Avec la découverte prometteuse du gisement d’Amassine, le Maroc s’affirme comme un nouveau pilier de l’approvisionnement mondial en cobalt, en offrant une source stable, industrialisable et conforme aux exigences ESG, à un moment clé pour la transition énergétique.
Alors que la demande mondiale en véhicules électriques explose, la pression sur la chaîne d’approvisionnement en cobalt se fait de plus en plus intense. Longtemps dominé par la République démocratique du Congo (RDC), ce marché stratégique s’ouvre à de nouveaux horizons.
Parmi eux, le Maroc attire désormais une attention croissante, notamment depuis la percée géologique réalisée par la société Catalyst Mines dans l’Anti-Atlas. Une découverte qui, selon Tracy Hughes, directrice exécutive du Critical Minerals Institute (CMI), pourrait devenir un tournant majeur dans la géopolitique des batteries.
Un gisement prometteur dans le Siroua
À une centaine de kilomètres au sud-ouest de la mine historique de Bou Azzer, dans les collines escarpées du massif du Siroua, des échantillons de tranchées à ciel ouvert ont révélé des teneurs élevées en cobalt, en nickel et en chrome. Les premières estimations évoquent un potentiel de plus de 600 millions de tonnes de roche minéralisée, ce qui représenterait une valeur dépassant les 60 milliards de dollars.
Contrairement à Bou Azzer, connue pour ses veines étroites, le projet Amassine se distingue par une minéralisation massive en surface, favorable à une exploitation à ciel ouvert, moins coûteuse et plus évolutive.
Un projet structurant porté par un écosystème national en pleine mutation
Le Maroc ne se contente pas de découvrir des ressources. Il investit aussi dans leur transformation. Un projet de raffinerie de cobalt-sulfate, mené par Managem près de Marrakech, prévoit de produire jusqu’à 6.000 tonnes par an de cobalt de qualité batterie dès 2025. Cette infrastructure pourrait devenir le débouché naturel du gisement d’Amassine, évitant ainsi une dépendance aux circuits logistiques lointains et incertains.
Le pays bénéficie en outre d’accords de libre-échange avec les États-Unis et l’Union européenne, ce qui renforce son attractivité pour les industriels occidentaux en quête de chaînes d’approvisionnement sécurisées, traçables et respectueuses des normes ESG(Environnementales, Sociales et de Gouvernance).
Un enjeu de souveraineté pour l’Occident, un levier de développement pour le Maroc
Face à l’hégémonie congolaise et à la montée en puissance de l’Indonésie — deux fournisseurs aujourd’hui incontournables mais jugés à risque par de nombreux acteurs —, le Maroc offre une alternative crédible. « Une offre marocaine évolutive et à faible empreinte carbone pourrait ancrer une chaîne de valeur conforme aux exigences ESG des fabricants occidentaux », souligne Tracy Hughes. Le projet séduit déjà des groupes chinois comme COBCO, qui s’allient à des acteurs marocains pour construire des raffineries nickel-cobalt, tandis que d’autres consortiums explorent de nouveaux permis en collaboration avec le holding royal Al Mada.
Un développement local à fort impact social
Le potentiel d’Amassine dépasse le seul aspect industriel. Située dans une zone où le chômage rural reste élevé, l’exploitation du gisement pourrait financer routes, dispensaires et centres de formation. À l’image de Bou Azzer, qui fait vivre des familles depuis trois générations, les autorités estiment qu’Amassine peut devenir un nouveau pôle de développement humain, à condition de respecter les normes sociales et environnementales marocaines.
Il est à noter que si le projet d’Amassine confirme son potentiel, le Maroc pourrait doubler sa production de cobalt et intégrer le top 5 mondial. Dans un monde où les États-Unis et l’Europe cherchent activement des fournisseurs « alliés », la chaîne de valeur cobalt pourrait bien trouver une nouvelle capitale sur les hauteurs du Siroua.
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