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Pour un Maroc prospère et juste, une réelle concurrence économique et une transparence accrue sont plus que jamais indispensables, a affirmé une récente analyse publiée par le think tank américain « Atlantic Council » spécialisé dans les relations internationales.
L’analyse baptisée « Le gouvernement marocain doit favoriser une plus grande concurrence économique » et élaborée par Rabah Arezki, ancien vice-président de la Banque africaine de développement (BAD), met en exergue le rôle central de la concurrence dans la dynamisation de l’économie marocaine, notamment au sein des secteurs stratégiques. Voici ce qui ressort de ce document.
Evolution de la liberté : Un parcours ambivalent
Au cours des trois dernières décennies, le Maroc a enregistré des avancées significatives dans ses institutions, comme en témoigne l’évolution de l’Indice de liberté. Tandis que le pays a navigué à travers le Printemps arabe, il a réussi à maintenir une amélioration de ses indicateurs, se démarquant ainsi d’une région MENA marquée par un recul général depuis 2013, avec un écart de plus de onze points à son avantage. Néanmoins, plusieurs domaines nécessitent encore des réformes approfondies pour établir des institutions véritablement libres et transparentes.
L’indice économique a connu un changement notable en 2004, avec une hausse de plus de huit points, montrant une rupture par rapport à ses voisins. Ce bond est essentiellement attribué à l’adoption de la Moudawana, un Code de la famille révolutionnaire qui a élargi les droits économiques et civils des femmes, touchant des aspects tels que le mariage, le divorce, et l’accès au travail et au crédit.
Traditionnellement ouvert au commerce international, le Maroc a signé un accord d’association avec l’Union européenne en 2000, établissant une zone de libre-échange et boostant ses exportations. Cependant, cette concentration sur l’Europe a freiné son intégration économique avec les pays du Moyen-Orient et d’Afrique. L’adhésion à l’Accord de libre-échange continental africain en 2018 devrait cependant dynamiser ses échanges avec le reste du continent dans les années à venir.
Cependant, la réalité du marché marocain reste entachée d’une forte concentration sectorielle, en particulier dans les segments non marchands, limitant la compétition équitable. Pour encourager la productivité et la création d’emplois, il est crucial de garantir une concurrence équilibrée.
Sur le plan politique, le Maroc présente une structure complexe. La nouvelle Constitution adoptée à la suite du Printemps arabe visait à renforcer la démocratie, l’indépendance judiciaire, et la protection des droits des femmes et des minorités. Bien que les scores d’indépendance et d’efficacité judiciaire aient progressé, la centralisation du pouvoir demeure problématique. Si les droits politiques y sont mieux protégés que dans d’autres pays de la région, ils restent en deçà des standards internationaux. La liberté d’expression, bien que reconnue, est souvent entravée, empêchant les médias de jouer pleinement leur rôle de contrôle sur les affaires publiques.
D’un autre côté, les efforts pour réduire l’informalité témoignent d’une volonté des autorités d’intégrer l’économie informelle au système formel, mais ce défi demeure complexe. La persistance de la pauvreté, surtout en milieu rural, souligne la nécessité d’adopter une approche inclusive plutôt que coercitive, facilitant l’accès au secteur formel et contribuant à une prospérité partagée.
Evolution de la prospérité : Des améliorations évidentes
Depuis 1995, l’évolution de l’indice de prospérité révèle une amélioration notable du niveau de vie au Maroc, réduisant ainsi l’écart avec la moyenne de la région MENA. Toutefois, il convient de souligner que cette moyenne intègre des pays riches en pétrole et moins densément peuplés, principalement les monarchies du Golfe, ce qui contribue à maintenir cette disparité.
Un élément clé ayant renforcé la cohésion sociale et la protection des minorités au Maroc est la reconnaissance de la langue berbère comme langue officielle en 2011. Cette avancée historique a engendré des retombées positives, bien qu’il reste à déterminer son effet sur la diminution des inégalités régionales à moyen terme.
En revanche, des inégalités régionales significatives persistent dans des domaines tels que le revenu, l’éducation et la santé. La prospérité économique des dernières décennies a surtout profité aux populations urbaines, attirant la majorité des investissements et des politiques publiques, laissant d’importantes poches de pauvreté dans les zones rurales.
Le système éducatif illustre cette dualité, l’accès à l’éducation primaire est désormais universel, mais la qualité de l’enseignement varie largement, étant nettement inférieure en milieu rural par rapport aux zones urbaines. Ce constat est similaire dans le secteur de la santé, où des disparités marquées entre les zones urbaines et rurales demeurent problématiques.
La voie à suivre pour le développement économique du Maroc
Bien que le Maroc ait réalisé des avancées significatives dans sa transformation économique, des déséquilibres persistent. D’une part, certaines régions connaissent une croissance rapide, tandis que d’autres, notamment les zones rurales, demeurent confrontées à une pauvreté aiguë. En 2021, le pays a initié un nouveau modèle de développement axé sur la valorisation du capital humain et l’inclusion sociale, mais la croissance économique reste modeste et le niveau d’endettement élevé limite les marges de manœuvre budgétaires.
Pour éviter de tomber dans le piège des revenus intermédiaires, caractérisé par la faible croissance et la pauvreté persistante, le Maroc doit renforcer la concurrence et la structure du marché. Le secteur des télécommunications illustre bien les abus anticoncurrentiels qui entravent la qualité des services offerts.
L’absence d’accès à des technologies essentielles, comme un Internet abordable, complique également la situation, exacerbant les disparités entre zones urbaines et rurales. Les pratiques de clientélisme et de recherche de rentes doivent être combattues pour favoriser un environnement d’investissement dynamique.
De plus, le Maroc doit améliorer sa transparence gouvernementale et la divulgation de données pour stimuler la contestabilité sur les marchés. En promouvant une concurrence forte et en renforçant la transparence, le Maroc pourra mieux orienter son développement vers une croissance durable et inclusive.
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