans un modèle qui les accule financièrement. La survie même de l’aviculture marocaine en dépend.
Le Conseil de la concurrence, de son côté, a récemment annoncé une étude sur les prix des aliments pour le bétail, y compris la volaille. Toutefois, l’absence de données précises sur la situation laisse planer des doutes quant à l’efficacité de cette démarche, alors que le secteur attend une action concrète. La promesse est de traiter en profondeur tous les éléments affectant la filière, des aliments aux pratiques commerciales, pour éclaircir le marché et, peut-être, alléger la pression sur les consommateurs.
Face à cette impasse, le Conseil promet de traiter en profondeur tous les aspects affectant le secteur, de l’alimentation à l’élevage, pour enfin donner un avis qui pourrait rétablir un semblant d’équité. Mais, en attendant, le consommateur, lui, continue de payer le prix fort pour ce qui devrait être un produit de base, et le secteur aviaire, autrefois symbole d’accessibilité, reste pris dans les rouages d’un marché déformé par des pratiques contestables
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