Posted by - support -
on - Apr 11 -
Filed in - Society -
-
29 Views - 0 Comments - 0 Likes - 0 Reviews
Le paysage linguistique marocain a évolué sous l’influence de divers facteurs historiques, culturels et politiques, créant une pluralité linguistique distinctive. Cette diversité, bien que riche, pose des défis complexes à sa gestion et impacte l’identité nationale, exacerbée par l’absence d’équilibre dans le développement des langues et le manque d’une politique linguistique cohérente, a affirmé une récente étude publiée par le Centre Démocratique Arabe.
Sous le titre « Le plurilinguisme au Maroc et les problématiques identitaires », l’étude élaborée par la chercheuse Nadia Kdada a mis en lumière la richesse linguistique du Maroc et les enjeux qu’elle soulève, notamment en ce qui concerne son influence sur l’identité nationale.
Elle a précisé que « le Maroc, grâce à sa position géopolitique et son histoire riche, est devenu un carrefour pour de nombreuses populations et un point d’influence des grandes civilisations comme les phéniciens, les romains, les byzantins, les chrétiens, les arabes et les musulmans. Cette dynamique a engendré à la fois des confrontations et des périodes de coexistence avec les populations amazighes, entraînant un mixte culturel ».
En effet, l’identité linguistique du Maroc, complexe et façonnée au fil des siècles, repose sur une riche diversité linguistique. Parmi les langues qui composent cette identité, les langues amazighes se distinguent par leur importance culturelle. Ces langues, notamment les dialectes tarifit, tachelhit et tamazight, ont principalement une tradition orale et constituent un élément fondamental du patrimoine culturel marocain, témoignant de l’histoire et des traditions des peuples autochtones, a expliqué la chercheuse.
En parallèle, la langue arabe, notamment sous sa forme littéraire, a émergé comme un pilier central de la culture marocaine. Par ailleurs, les langues étrangères, en particulier le français et l’espagnol, héritées des périodes coloniales, occupent une place significative dans la vie quotidienne du pays.
Kdada a rappelé que le français, en particulier, s’est solidement ancré dans les sphères économiques et administratives, faisant partie intégrante du paysage linguistique. Quant à la langue anglaise, bien que relativement récente dans son adoption, prend de plus en plus d’importance, surtout dans le secteur de l’éducation privée et la recherche, a-t-elle poursuivi.
Par ailleurs, la chercheuse a affirmé que le parcours de reconnaissance de l’amazigh représente une nouvelle étape dans la reconfiguration de l’identité linguistique marocaine, visant à redéfinir la hiérarchie des langues au sein de la société.
Selon la chercheuse, la constitution marocaine actuelle offre un cadre légal prometteur pour la gestion du plurilinguisme. Toutefois, elle a constaté que la mise en pratique diverge fréquemment des principes constitutionnels, mettant en lumière des violations et contribuant à un paysage linguistique complexe, dominé par quatre éléments principaux, à savoir l’arabe, le dialecte, l’amazigh et le français.
De plus, Kdada a noté que le traitement des enjeux linguistiques a souvent été entaché de confusions entre considérations raciales, ethniques et académiques, exacerbées par des conflits politiques et culturels. S’ajoute à cela la tendance à une une arabisation totale, visant à substituer l’arabe littéraire au français et à éradiquer les dialectes locaux, s’est imposée dans divers secteurs vitaux, prétendant corriger les conséquences des politiques coloniales qui avaient tenté de fragmenter l’unité nationale.
La chercheuse a ainsi souligné la nécessité d’ériger une politique linguistique qui garantit aux langues nationales leur droit de prééminence sur leur espace et leur territoire, en tant qu’incarnations des identités et des environnements culturels. Elle a affirmé que cette politique nationale doit reconnaître les droits respectifs de l’arabe et de l’amazigh, en les intégrant dans la planification de l’ensemble des domaines de la vie sociale.
Elle a également recommandé la création d’institutions linguistiques supplémentaires, idéalement réparties sur tout le territoire national et rassemblées sous un organe unique. Par ailleurs, elle a encouragé la production littéraire à travers l’élaboration de dictionnaires bilingues. En outre, elle a suggéré d’explorer des méthodes novatrices pour enseigner les deux langues officielles et d’en simplifier les règles, afin de favoriser leur diffusion au sein de la population. Enfin, elle a plaidé pour restreindre l’usage du français à l’éducation en tant que langue étrangère, tout en interdisant la rédaction de documents officiels dans cette langue.
The post Un Maroc multilingue, entre enjeux et défis appeared first on Hespress Français - Actualités du Maroc.