Depuis le 1 er juillet 2025, les usagers des transports en commun à Rabat, Salé et Témara font face à une augmentation des tarifs des tickets de bus et de tramway, variant entre 0,5 et 1,50 dirham. Une décision qui provoque un mécontentement généralisé, notamment chez les étudiants, les travailleurs à revenu modeste et les fonctionnaires, principaux utilisateurs quotidiens de ces moyens de transport.
Dans ce contexte tendu, la dépitée Fatima Tamni, élue sous la bannière de la Fédération de la Gauche Démocratique (FGD), a interpellé le ministre de l’Intérieur, Abdelouafi Laftit par le biais d’une question écrite. Elle y exprime l’incompréhension de nombreux citoyens face à cette hausse jugée « non justifiée », surtout au regard de la qualité actuelle du service.
« Les plaintes se multiplient concernant la surcharge des véhicules, les retards fréquents et l’absence de conditions de sécurité et de confort à bord », souligne la parlementaire. Selon elle, ces dysfonctionnements ne sauraient en aucun cas justifier une révision tarifaire à la hausse. Elle estime que, dans le climat actuel marqué par une flambée généralisée du coût de la vie, toute augmentation touchant les services essentiels représente une menace directe à la stabilité sociale et une atteinte au pouvoir d’achat déjà fragilisé.
Dans sa requête adressée au ministre, Tamni exige des explications claires quant aux motivations de cette décision, s’interroge sur sa légalité et sa légitimité sociale, et appelle à la mise en œuvre de mesures concrètes pour revoir cette augmentation « inéquitable ». Elle insiste également sur l’urgence d’améliorer les prestations offertes dans les transports publics, dans le respect de la dignité et des contraintes quotidiennes des passagers.
Une hausse prévue par contrat, selon un élu local
Face aux critiques, Abdellatif Soudou, membre du conseil communal de Salé et de l’institution de coopération intercommunale de la capitale, apporte des éléments de contexte. Il explique que cette augmentation tarifaire n’est pas le fruit d’une décision improvisée, mais qu’elle figure dans le contrat de gestion déléguée conclu avec l’entreprise Alsa, en charge du transport par bus dans la région. À l’origine, cette clause n’avait pas été appliquée, ce qui aurait entraîné des pertes financières pour l’entreprise.
Dans une publication Facebook datée du 2 juillet, Soudou, élu du Parti de la justice et du développement (PJD), revient sur les discussions tenues au sein de l’institution de coopération. Celles-ci portaient notamment sur l’équilibre économique du contrat liant les collectivités à l’exploitant. Une étude sur la mobilité urbaine dans l’agglomération a ainsi été commandée sous la supervision des autorités. Elle a abouti à plusieurs recommandations, dont l’acquisition de nouveaux véhicules et la création de lignes de Bus à Haut Niveau de Service (BHNS).
Il souligne par ailleurs une évolution dans l’approche contractuelle. Désormais, l’acquisition des bus et BHNS ne relèvera plus des entreprises exploitantes, mais des collectivités territoriales et des institutions de coopération intercommunale. Cette démarche s’inspire du modèle de gestion du tramway, où le matériel roulant est propriété publique et seul l’exploitation est confiée à des opérateurs privés.
Toujours selon Soudou, la hausse des prix s’accompagne d’un vaste programme d’investissements, financé par l’État, pour renforcer et moderniser l’offre de transport. Cela inclut l’achat de nouveaux bus, la mise en place de lignes supplémentaires et le renforcement du réseau via des bus de haute qualité, venant compléter les trajets assurés par le tramway.
Vers un système unifié et intégré
Autre changement majeur : la centralisation de la gestion du transport urbain sous l’égide d’un seul opérateur, la Société de Transport de Rabat Région (RRM). Celle-ci a reçu délégation de la part de l’institution de coopération intercommunale et est désormais chargée de coordonner l’ensemble des réseaux – bus classiques, BHNS et tramway – dans une logique de complémentarité.
Selon Soudou, ce modèle intégré devrait produire des effets bénéfiques à moyen terme. Il annonce notamment l’introduction d’un ticket unique valable pour tous les modes de transport urbain, une mesure attendue par de nombreux usagers. Il mentionne également le projet de Réseau Express Régional (RER), qui vise à exploiter les lignes ferroviaires existantes pour offrir un service de transport urbain rapide et efficace.
Pour conclure, l’élu local affirme que, malgré les critiques suscitées par les hausses actuelles, le chantier du transport public dans la région de Rabat-Salé-Témara progresse dans la bonne direction. « Il y a certes des augmentations, mais elles s’inscrivent dans un cadre plus large d’investissements structurants », assure-t-il.
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