Des sources bien informées ont révélé à Hespress que les services des renseignements et d’analyse des risques, relevant du département de la prévention de l’Administration des douanes et impôts indirects (ADII), ont entamé l’analyse de données provenant de vidéos et d’extraits filmés diffusés par des Marocains, aussi bien établis au Maroc qu’à l’étranger – notamment en Chine – via les réseaux sociaux, dans un contexte marqué par des menaces de confrontation entre de grands réseaux de contrebande.
Selon les mêmes sources, ces contenus comportaient des informations précises sur l’existence de failles majeures au sein du dispositif de contrôle douanier aux frontières, exploitées pour faire passer d’importantes quantités de marchandises contrefaites de type « High Copy ». Ces produits ont ensuite été écoulés sur les étals de marchés locaux réputés, en particulier à Casablanca.
Les sources de Hespress précisent que les services de contrôle central de l’administration des douanes ont déclenché une mobilisation générale des unités de surveillance relevant des directions régionales, dans le cadre d’une opération d’audit interne parallèle visant à examiner en détail les procédures et mécanismes de contrôle des marchandises ainsi que les documents d’importation correspondants. Cette opération cible prioritairement les flux transitant par les ports de Tanger Med et de Casablanca, ainsi que par l’aéroport international Mohammed V.
D’après les mêmes sources, l’audit portera principalement sur la vérification d’informations signalant des manipulations opérées par certains importateurs sur des factures et des déclarations douanières, dans le but de faciliter l’entrée frauduleuse de grandes quantités de vêtements prêt-à-porter contrefaits, portant des marques internationales, notamment dans le secteur des chaussures de sport.
Les sources bien informées soulignent que les vérifications se concentreront, dans un premier temps, sur les importations en provenance de Hong Kong et de Chine. Elles ajoutent que les résultats des audits en cours pourraient entraîner la mise en cause de hauts responsables douaniers, au vu de la prolifération constatée de marchandises contrefaites sur les marchés locaux et du volume des saisies opérées lors des opérations de terrain, aussi bien au sein des marchés que sur les axes de circulation des marchandises entre les différentes villes.
Ces mêmes sources précisent que les services centraux de contrôle ont reçu des rapports confidentiels, émanant de commerçants et d’intermédiaires marocains opérant à l’étranger – notamment en Chine – dans lesquels figurent les noms de trafiquants présumés, les adresses de boutiques spécialisées dans la commercialisation de produits contrefaits à Casablanca, Tanger et Agadir, ainsi que des entrepôts de stockage situés à divers endroits entre Casablanca et Rabat, en particulier à Mohammedia, El Jadida et Témara.
Les enquêtes et investigations sont actuellement en cours afin de vérifier la véracité des informations recueillies et de déterminer les liens des trafiquants avec des agents et complices ayant facilité leurs activités via les points de passage frontaliers.
Selon les révélations des sources de Hespress, les agents des douanes ont également réussi, en suivant les traces numériques des contrebandiers sur les réseaux sociaux – notamment sur l’application TikTok – à localiser et saisir d’importantes quantités de marchandises contrefaites, commercialisées à des prix élevés sous l’appellation de « copies de haute qualité ». Il s’est avéré que certains de ces articles étaient fabriqués localement, dans des unités de production clandestines identifiées en périphérie de Casablanca, et concernaient des marques très répandues à l’international, commercialisées à bas prix à l’étranger, notamment en Espagne.
Les investigations ont permis de révéler que ces ateliers clandestins exploitaient des tissus légalement importés par des entreprises du secteur textile pour confectionner des modèles contrefaits, actuellement exposés à la vente dans des magasins censés proposer des produits authentiques.
Il convient de rappeler que les services de l’administration des douanes ont, en une seule année, intercepté un total de 2.021.886 articles contrefaits, selon les dernières statistiques officielles. Cette dynamique s’inscrit dans le cadre des efforts d’adaptation aux évolutions du commerce électronique, en particulier les ventes via les réseaux sociaux. Le volume des saisies de marchandises contrefaites a enregistré une hausse annuelle de 11 %, pour une valeur globale estimée à 19,9 millions de dirhams. En parallèle, l’administration douanière a traité 622 demandes de suspension de la libre circulation de produits suspectés d’être contrefaits, enregistrant un recul par rapport à l’année précédente où 682 demandes avaient été traitées.
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