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Les enfants libanais vivent une « normalisation de l’horreur », ayant subi plus de 200 décès et 1.100 blessés au cours des deux derniers mois, a déploré le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF).
« Bien que plus de 200 enfants aient été tués au Liban en moins de deux mois, une tendance déconcertante s’est dégagée : ces morts se heurtent à l’inertie de ceux qui sont en mesure de mettre un terme à cette violence », a déclaré lors d’un point de presse à Genève, James Elder, porte-parole de l’UNICEF.
Pour mieux décrire cette « normalisation de l’horreur », l’agence onusienne s’est penchée sur le vécu des enfants durant les dix derniers jours. En moyenne, plus de trois enfants ont été tués quotidiennement au cours des deux derniers mois. De nombreux autres ont subi blessures et traumatismes.
Le 10 novembre, sept enfants d’une même famille élargie ont péri alors qu’ils cherchaient refuge au Mont-Liban après avoir fui la violence dans le sud, totalisant 27 victimes dans cette famille.
Le lundi suivant, deux enfants ont été tués avec leur mère, tandis que mardi voyait la mort de 13 enfants. Le mercredi a enregistré quatre décès supplémentaires d’enfants qui tentaient de fuir les conflits dans le sud. Trois enfants ont été tués jeudi et cinq le samedi. « Dimanche, deux jumelles de 4 ans ont été tuées », a dévoilé Elder.
Par ailleurs, les attaques ont touché les infrastructures dont dépendent les enfants. Les installations médicales sont attaquées et les travailleurs de la santé sont tués de plus en plus rapidement. Au 15 novembre, plus de 200 travailleurs du secteur de la santé avaient été tués et 300 blessés, selon le ministère libanais de la Santé publique.
En revanche, ce qui inquiète davantage l’UNICEF sont « les similitudes effrayantes » avec le conflit à Gaza, avec notamment « l’impact psychologique grave sur les enfants ». Les signes alarmants de troubles émotionnels sont de plus en plus évidents. « Et le parallèle le plus inquiétant avec Gaza : l’escalade du nombre d’enfants tués ne suscite aucune réaction significative de la part des personnes influentes », a regretté le porte-parole de l’agence.
Au Liban, de la même manière qu’à Gaza, l’intolérable se transforme tranquillement en acceptable. « Et l’effroyable glisse dans le domaine du prévisible », a précisé Elder. « Une fois de plus, les cris des enfants ne sont pas entendus, le silence du monde devient assourdissant et nous permettons à nouveau à l’inimaginable de devenir le paysage de l’enfance. Une nouvelle normalité horrible et inacceptable », a-t-il insisté.
En réponse à la crise humanitaire, l’UNICEF a distribué des milliers de couvertures, sacs de couchage, matelas, kits d’hygiène, ainsi que des repas et des installations sanitaires. L’agence a facilité la réouverture des écoles publiques et fourni un soutien psychosocial et médical, permettant l’accès à de l’eau potable pour 450.000 personnes.
Parallèlement, la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL) a signalé une intensification des tensions le long de la Ligne bleue, avec des échanges de tirs fréquents et des incursions israéliennes profondes dans le Liban. Les bombardements israéliens et les attaques du Hezbollah ont causé des destructions massives. Selon le ministère libanais de la Santé, depuis le début du conflit le 8 octobre, plus de 3.500 personnes ont été tuées et près de 15.000 blessées, la majorité des victimes étant survenues après l’escalade du 17 septembre.
« Le Chef de la Mission et commandant de la force de la FINUL, le général de corps d’armée Lazaro, continue de maintenir des canaux de communication ouverts avec les deux parties. Ses contacts quotidiens, ainsi que ceux des autres membres de la mission, sont axés sur la désescalade des tensions, la réaffirmation par les parties de la résolution 1701 du Conseil de sécurité de l’ONU et le retour à la cessation des hostilités », a déclaré depuis Beyrouth, Andrea Tenenti, porte-parole de la FINUL, lors d’un point de presse régulier de l’ONU à Genève.
Selon l’ONU, la situation des 10.000 soldats de la paix de la FINUL, provenant de près de 50 pays, reste inchangée depuis le 23 septembre, surveillant la zone d’opérations alors qu’ils ont subi 162 atteintes à leurs biens et personnel depuis le début des hostilités le 8 octobre, avec plus de 20 blessures mais sans danger de mort.
Près de 900.000 personnes ont été déplacées au Liban, dont 500.000 issues de la zone d’opérations de la FINUL. Parallèlement, plus de 540.000 réfugiés, principalement des Syriens, ont fui vers la Syrie depuis le 24 septembre. Le Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR) indique que 63% des arrivées sont des Syriens.
Pour sa part, l’UNESCO a renforcé la protection de 34 biens culturels libanais, dont les sites de Baalbek et Tyr, après une demande des autorités libanaises. Une session extraordinaire, tenue le 30 octobre à Paris, a abouti à l’inscription temporaire de ces sites sur la Liste internationale des biens culturels sous protection renforcée.
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