Posted by - Senbookpro KAAYXOL -
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L’université n’est ni un simple passage pour des gestionnaires éphémères, ni un tremplin pour ambitions personnelles. Elle incarne un espace collectif de savoir, une mémoire institutionnelle, et un engagement éthique durable. Sa mission dépasse les personnes : elle repose sur le travail en équipe, la rigueur scientifique et l’accumulation patiente des efforts sur le long terme. Réduire ses réussites à la seule action d’un individu, fut-il président, revient à trahir son essence même.
Entre 2014 et 2022, l’Université Ibn Tofaïl de Kénitra a connu une réelle montée en puissance. Ce progrès, notamment en physique, chimie et énergies renouvelables, s’est traduit par une présence remarquée dans les classements internationaux, comme le Times Higher Education.
Ce développement n’était pas le fruit d’un coup d’éclat, mais bien d’un investissement institutionnel structuré, d’une vision claire, et d’un climat de confiance au sein et en dehors de l’université. Une réussite collective, en somme.
Depuis 2023, on observe un glissement préoccupant : des réussites construites sur une décennie sont subitement présentées comme les fruits d’une gestion individuelle récente. Ce raccourci est non seulement inexact, mais surtout irrespectueux envers tous les acteurs ayant contribué à bâtir la réputation de l’université.
Un exemple parmi d’autres : l’élection d’un président universitaire à un poste au sein d’une association africaine a été présentée comme un exploit personnel. Pourtant, c’est bien la crédibilité de l’université elle-même — acquise sur des années — qui a permis cette reconnaissance. Les instances internationales se basent sur la valeur des institutions, non sur des individualités momentanées.
Le recours intensif aux réseaux sociaux et aux médias, centré sur la mise en avant d’un acteur unique, illustre une volonté de communication personnelle plus que de valorisation des projets académiques de fond. Cette stratégie, basée sur la mise en scène de soi, est en décalage avec l’esprit universitaire, qui exige sobriété, constance et travail collectif.
La réalité récente, hélas, est moins flatteuse que les discours. L’université a enregistré un recul notable dans le classement national de l’intégrité scientifique (RI2), où elle figure désormais en dernière position. Ce type de dégradation appelle une évaluation rigoureuse des pratiques de gestion et de leur alignement avec les standards académiques.
Parmi les signes d’un éloignement inquiétant de la vocation universitaire, l’organisation d’un festival de chant populaire (cheikhates) sur le campus a suscité de vives interrogations. Si la culture populaire a sa place dans la société, sa programmation dans un cadre académique pose question quant à la cohérence avec la mission de l’université : former, chercher, innover.
L’université n’a que faire des discours ronflants ni des images soigneusement mises en scène. Elle a besoin de dirigeants humbles, compétents, et profondément attachés à l’idée que le pouvoir est un service, non une tribune de promotion personnelle.
Il est temps de redonner à l’institution sa place centrale, de respecter son histoire et ses acteurs, et de rejeter toute tentative de personnification ou d’appropriation des réussites collectives.
Ceux qui dirigent une université ne sont que de passage. Ce qui reste, c’est l’institution, sa mémoire, sa rigueur, et son engagement envers le savoir. Prétendre que tout commence avec soi, c’est insulter ceux qui ont œuvré avant, et hypothéquer l’avenir de ceux qui viendront après.
The post Quand l’université se réduit à des individus : le cas d’Ibn Tofaïl appeared first on Hespress Français - Actualités du Maroc.
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