Posted by - Senbookpro KAAYXOL -
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À l’approche des prochaines élections législatives, les attentes se cristallisent autour des changements qu’apporteront les nouveaux projets de lois consacrés aux partis politiques, à la Chambre des représentants et aux listes électorales générales. Beaucoup s’interrogent sur l’effet que ces textes pourront avoir sur certaines pratiques bien ancrées dans le paysage électoral marocain, en particulier le phénomène du « nomadisme politique » ou encore « transhumance politique ».
Pour de nombreux spécialistes du champ politique et partisan, il s’agit d’une pratique « difficile à encadrer juridiquement », même avec des dispositions plus strictes. Et pour cause : les raisons qui nourrissent le nomadisme politique demeurent bel et bien présentes dans la scène politique nationale.
Abbas El Ouardi, professeur de droit public à l’Université Mohammed V de Rabat, rappelle que « le phénomène de transhumance politique ne se limite pas au Maroc ». Selon lui, il s’agit « d’une tendance mondiale, qui n’est pas propre à un modèle politique ou électoral particulier ». À chaque cycle électoral, explique-t-il, « dès que les élections législatives ou locales approchent, certaines catégories d’acteurs électoraux se ruent pour changer de parti, convaincues que ce passage leur permettra de mieux se positionner ou d’augmenter leurs chances de gagner, une vision construite selon leur propre prisme, étroit et personnel ».
Dans une déclaration à Hespress, El Ouardi souligne que « les nouveaux projets de lois électorales pourraient compliquer la transhumance », sans pour autant l’endiguer totalement. « D’autres moyens restent à la disposition des acteurs concernés pour se redéfinir ou changer de couleur politique », précise-t-il. À ses yeux, « la question est d’abord morale : plus un élu dispose d’un sens élevé de l’éthique politique, moins il est enclin à adopter ce type de comportements ».
Le professeur poursuit en détaillant les motivations à l’origine de ce phénomène. Certaines renvoient, dit-il, « à la conscience et aux convictions politiques de l’acteur », tandis que d’autres se rattachent clairement « à des agendas personnels ». À cela s’ajoute l’existence, selon lui, de « créatures électorales ou d’individus cherchant à modifier leur identité politique ». Il rappelle également que plusieurs élus « ne possèdent ni histoire politique ni parcours partisan structuré ; leur force réside plutôt dans une présence locale ou une popularité ponctuelle au sein de leur circonscription ».
El Ouardi considère enfin que le nomadisme politique reste « un phénomène limité, au Maroc comme ailleurs », et qu’il touche essentiellement « des personnes ou profils spécifiques ». De son point de vue, « son impact sur la carte politique demeure très faible. Les grands partis disposent de bases militantes solides, composées de membres formés et profondément attachés à leur idéologie. Ils veillent à ce que ces militants ne deviennent pas de simples créatures électorales passagères ».
Le politologue Mohamed Chaker partage un constat différent mais complémentaire. Pour lui, la racine du phénomène réside d’abord dans « l’érosion du lien idéologique entre les membres et leurs partis ». Il observe que « l’ancienne relation fondée sur la solidarité, l’engagement et l’attachement profond à la pensée partisane s’est largement affaiblie ». Ce recul, affirme-t-il, « explique la facilité croissante avec laquelle un membre peut passer d’un parti à un autre ».
Dans une déclaration à Hespress, Chaker note que « les nouveaux projets de lois électorales n’abordent pas réellement cette problématique et n’apportent rien de véritablement dissuasif ». Il estime que les dynamiques restent « régies par la relation traditionnelle entre dirigeants et candidats ». Le parti, rappelle-t-il, « cherche un candidat capable de décrocher un siège et de consolider sa présence sur la scène politique », tandis que le candidat vise « la formation qui lui accordera l’investiture la plus susceptible de lui garantir la participation et la victoire ».
Il poursuit son analyse en soulignant que « le passage de certains membres d’un parti à un autre s’explique parfois par la faible marge de victoire au sein de leur formation d’origine ». Dans certaines circonscriptions, précise-t-il, « la présence d’un grand nombre de candidats solides réduit considérablement leurs chances. Ils estiment alors qu’un changement de parti pourrait augmenter leurs perspectives de succès et les prémunir contre la défaite ».
Pour Chaker, l’essentiel ne se joue pas dans les discours, les promesses ou les surenchères. Il estime que « la question électorale décisive repose sur la réalité du terrain : les résultats des campagnes, le niveau de concurrence entre les candidats dans chaque circonscription, et le vote effectif des électeurs ». Ce sont ces éléments, conclut-il, « qui détermineront véritablement le classement des partis et celui qui occupera la première place, et non le choix d’un membre de changer ou non de bannière politique ».
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