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Un récent rapport met en lumière les lacunes du Maroc dans la gestion du tremblement de terre survenu le 8 septembre 2023, révélant les retards accumulés dans le dépassement de cette crise un an après le drame.
Publié par le Centre Africain d’Études Stratégiques et Techniques, le rapport intitulé « Évaluation des impacts économiques et sociaux du tremblement de terre d’Al Haouz, la région d’Ighil comme modèle » dévoile une série de dysfonctionnements ayant entravé l’efficacité des mesures prises. Il met également en exergue les défis rencontrés dans divers secteurs, soulevant des questions sur la préparation du pays face à de telles catastrophes.
Besoin d’une stratégie nationale de gestion des catastrophes
Le document insiste sur l’urgence pour le Maroc d’adopter une stratégie de gestion des catastrophes claire et mise à jour, soulignant que le royaume fait partie des nations les plus exposées aux aléas naturels dans la région. Les pertes annuelles liées à ces catastrophes dépassent fréquemment les 800 millions de dollars. Cependant, une réponse adaptée fait encore défaut.
Retards et faiblesses dans le relogement des sinistrés
L’un des points les plus frappants concerne les retards dans le processus de relogement des victimes du séisme d’Al Haouz. Un an après la catastrophe, de nombreuses familles vivent encore dans des logements dangereux ou sous des tentes de fortune, faute d’avancée dans la reconstruction. À peine 1000 maisons ont été rebâties, en raison d’une interruption prolongée des travaux.
Par ailleurs, des problèmes administratifs ont privé plusieurs sinistrés de l’aide qui leur était due. Certains dossiers ont été rejetés en l’absence de réception d’un numéro d’identification envoyé par SMS. Le rapport dénonce également la décision des autorités de laisser aux habitants la responsabilité de démolir leurs maisons, sans leur fournir les ressources nécessaires, notamment dans les zones où l’accès des engins de démolition s’avère difficile.
Compensations injustes et mauvaise organisation des aides
Le rapport critique sévèrement les inégalités dans l’attribution des compensations, soulignant que des familles nombreuses ont été relogées dans des habitations de moins de 70 mètres carrés, ne respectant ni les normes architecturales ni les attentes des sinistrés en matière de matériaux de construction. En outre, la méthodologie de distribution des aides est jugée chronophage et mal organisée, obligeant les sinistrés à patienter entre les différentes tranches de versement, souvent conditionnées par des inspections longues et laborieuses.
Cadre législatif et juridique inadéquat
Le cadre législatif marocain pour la gestion des catastrophes, bien qu’existant, présente des lacunes importantes. Le rapport pointe notamment l’absence de définition précise du risque naturel et le manque de clarté concernant les garanties et responsabilités en cas de catastrophe. La multiplicité des intervenants affaiblit la coordination, rendant les réponses fragmentées et peu efficaces. De plus, les lois en vigueur sont souvent adoptées dans l’urgence, sans véritable stratégie d’ensemble.
Faiblesses techniques et manque de coordination
Sur le plan technique, le rapport met en évidence la fragilité des infrastructures de gestion des catastrophes au Maroc. L’absence de systèmes de vigilance et d’alerte précoce efficaces affaiblit considérablement la capacité du pays à réagir rapidement. Le système « MPRA », pourtant crucial pour l’analyse des risques, reste sous-utilisé. De plus, le Centre de veille et de coordination (CVC) souffre d’un financement insuffisant et d’un manque de représentation locale, réduisant ainsi son efficacité sur le terrain.
La Direction générale de la protection civile, quant à elle, fait face à des ressources limitées et mal réparties, tandis que les bases de données de surveillance des risques demeurent obsolètes et fragmentées.
Faiblesse du secteur associatif
Le rapport soulève également le manque de dynamisme du secteur associatif dans la région touchée. Peu d’organisations humanitaires actives ont répondu à l’appel. Les associations présentes manquaient de structure et d’organisation, ce qui a eu un impact négatif sur la gestion de la crise. En outre, le manque de compétence au sein de ces organisations a freiné leur capacité à agir efficacement en situation d’urgence.
Absence de planification stratégique
Les efforts du Maroc en matière de gestion des catastrophes semblent s’être concentrés uniquement sur des aspects techniques, négligeant la planification stratégique à long terme. Le rapport insiste sur la nécessité de développer une stratégie nationale intégrée, en adéquation avec le cadre de « Sendai » pour la réduction des risques de catastrophe. Cela permettrait de renforcer la préparation du pays face aux futures crises.
Problèmes de gestion financière
En matière de gestion des financements, le rapport déplore l’opacité dans l’affectation des budgets pour la gestion des risques naturels, ainsi qu’un manque de transparence dans les programmes dédiés. Les financements alloués n’ont pas eu l’effet escompté, bénéficiant à un nombre limité de sinistrés. Le rapport recommande de créer un fonds national pour renforcer la résilience du pays face aux catastrophes.
Bilan du séisme du 8 septembre 2023
Le séisme dévastateur qui a frappé le Maroc le 8 septembre 2023, avec une magnitude de 6,8 sur l’échelle de Richter, a causé la mort de près de 3000 personnes et a détruit plusieurs villages. Ce drame souligne l’urgence pour le royaume de repenser sa gestion des catastrophes naturelles et d’adopter des mesures plus efficaces pour protéger ses populations.
The post Un an après le séisme d’Al Haouz : Lacunes, retards et failles dans la gestion de la crise appeared first on Hespress Français - Actualités du Maroc.