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Le polisario, sous pression interne et externe, change de discours en évoquant la possibilité d’accepter l’initiative marocaine d’autonomie pour le Sahara. Cette inflexion dénote à la fois une volonté d’apaiser les tensions au sein des camps de Tindouf et un ajustement à une dynamique internationale de plus en plus favorable au plan marocain.
Alors que le climat de contestation interne s’aggrave de jour en jour dans les camps de Tindouf, et face à une pression internationale de plus en plus forte en faveur d’un règlement urgent et réaliste du conflit autour du Sahara marocain, le soi-disant “ministre de l’Intérieur” du polisario, Brahim Bachir Boillah, a tenu des propos marquant un infléchissement notable du discours traditionnel du front séparatiste. Pour la première fois, il reconnaît que l’initiative marocaine d’autonomie fait désormais partie des options sérieusement envisagées dans le cadre de la recherche d’une solution au différend régional.
Dans une déclaration à un média algérien, Boillah a affirmé que “l’autonomie fait partie des multiples options à examiner pour parvenir à un règlement du conflit”, ajoutant que le polisario est disposé à participer à des négociations sous l’égide de l’ONU, à condition qu’elles soient “sérieuses et qu’elles débouchent sur une solution fondée sur le principe de l’autodétermination”, selon ses propres termes.
Boillah a également tenté de minimiser la portée de l’initiative marocaine, en la présentant comme une idée déjà évoquée dans d’autres contextes historiques. Il a ainsi déclaré qu’ “un projet similaire avait été proposé à l’Algérie durant sa guerre de libération, puis au polisario en 1975 par les autorités coloniales espagnoles”.
Toutefois, tant le contexte que le moment choisi pour cette sortie médiatique laissent penser qu’il s’agit, d’une part, d’une tentative de contenir l’essor du mouvement de contestation dans les camps de Tindouf, alors que la direction du polisario semble de plus en plus isolée politiquement et incapable de relancer sa thèse séparatiste. D’autre part, ces propos peuvent être interprétés comme une ouverture prudente à de nouvelles approches, portées notamment par les États-Unis, visant à accélérer un règlement fondé sur le réalisme et le pragmatisme, autour du plan marocain d’autonomie sous souveraineté nationale.
En réalité, cette déclaration publique s’apparente à un signal politique adressé aux populations des camps, que le polisario prétend représenter, afin de les préparer à une éventuelle évolution du processus. Un changement de ton devenu inévitable, après que le Maroc a réussi à affirmer son autorité sur ses provinces du Sud, grâce à une diplomatie proactive et à des projets de développement de grande ampleur, qui ont fait de sa proposition d’autonomie une référence crédible et sérieuse pour tout acteur international engagé en faveur d’un règlement politique durable au conflit.
Fin du radicalisme ?
Commentant ce tournant inédit dans le discours du polisario, Taleb Bouya Aba Hazem, l’un des notables et chefs des tribus du Sahara marocain, a souligné que les récentes déclarations de celui que l’on appelle le “ministre de l’Intérieur du polisario” concernant le statut d’autonomie comme option envisageable, “reflètent un changement profond dans le discours du mouvement, qui, pendant des décennies, a catégoriquement rejeté la proposition marocaine, en restant attaché à l’idée du référendum”. Il a ajouté que “ce changement n’est pas le fruit d’un choix volontaire, mais résulte d’une nécessité imposée par des évolutions internes et des pressions externes”.
Dans une déclaration à Hespress, le vice-président de l’Union internationale de soutien au plan d’autonomie a précisé que ce qui frappe dans ces propos n’est pas seulement leur contenu, mais aussi l’autorité qui les a tenus. En effet, “ces déclarations ont été faites par celui qui se fait appeler ministre de l’Intérieur, et non des Affaires étrangères, ce qui suggère qu’elles s’adressent davantage au public interne qu’international, dans le but d’apaiser la colère et la tension sociales grandissantes au sein des camps de Tindouf”. Il a également souligné que les conditions de vie de la population se détériorent de plus en plus, alors que l’horizon pour une solution se ferme et que l’influence du polisario sur la scène diplomatique internationale s’amenuise.
Aba Hazem a noté que la direction séparatiste se trouve aujourd’hui dans une position défensive, d’autant plus que de nombreux pays ont revu leurs positions précédentes, tandis que les soutiens à la proposition d’autonomie du Maroc, formulée en 2007, ne cessent de croître. Ce plan est désormais perçu comme une solution réaliste, crédible et conforme aux résolutions du Conseil de sécurité, tout en étant en phase avec l’approche de compromis prônée par la communauté internationale.
