Le lancement officiel de la campagne agricole 2025-2026 au Maroc a été marqué le 14 novembre 2025 dans la province de Larache, coïncidant avec les premières pluies de la saison, a annoncé Ahmed El Bouari, ministre de l’Agriculture, de la Pêche maritime, du Développement rural et des Eaux et Forêts. Selon lui, les préparatifs suivent un plan global visant à renforcer la dynamique du secteur tout en tenant compte des contraintes climatiques.
Dans ses réponses aux questions du parlement, le ministre a rappelé que cette campagne intervient dans un contexte difficile, marqué par plusieurs années consécutives de sécheresse et par la baisse des réserves en eau. Malgré ces défis, le secteur agricole a enregistré au cours de la saison 2024-2025 une croissance d’environ 6 % par rapport à la période précédente, confirmant l’efficacité des stratégies adoptées et le rôle central de l’agriculture pour la sécurité alimentaire et le développement économique et social.
Le gouvernement a mis en place un ensemble de mesures concrètes pour assurer un démarrage optimal de la campagne, structurées autour de deux axes principaux : le développement de la production végétale et la gestion des ressources hydriques.
Concernant la production végétale, cinq millions d’hectares de grandes cultures d’automne sont programmés, dont 4,4 millions pour les céréales principales. Le soutien aux cultures sucrières se poursuit, avec un objectif de 61.000 hectares, tandis que plus de 100.000 hectares de légumes très consommés sont prévus afin de garantir un approvisionnement continu des marchés nationaux.
Le ministère poursuit par ailleurs sa stratégie d’adaptation au changement climatique. Pour cette saison, plus de 400.000 hectares sont destinés au semis direct, avec un objectif d’atteindre un million d’hectares d’ici 2030. À ce titre, 235 semoirs ont été distribués aux coopératives et organisations professionnelles concernées. Le Programme national d’irrigation complémentaire des céréales vise également un million d’hectares à l’horizon 2030.
S’agissant des intrants agricoles, 1,5 million de quintaux de semences certifiées seront disponibles, dont 1,2 million via la société « Sonacos » à des prix subventionnés pour alléger le coût pour les agriculteurs. Par ailleurs, 650.000 tonnes d’engrais phosphatés seront fournies aux mêmes tarifs que la saison précédente. La campagne prévoit également un million d’hectares couverts par l’assurance multirisque climatique pour les céréales, légumineuses et cultures oléagineuses, ainsi que 50.000 hectares d’arbres fruitiers.
Du côté financier, le gouvernement, en coordination avec le ministère de l’Économie et des Finances, a convenu de rééchelonner les dettes des agriculteurs, avec exonération des amendes et frais de recouvrement pour les offices régionaux d’investissement agricole, notamment pour les redevances d’eau d’irrigation et contributions directes. Le Fonds de développement agricole continue de soutenir les projets d’investissement via ses mécanismes incitatifs.
Les ressources hydriques représentent un défi majeur. Au 5 décembre 2025, les barrages destinés à l’agriculture contenaient 3,87 milliards de mètres cubes d’eau, soit un taux de remplissage de 27 %, avec près de 70 % des volumes concentrés dans les bassins de Sebou et Loukkos. En conséquence, l’allocation provisoire pour l’irrigation a été fixée à 452 millions de mètres cubes, couvrant environ 8 % des besoins des principales zones irriguées, avec une régulation des quotas dans les régions du Gharb, Tadla, Moulouya, Tafilalet et Ouarzazate.
Malgré ces contraintes, le ministre a assuré que l’agriculture nationale a maintenu un approvisionnement régulier en produits essentiels. Le Maroc a été distingué par l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) lors du « Dialogue de Rome sur l’eau », en reconnaissance de l’efficacité de son modèle de gestion de l’eau et de la résilience hydrique au service de la sécurité alimentaire.
Enfin, Ahmed El Bouari a conclu en rappelant que, sous la direction du roi Mohammed VI, la préparation de la campagne agricole, la préservation du cheptel national et l’accompagnement des filières de production restent des priorités stratégiques pour garantir la sécurité alimentaire et la stabilité socio-économique. « L’agriculture ne peut prospérer sans eau, et il n’y a pas de vie sans elle », a-t-il insisté.
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