Alors que les propos jugés “sexistes” d’Abdelilah Benkirane sur le mariage des jeunes femmes continuent de susciter l’indignation, l’Organisation des Femmes du Parti de la Justice et du Développement (PJD) publie un communiqué de « clarification ». Mais loin d’éteindre l’incendie, ce texte met en lumière un discours qui, sous couvert d’équilibre, peine à convaincre les défenseurs des droits des femmes.
La tempête médiatique autour des déclarations d’Abdelilah Benkirane, secrétaire général du Parti de la Justice et du Développement, est loin de se calmer. Lors de l’ouverture du congrès régional du PJD dans la région de Souss-Massa, l’ancien chef du gouvernement a tenu des propos sur l’âge du mariage et la place des jeunes femmes qui ont été largement perçus comme rétrogrades et en décalage avec les acquis en matière de droits des femmes au Maroc.
Face à la vague d’indignation, l’Organisation des Femmes du PJD a publié un long communiqué se voulant « explicatif », insistant sur son « soutien constant à la femme » et sa « défense inébranlable de sa dignité et de ses droits sociaux, économiques et politiques ». Dans ce texte, l’organisation affirme que les propos de Benkirane ont été « sortis de leur contexte » et « déformés » dans le cadre d’« interprétations tendancieuses ».
Le communiqué insiste sur la nécessité de « trouver un équilibre entre le parcours scolaire et la stabilité familiale », tout en soulignant que les inquiétudes de Benkirane découlent d’« indicateurs alarmants » : baisse du taux de fécondité, recul du mariage, vieillissement de la population. Pour le PJD, ces constats justifieraient un « débat national responsable » et des « politiques publiques urgentes ».
Mais pour de nombreuses militantes féministes et observatrices, l’argumentaire du parti n’efface pas le fond du problème : ces propos véhiculent une vision conservatrice où l’avenir des femmes demeure trop souvent réduit à leur capacité à fonder une famille.
Dans son texte, l’Organisation des Femmes du PJD dénonce également une « indignation à géométrie variable », soulignant le silence d’une partie du mouvement féministe face à des drames concrets dans les zones rurales : privation d’eau potable, difficultés d’accès à l’éducation et aux soins, ou encore exclusion des programmes sociaux. Si l’argument peut paraître légitime, il est perçu par d’autres comme une tentative de diversion.
Dans un contexte où les droits des femmes sont au cœur de l’agenda politique et social, les déclarations de responsables publics ne peuvent plus se permettre d’être ambigües. Les appels à un « débat sérieux » et à des « politiques publiques intégrées » restent en effet inaudibles tant qu’ils ne s’accompagnent pas d’une remise en question réelle des visions patriarcales qui persistent encore dans une partie du discours politique marocain.
Loin d’éteindre la polémique, la mise au point du PJD aura eu un effet inverse : elle souligne combien la bataille des idées autour du rôle et des droits des femmes est plus vive que jamais au Maroc. Un débat de société est indispensable, mais il doit se construire sur des bases claires, sans reculs ni injonctions rétrogrades.
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