L’expert en relations internationales a également interprété cette déclaration comme un aveu implicite du polisario que “le droit à l’autodétermination” n’implique plus nécessairement l’indépendance. Il a ajouté que l’autonomie sous souveraineté marocaine est désormais une proposition discutée, même au sein des camps de réfugiés. “Cet assouplissement du discours vise principalement à limiter les fractures internes et à éviter une plus grande marginalisation internationale, notamment avec les appels croissants pour classifier le polisario comme une organisation menaçant la paix et la sécurité régionales”, a-t-il précisé.
Aba Hazem a souligné que la dynamique diplomatique menée par le Roi Mohammed VI et les gains politiques réalisés par le Maroc sur les scènes continentale et internationale ont joué un rôle crucial dans ce tournant. Il a notamment évoqué les récentes déclarations du conseiller du président américain, qui ont clairement exprimé l’engagement des États-Unis en faveur de la vision du Roi Mohammed VI et du président Donald Trump, selon laquelle l’initiative d’autonomie représente le cadre exclusif pour résoudre le conflit.
Et d’insister sur le fait que “la majorité de la population du Sahara vit dans son pays et soutient massivement l’initiative marocaine comme la seule issue possible pour mettre fin à ce conflit artificiel”. Il a ajouté que “ le recul du polisario par rapport à son discours précédent n’est qu’un nouvel indice de la fin imminente d’un conflit qui a trop duré et qui a privé la région de sa contribution au développement et à l’intégration maghrébine souhaitée”.
Positions contradictoires
Le chercheur académique spécialisé dans les questions de développement et de territoire, Saïd Bouchakouk, est d’avis, quant à lui, que les récentes déclarations du “ministre de l’Intérieur du Polisario” reflètent la confusion et les contradictions qui caractérisent le discours politique du mouvement, surtout depuis qu’une conviction internationale s’est formée sur la nécessité de résoudre le conflit régional artificiel concernant le Sahara marocain par une solution politique réaliste et négociée. Il précise que “cette oscillation est une preuve évidente que la direction du polisario ne dispose pas d’une autonomie de décision, mais s’aligne complètement sur les positions du régime militaire algérien, le principal soutien de cette entité séparatiste”.
Dans des déclarations accordées à Hespress, Bouchakouk a ajouté que l’initiative marocaine d’accorder une autonomie aux provinces du Sud, sous souveraineté nationale, représente un tournant décisif dans le cours de ce conflit. Il s’agit d’une initiative sérieuse et réaliste qui, depuis sa proposition en 2007, a bénéficié d’un soutien international continu, avec un appui croissant de puissances mondiales majeures. Il souligne que “la formulation de cette proposition a été réalisée dans le cadre d’une approche participative et démocratique, en harmonie avec les réformes institutionnelles entreprises par le Royaume et inspirée par les expériences internationales réussies”.
En analysant le timing et le contexte, l’expert en questions du Sahara a estimé que “les déclarations de la direction du polisario, notamment celles du soi-disant ministre de l’Intérieur, sont avant tout destinées à “la consommation interne”, dans le but de tenter de contenir la rébellion croissante au sein des camps de Tindouf, qui connaissent une situation sociale difficile et un mécontentement grandissant parmi la population”. Il explique que “ce discours ne constitue qu’un moyen de diffuser des messages temporaires pour éviter une explosion sociale, dans un contexte de fracture grandissante entre la direction isolée et la communauté locale dispersée à travers les camps”.
Bouchakouk a également insisté sur le fait qu’il devient de plus en plus évident que le discours en faveur de l’indépendance est en déclin, avec un soutien international de plus en plus restreint, tandis que l’appui à l’initiative d’autonomie comme solution définitive au conflit ne cesse de croître, notamment de la part des États-Unis, de la France, de l’Espagne, de l’Allemagne et d’autres pays influents dans la prise de décisions internationales. Il souligne que “cette proposition concilie le droit à l’autodétermination au sein de la souveraineté nationale et est en ligne avec les résolutions de la légalité internationale”.
Il a aussi fait observer que les mutations géopolitiques dans la région du Sahel et du Sahara, ainsi que les menaces sécuritaires croissantes, font de l’initiative marocaine la meilleure option pour assurer la stabilité régionale. Il considère que “la position d’inaction adoptée par la direction du polisario et le régime algérien traduit un isolement croissant et une incapacité à s’adapter aux évolutions majeures de la situation”.
En conclusion, Saïd Bouchakouk estime que ce discours de la direction du polisario vise à donner l’apparence d’une volonté de répondre aux attentes de la communauté internationale et à se présenter comme un acteur ouvert au dialogue. Toutefois, selon lui, “ce qui est sous-jacent reflète un échec diplomatique et un blocage des perspectives pour la direction du polisario, face à la dynamique diplomatique du Maroc, qui conforte la position du Royaume sur la scène internationale et met à mal le discours séparatiste sur tous ses fronts”.
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