En dépit des incertitudes qui planent sur le marché mondial, le Maroc consolide sa position de plateforme incontournable pour l’approvisionnement énergétique ibérique. Le royaume confirme, mois après mois, son rôle de pivot dans les échanges énergétiques euro‑méditerranéens.
En l’espace de cinq ans, le royaume est passé d’un statut de fournisseur marginal à celui de partenaire stratégique pour l’Espagne. Les exportations marocaines d’hydrocarbures vers son voisin du Nord ont atteint un total cumulé de 671.000 tonnes depuis 2018, date à laquelle Pedro Sánchez a accédé à la présidence du gouvernement espagnol.
Les dernières statistiques de la Corporación de Reservas Estratégicas de Productos Petrolíferos (Cores), citées par la presse espagnole, confirment cette dynamique ascendante : rien que pour les cinq premiers mois de 2025, Rabat a livré 206.000 tonnes de produits pétroliers, contre à peine 39.000 tonnes sur l’ensemble de 2024. Cette hausse spectaculaire de 428 % démontre la montée en puissance du Maroc comme acteur régional fiable et compétitif.
Si la raffinerie de la Samir à Mohammédia reste à l’arrêt depuis 2016 pour des raisons financières héritées du passé, le Maroc a su capitaliser sur son positionnement géographique stratégique et sur ses infrastructures portuaires pour devenir un hub logistique incontournable. Le royaume se distingue par sa capacité à réceptionner, stocker et réexporter des produits énergétiques, répondant ainsi à une demande croissante en Europe.
Cette montée en puissance reflète également la politique volontariste des autorités marocaines. L’Office National des Hydrocarbures et des Mines (ONHYM) assure un suivi rigoureux du secteur, garantissant la fluidité des opérations et la conformité avec les normes internationales, tout en attirant de nouveaux partenaires énergétiques.
La baisse sensible des achats espagnols auprès de l’Algérie, traditionnel fournisseur de Madrid, a ouvert de nouvelles opportunités pour Rabat. Entre janvier et mai 2025, l’Espagne a réduit ses importations algériennes à 417 000 tonnes, contre 701 000 tonnes en 2024, redirigeant une partie de ses besoins vers le marché marocain.
Par ailleurs, la progression des exportations gibraltariennes et la diversification des flux confirment une recomposition des circuits énergétiques en Méditerranée, dans laquelle le Maroc s’affirme comme un partenaire de premier plan.
Certains observateurs européens évoquent la possibilité que des produits russes puissent transiter par des plateformes nord‑africaines. Sur ce point, les autorités marocaines rappellent leur engagement à respecter les réglementations internationales tout en garantissant la continuité des approvisionnements. Le royaume, en consolidant ses partenariats, joue un rôle stabilisateur dans un contexte marqué par la volatilité des marchés et les incertitudes géopolitiques.
En définitive, loin de se limiter à son marché domestique, le Maroc démontre sa capacité à s’intégrer dans les chaînes de valeur énergétiques régionales et à renforcer sa stature de hub incontournable pour l’Europe du Sud.
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