Au cours des deux dernières décennies, le Maroc a pris des mesures décisives pour se positionner comme un acteur clé en Afrique et dans le monde arabe, en menant une diplomatie active et proactive, en s’ouvrant stratégiquement à de nouveaux partenaires et en adoptant une politique de développement fondée sur l’investissement dans les infrastructures, les énergies propres et renouvelables,, la modernisation industrielle et l’éducation.
Le Royaume entend devenir une plateforme d’intégration continentale, un centre logistique et industriel, ainsi qu’un interlocuteur incontournable pour des continents aussi divers que l’Europe, l’Asie et l’Amérique latine.
Pour sa part, l’Uruguay a cultivé une politique étrangère marquée par la stabilité institutionnelle, le respect du droit international, le multilatéralisme et la promotion de la paix. Bien que de plus petite taille, le pays sud-américain a été reconnu pour sa vocation constructive et sa cohérence diplomatique, lui permettant de jouer un rôle pertinent au sein des enceintes multilatérales, régionales et internationales. L’Uruguay a d’ailleurs siégé comme membre non permanent du Conseil de sécurité pour la seconde fois au cours de la période 2016-2017.
Dans ce contexte, un rapprochement entre l’Uruguay et le Royaume Chérifien apparaît non seulement souhaitable, voire nécessaire, mais également, stratégiquement pertinent, voire incontournable. Les chiffres du commerce bilatéral en témoignent : au premier semestre 2025, les exportations uruguayennes vers le Maroc ont augmenté de 376 % par rapport à la même période de l’année précédente.
Cette progression reflète un intérêt mutuel qu’il convient de renforcer à travers des instruments institutionnels, diplomatiques et commerciaux. Le Maroc offre de réelles opportunités dans des secteurs tels que la logistique, l’agriculture, les énergies renouvelables, l’enseignement technique et le tourisme durable, autant de domaines à forte valeur ajoutée pour l’Uruguay.
La reconnaissance par l’Uruguay de l’autodéterminée République arabe sahraouie démocratique (RASD) en 2005, dans un contexte international lointain, avait naturellement été perçue par le Maroc comme un frein au plein développement des relations diplomatiques.
Toutefois, il est essentiel de saisir que la diplomatie moderne n’exige pas l’effacement des précédents historiques, mais leur intégration pragmatique dans un dialogue franc, respectueux et tourné vers la construction.
L’Uruguay peut maintenir son attachement au droit international tout en restant attentif à l’évolution du consensus global autour de la position marocaine pour son Sahara.
Le plan d’autonomie proposé par le Maroc a reçu le soutien d’acteurs majeurs tels que les États-Unis, la France et l’Espagne, et a été salué pour son sérieux et sa crédibilité par de nombreuses organisations multilatérales. L’Uruguay, petit pays en termes de population mais doté d’une longue tradition diplomatique, dispose de la capacité d’accompagner le débat international avec responsabilité et discernement, en réaffirmant ses principes tout en ouvrant des canaux de dialogues pragmatiques.
Sur le plan institutionnel, l’absence d’ambassades dans les capitales des deux pays est l’expression d’une relation pondérée, mais qui ne demanderait qu’à être exaltée.
En effet, l’établissement de représentations diplomatiques favoriserait assurément un rapprochement politique, culturel et commercial, et renforcerait la volonté des deux pays de bâtir des partenariats durables. Des initiatives telles que les chambres de commerce binationales, les accords de coopération universitaire et les programmes culturels conjoints seraient des leviers efficaces pour promouvoir une diplomatie de proximité, à fort impact économique et social.
Par ailleurs, la désignation du stade Centenario de Montevideo comme l’un des sites des matchs inauguraux de la Coupe du monde de football de 2030 et commémoratifs – à l’occasion du centenaire du premier Mondial qui a eu lieu en Uruguay – représente une occasion historique de consolider les nombreux partenariats mutuels, de positionner les deux pays sur la scène internationale et d’assoir une impulsion symbolique et concrète à la coopération bilatérale entre deux peuples que tout réuni.
Les deux pays partagent d’innombrables communs culturels puisant leurs sources dans la Méditerranée, et de nombreuses valeurs fondamentales telles que l’attachement au multilatéralisme, la vocation à la paix et la volonté de faire du dialogue un outil central de coopération. S’engager dans une relation bilatérale constructive, solide et tournée vers l’avenir sera un signe de vision stratégique.
Dans un monde traversé par des tensions géopolitiques, des rivalités croissantes et mouvantes, et des défis globaux, les relations extérieures doivent être cultivées avec audace, équilibre et réalisme.
L’Uruguay et le Maroc ont naturellement tout à gagner d’un processus de rapprochement soutenu, lucide et mutuellement respectueux.
Experte en Affaires internationales
Ancienne Consule de l’Uruguay à Paris
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