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L’Algérie, ce pays où la liberté de la presse est aussi fragile qu’une feuille sous un orage de propagande d’Etat fait encore des siennes. Le sénile d’à côté, tout fraîchement réélu pour un second mandat, n’aura pas perdu de temps pour rappeler qui tient les rênes en suspendant l’un des piliers médiatiques de son propre régime : Djazair Al Ghad.
Le journal, un quotidien, certes réputé pour son zèle à relayer les fantasmes complotistes du pouvoir, mais qui, cette fois-ci, semble avoir dépassé les bornes… ou plutôt, franchi la ligne rouge invisible qui sépare la propagande autorisée des informations trop dérangeantes.
Le ministère de la Communication a rapidement accusé le journal de publier des « informations trompeuses ». Quelle surprise ! Dans un climat dans lequel chaque publication semble dictée par la paranoïa d’un complot international visant la stabilité de l’Algérie, il fallait bien qu’un excès de zèle médiatique se retourne contre ses auteurs.
Djazair Al Ghad, fidèle caisse de résonance des thèses farfelues sur les tentatives de déstabilisation du pays, a vu ses responsables convoqués par le ministère de la Communication. Pourquoi ? Tout simplement pour avoir osé publier un article évoquant un « complot sioniste » visant ni plus ni moins que l’assassinat du sénile du balcon du Muppets show made in Algeria. Ah, la fameuse théorie du complot, l’argument de prédilection des régimes aux abois. Mais cette fois, l’arroseur s’est retrouvé arrosé.
Le titre de leur Une ne laissait guère place à l’ambiguïté : « Après l’opération Star Six visant à déstabiliser l’Algérie, les sionistes envisagent-ils d’assassiner le président mal nommé ? » Dans un pays où la paranoïa est érigée en système, ce type de titres sensationnalistes fait fureur. Et pourtant, contre toute attente, l’excès de sensationnalisme a fini par déplaire à ceux-là mêmes qui l’encouragent d’habitude. Serait-ce déjà le début de changement made in « BGR Group ? », la question reste posée en tout cas.
Dans une ironie des plus savoureuses, Djazair Al Ghad se retrouve donc victime de ce système qu’il a si ardemment défendu. Après avoir été convoqués, les responsables du journal ont dû s’expliquer sur le contenu d’un article qui évoquait un improbable complot à la sauce « forces du mal ». Faut-il s’étonner que ce genre de théories vienne de la part d’un journal qui a bâti sa réputation sur l’exagération et la propagation de la peur ? Peut-être pas. Mais il semble que cette fois, l’algorithme complotiste soit allé trop loin, au point de causer l’embarras au sommet de l’État.
En conséquence, le ministère de la Communication, toujours prompt à défendre une certaine idée de l’information, a suspendu purement et simplement l’impression de Djazair Al Ghad. Le communiqué officiel, quant à lui, évoque des violations des articles 3, 20 et 35 de la loi organique sur la presse écrite et électronique. Traduisons cela en termes plus simples : le journal est accusé d’avoir publié des allégations non vérifiées, et surtout d’avoir franchi cette fameuse ligne rouge en se mêlant d’un sujet aussi sensible que la survie physique du président.
Ce qui est fascinant dans cette histoire, c’est à quel point elle illustre la dégénérescence d’un système où la presse n’est plus qu’un bras armé de la propagande d’État. En Algérie, les journaux se bousculent pour prouver leur loyauté en relayant des récits de complots, sans la moindre preuve, dans une course effrénée pour apaiser les instances supérieures. Mais cette même allégeance peut se retourner contre eux, dès que la frontière du « trop-plein » de zèle est franchie. Le journal qui en a fait les frais en est la preuve même
Ce n’est pas tant le contenu en lui-même qui pose problème (après tout, les médias pro-régime sont coutumiers de ce genre d’histoires) mais plutôt le fait que Djazair Al Ghad ait osé jouer avec l’idée d’un complot contre le président, un thème apparemment jugé trop sensible à un moment aussi crucial que le début du second mandat du mal nommé et élu.
Dans ce climat dans lequel chaque mot est pesé, chaque phrase surveillée, la chute du journal n’est pas un avertissement seulement pour ses pairs, mais pour l’ensemble des médias algériens. La leçon est claire : la ligne entre zèle servile et faute impardonnable est aussi fine que l’égo des dirigeants algériens.
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