Après la chute du régime de Bachar Al-Assad le 8 décembre dernier, désormais entre les mains des factions armées de l'opposition syrienne, le sort des bases russes de Tartous et de Hmeimim, qui luttaient contre le terrorisme conformément aux accords officiels de coopération avec l'ancien régime semble prendre une autre tournure. Dans le but de remodeler sa structure militaire dans la région méditerranéenne, la Libye semble être l'alternative à laquelle Moscou va recourir pour transférer ses forces et équipements militaires présents en Syrie au cas où les négociations qu'elle mènerait avec le nouveau gouvernement de la Syrie échoueraient.
En effet, de nombreux médias internationaux ont diffusé des informations confirmant ce scénario possible, et peut-être le journal américain '' Wall Street Journal'' a-t-il été le premier à publier des informations selon lesquelles la Russie avait transféré des systèmes de défense aérienne avancés et d’autres équipements sophistiqués de ses bases en Syrie vers la Libye. Le même journal indique que des avions cargo russes ont transporté du matériel de défense aérienne, notamment des radars pour les systèmes d'interception S-400 et S-300, depuis la Syrie vers des bases de l'est de la Libye contrôlées par le commandant en chef de l'Armée nationale libyenne (ALN), le maréchal Khalifa Haftar.
Par ailleurs, le journal américain rapporte que l'administration du Kremlin cherche désormais à renforcer sa présence en Libye et étudie la possibilité de développer ses installations à Tobrouk pour recevoir des navires de guerre russes en provenance de la base navale de Tartous à Lattaquié. Toutefois, des sources libyennes ont déjà confirmé l'arrivée de plusieurs navires militaires et frégates au port de Tobrouk. Des satellites américains ont également surveillé une activité aérienne inhabituellement élevée entre la Syrie et la Libye et, selon un rapport du ''Middle East Monitor'' citant ''Reuters'', un avion-cargo russe avait décollé le 14 décembre de la base aérienne russe de Hmeimim, dans la ville de Lattaquié, en direction de la Libye.
Certains experts en sécurité estiment que l’augmentation de l’ampleur et de la force de l’influence militaire russe en Libye augmentera sa capacité à lutter contre le terrorisme dans la région du Sahel et en Afrique du Nord, ce qui renforcera sa position vis-à-vis de ses alliés. Dans le même temps, l'augmentation des capacités militaires de la Russie en Libye profitera grandement aux pays voisins alliés de Moscou, notamment l'Algérie, considérée comme un partenaire majeur de la Russie sur les plans militaire et politique, et qui se retrouvera dans une meilleure situation sécuritaire avec la croissance de l'influence russe chez le voisin libyen.
Malgré toutes ces répercussions aux allures positives que pourrait entraîner le renforcement de la présence russe en Libye, le chef du gouvernement intérimaire, Abdel Hamid Dbeibah, a refusé l’entrée dans son pays de tout équipement ou force militaire russe depuis la Syrie. Il convient également de noter que le gouvernement Dbeibah a continué à signer des accords souverains avec la Turquie et certains pays européens tout au long de son mandat temporaire.
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