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Ceux qui ont parié que l’heure de vérité entre Paris et Alger était reportée à une date non définie, semblent être démentis par les faits. Cette heure a failli arriver le jour où les autorités algériennes, pensant sanctionner la France pour sa position sur le Sahara, ont envisagé de geler les opérations économiques et commerciales entre les deux pays. Le régime algérien a déclenché la marche arrière lorsqu’il s’est rendu compte de la portée suicidaire de la décision.
Aujourd’hui, cette heure de vérité semble arriver avec l’arrestation spectaculaire de l’écrivain franco algérien, Boualem Sansal. Il est reproché à cet intellectuel francophone de renom, d’avoir émis des vérités historiques sur le processus de formation des Etats au Maghreb, de procéder à une comparaison entre les vertus du Royaume du Maroc et les failles du régime militaire algérien.
L’arrestation de Sansal a provoqué une immense onde choc en France au sein de la classe médiatique et politique. Tous ont demandé au Président Emmanuel Macron de tout faire pour obliger les autorités algériennes à relâcher Sansal et à lui permettre de regagner la France dont il est détenteur de la nationalité par réintégration.
Cette affaire Sansal est d’une grande gravité car elle va donner lieu à un vrai bras de fer politique entre Paris et Alger. Ceux qui auscultent les arcanes de la relation entre les deux pays, qui varient souvent entre tensions et effervescences, savent que l’enjeu politique, aussi bien pour le régime Tebboune que pour le président Macron, est immense. Ou la parole présidentielle française est écoutée et cette arrestation ne sera qu’un lugubre épisode dans la longue litanie des failles et des ratages du régime algérien. Ou elle n’est suivie d’aucun effet et cela relance de manière abrasive la très tendue relation entre la France et l’Algérie.
Emmanuel Macron est dans l’obligation de réagir et de procéder à une grande clarification avec le régime algérien. Bien avant la mésaventure Sansal, de nombreuses voix étaient très actives dans une demande de sanctions face à un régime qui utilise ouvertement la haine de la France comme carburant de son existence et de sa mobilisation.
À ce moment, de nombreuses pistes de sanction avaient été évoqués. L’annulation pure et simple du fameux accord de 1968 sur l’immigration qui accorde une préférence à la main d’œuvre algérienne, un contrôle plus accru des flux financiers entre les deux pays, une remise en cause de facilités de visas accordés à la nomenclature militaire algérienne couplée d’un possible gel de leurs biens mal acquis en France.
Cette panoplie de mesures est censée être dissuasive dans le difficile dialogue en Macron et l’Algérie. Pour le mordent, elle n’est évoquée que comme dernier recours pour tenter de faire revenir à la raison un régime algérien enivré par une dangereuse fuite en avant et une irrationalité aux conséquences incalculables.
Que ce soit dans l’affaire Kamal Daoud où l’écrivain franco marocain, Tahar Ben Jelloun, membre de l’académie Goncourt, est accusé par le régime algérien d’avoir favorisé l’obtention du prestigieux prix littéraire pour assurer une visibilité médiatique à la décennie noire algérienne, ou dans le cas de l’arrestation de Boualem Sansal, le rapport avec le Maroc est au cœur des démarches algériennes. Alger n’a jamais pardonné à Paris sa reconnaissance de la souveraineté du Maroc sur son Sahara et le régime algérien cherche tous les moyens pour exprimer cette mauvaise humeur.
Sauf que cette fois avec la tranchante affaire Sansal, les deux pays arrivent à un niveau de tension et de demandes de concessions suffisamment aiguë pour provoquer cette déflagration diplomatique maintes fois reportée pour des raisons de realpolitik.
Pour le grand malheur du régime algérien, Emmanuel Macron ne pourra pas continuer indéfiniment de faire le dos rond face à ses nombreuses provocations. Lui, l’homme qui a été accusé en début de mandat à l’Elysée d’avoir été victime consentante d’un tropisme algérien sans précédent, pourra sans aucun doute être le président français qui parlera un langage de vérité et de fermeté à un régime algérien qui utilise la haine de la France et la rente mémorielle comme instrument d’existence politique.
C’est dans ce contexte qu’il faut s’attendre à ce que cette très particulière relation entre la France et l’Algérie puisse vivre des étincelles et des décisions inattendues.
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